La planche à billets ne s’arrête jamais : dans les pays de l’OCDE, le bilan des banques centrales est passé de l’équivalent de 10% du PIB en 2008 à plus de 30% aujourd’hui, soit un triplement en dix ans. La Fed a stoppé la réduction de son bilan et compte lancer un nouveau quantitative easing, tout comme la BCE, tandis que la BoJ n’a jamais arrêté le sien.
Dans le passé, l’excès de création monétaire débouchait sur l’inflation, ce n’est manifestement plus le cas. Mais attention, cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de conséquence négative, et celle-ci pourrait se manifester sous la forme d’une "fuite devant la monnaie" : les investisseurs et les épargnants se débarrassent de leurs liquidités pour acquérir des biens "réels", c’est-à-dire concrets et ayant une valeur intrinsèque, leur permettant de conserver de la valeur dans un contexte de défiance envers la monnaie et de risque de faillites bancaires.
Selon le service des études de la Banque Natixis, "on observe aujourd’hui dans les pays de l’OCDE quelques signes qui pourraient révéler un début de fuite devant la monnaie : hausse des prix de l’immobilier, des actions non cotées, de l’or, du bitcoin." Ainsi, "La limite n’est plus l’inflation, c’est la confiance dans la monnaie."
Les épargnants-investisseurs se reportent ainsi sur l’immobilier (le prix des maisons dans les pays de l’OCDE se remet à augmenter à partir de 2013), les actions cotées (les indices boursiers grimpent sans discontinuer depuis 2008), les actions non cotées (les multiples de valorisation des opérations de private equity progressent). L’étude signale aussi les actifs "refuge" que sont l’or et autres métaux précieux, et les cryptomonnaies, même si la forte volatilité du bitcoin n’en fait certes pas un actif de tout repos.
Pour notre part, nous rajouterons les matières premières (pour les nations et les investisseurs institutionnels) qui pourraient également cristalliser cette défiance, et aussi le marché de l’art, les voitures de collection, dont les prix progressent régulièrement. Il ne faut cependant pas mettre tous ces actifs au même niveau étant donné que l’immobilier et les actions se trouvent déjà dans un contexte bullaire, leur marge de progression étant ainsi limitée, ce qui n’est pas le cas de l’or physique, ou à un degré nettement moindre. On voit donc clairement vers où doit se tourner l’épargnant.
Pour Natixis l’heure est grave : "Le fait qu’on observe aujourd’hui des hausses des prix de l’immobilier, des actions cotées et non cotées, de l’or, du bitcoin…, montre que peut-être, dans les pays de l’OCDE, on s’approche de cette zone où il y a perte de confiance dans la monnaie." En conséquence, il ne faut plus trop tarder à se tourner vers l’or.
Et puis précisons que l’inflation, nous y aurons droit de toute façon, et que ce sera la conséquence de la fuite devant la monnaie, qui fera grimper les cours des matières premières, et donc les produits de consommation (alimentation, énergie). Une apparition de l’inflation qui, en outre, fera monter les taux d’intérêt et s’effondrer le marché obligataire. Dans ce scénario, il ne faut surtout pas être en retard d’un train…
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