Jusqu’à présent, l’Union européenne était régulièrement brocardée pour sa bureaucratie tatillonne : une volonté de tout réglementer, quitte à étouffer les secteurs technologiques émergents — hier Internet, aujourd’hui les cryptomonnaies et l’IA — ou à imposer des contraintes excessives aux industries existantes comme l’interdiction des moteurs thermiques d’ici 2035 et l’obligation de déployer massivement des énergies intermittentes.
Certes, il subsistait encore l’idée d’une "Europe puissance", fondée sur le postulat qu’à 27, l’union ferait la force. Mais ce mythe s’est effondré avec l’accord commercial piteux et totalement déséquilibré conclu entre Ursula von der Leyen et Donald Trump : droits de douane, achats de gaz naturel liquéfié, investissements… tout va dans un seul sens.
Ce n’est pas seulement le projet européen qui est touché en plein cœur, c’est l’avenir même du continent européen qui s’assombrit d’un coup, sous la menace d’un grand déclassement économique.
Il devient criant que l’Europe est largement distancée, à la fois par les États-Unis et par la Chine. Face à ces deux puissances, son pouvoir de négociation s’avère extrêmement limité, comme le souligne Patrick Artus, et ce pour plusieurs raisons : dépendance au marché américain, aux géants du numérique et aux importations de GNL (depuis les sanctions contre la Russie) ; mais aussi dépendance au marché chinois, aux importations de métaux rares et de batteries électriques. L’UE n’a tout simplement pas les moyens d’engager une guerre commerciale contre l’un ou l’autre. Elle n’a d’autre choix que de se soumettre.
Cette défaite en rase campagne sur le plan commercial révèle un déclin global. Car rien ne va plus non plus du côté de la démographie (taux de fécondité inférieur à 2), de la productivité du travail (en stagnation depuis 2017), de l’innovation (R&D et technologies en retard), de l’industrie (en recul constant), sans oublier une dépendance aux matières premières comme aux technologies de pointe, et une perte généralisée des compétences. Pour le journaliste économique François Lenglet, "l’Europe entame son ‘siècle de l’humiliation’ comme la Chine en 1842, après la guerre de l’opium." À la différence près que les Chinois, eux, s’étaient battus avant de signer l’accord.
Faute d'un réveil des peuples européens, les perspectives sont sombres, très sombres.
En attendant une hypothétique réaction, que faire au niveau individuel, celui de l’épargnant ?
Signalons cette étude intéressante de Patrick Artus, qui pose la question : Quels sont les devises refuge et actifs refuge ? Son analyse s’étend de la bulle Internet des années 2000 jusqu’à la guerre Israël-Iran, en passant par la guerre du Golfe, l’Ukraine, les subprimes, le Covid… La réponse est claire : "Les devises ou les actifs dont les prix montent assez systématiquement lors des crises ou des guerres sont : le franc suisse et l’or. Le dollar n’est pas systématiquement une devise refuge."
Une confirmation supplémentaire, s’il en fallait une, qu’il faut placer une partie de son épargne dans le métal jaune.
Pour le reste, chacun doit travailler au retour d’une Europe qui puisse prendre son destin en main.
Le chemin sera long et difficile…
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