Vous ne savez peut-être pas encore ce qu’est la “grande transmission”, mais sachez qu’elle fait rêver la caste au pouvoir, soucieuse de préserver ses revenus, ses privilèges et ses combines, sans jamais s’attaquer à la réduction des dépenses publiques.
La "grande transmission" représente l’ensemble du patrimoine qui passera de la génération des boomers – les Français nés du baby-boom, entre 1945 et 1965 – à celle de leurs enfants au fur et à mesure de leur disparition. Un montant estimé à 9 000 milliards d’euros ! Soit plus de deux fois la dette publique : inutile de se fatiguer à faire des économies, on a trouvé un magot.
C’est ce qu’explique doctement ce rapport de la Fondation Jean Jaurès, datant de novembre 2024, mais qui connaît un subit regain d’intérêt. Il faut dire qu’avec le gouvernement Lecornu, le Parti socialiste – de qui dépend le succès ou l’échec d’une censure – a acquis un vrai pouvoir sur la politique budgétaire. Le report de la réforme des retraites, défendue contre vents et marées par Macron en 2023, démontre l’étendue de son influence. Il faut donc lire avec intérêt ce rapport d’un think thank considéré comme très proche de la formation politique, ses préconisations pourraient bientôt entrer en vigueur…
Ce magot, il faut allègrement puiser dedans, nous explique la Fondation Jean Jaurès, car il aurait l’immense défaut de reproduire les inégalités – un tort impardonnable, sauf évidememnt quand il concerne l’élite dirigeante. Ainsi, "la grande transmission présente un caractère extrêmement inégalitaire, dans la mesure où 10% des ménages détiennent aujourd’hui 55% du patrimoine total des Français. Si nous ne faisons rien, elle risque de rétablir une société dans laquelle la fortune héritée surdétermine la position sociale des individus, une société dans laquelle le poids des dynasties patrimoniales l’emporte sur les résultats de l’effort et du travail."
Cependant le rapport publie un graphique qui, en réalité, va à l’encontre de son raisonnement :

Très intéressant : la situation actuelle n’a rien d’extraordinaire, elle marque simplement un retour à la normale après les ravages des deux guerres mondiales. Nous retrouvons (en % du PIB) le niveau de la Restauration, du Second Empire (la guerre perdue de 1870 n’a aucun impact !), du début de la Troisième République, un XIXe siècle exceptionnel pour sa croissance économique. Ensuite c’est la Première Guerre mondiale, l’abandon du franc or, l’effondrement… Il faut attendre les Trente Glorieuses pour remonter la pente.
Depuis 2000, ce n’est plus la croissance économique qui porte les patrimoines mais la bulle immobilière, elle-même favorisée par l’expansion monétaire, la planche à billets de la BCE. Une fortune bien fragile – nous en avons parlé dans l'article "L’immobilier en France, une richesse en apesanteur" – mais cela les rédacteurs n’en sont absolument pas conscients.
Bref, il faut taxer nous dit le rapport, qui préconise :
"La mise en place de l’impôt sur les grandes successions (IGS) reposerait sur trois piliers interdépendants :
- Pilier 1 : une refonte de l’assiette des droits de succession et l’instauration d’un barème plus progressif (50% au-dessus de 6 millions) ;
- Pilier 2 : une application du prélèvement forfaitaire unique (PFU) sur les plus-values latentes pour les transmissions du top 1% ;
- Pilier 3 : une modernisation afin de faciliter les transmissions au cours de la vie."
Le produit additionnel de l’IGS est estimé à 400 milliards d’euros sur la période 2025-2040, ce qui permettrait de doubler le rendement de l’actuel impôt sur les successions, pour investir "dans l’avenir collectif de notre pays autour de trois priorités : la transition écologique, la recherche et l’éducation". Mais oui, c’est formidable. Pas d’inquiétude selon les rédacteurs : "Ce pacte de la Nation avec elle-même, que nous proposons, préserverait les transmissions pour 99% des Français, mais mettrait davantage à contribution les très grandes transmissions du top 1%."
L’IGS, ce nouvel impôt, ne toucherait que les "ultra-riches", le fameux 1%. On nous refait le coup de la taxe Zucman, qui concernerait uniquement les milliardaires, sauf qu'à la fin, c’est la classe moyenne qui paye. On connaît la chanson. Le pacte Dutreil serait réservé aux TPE, PME et ETI. Exit les grandes entreprises. Bernard Arnault paiera, les aristocrates on les aura ! Avec la taxe sur les plus-values latentes, on imagine la dévastation du tissu économique et la fuite des capitaux et des entrepreneurs qui en résulterait…
Un projet délirant mais qu’il faut garder à l’esprit car le PS, et d’autres, feront tout pour le faire passer.
Nous sommes prévenus.
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