Cette semaine est l’une des plus intenses de l’année en termes d’actualité économique.

Les chiffres de l’inflation aux États-Unis ont été publiés mardi : l'indice des prix à la consommation (CPI) est ressorti à +7.1%. Cela reste un chiffre important, même si la baisse est notable par rapport au mois dernier. L’inflation semble désormais être un problème qui concerne davantage l’Europe et le Japon, certains observateurs s’attendant même à un reflux net aux États-Unis. Pour affirmer cela, ils se basent sur un graphique devenu viral depuis quelques semaines, qui juxtapose les variations du CPI et de la masse monétaire M2 à 16 mois d’écart :

 

 

Selon eux, l’expansion de la masse monétaire aurait été en grande partie responsable de la hausse de l’inflation :

 

 

La contraction de cette masse monétaire permettrait d’obtenir une baisse rapide de l’inflation, qui reviendrait en quelques mois aux niveaux observés avant la crise du Covid-19. Est-ce aussi simple ? Pas pour les économistes de la Fed…

Ces derniers ont complètement loupé leurs prévisions sur la hausse de l’inflation en 2021. Ils sont désormais beaucoup plus mesurés sur leurs prédictions de fin d'inflation (aux États-Unis) en 2023.

Mercredi, la Fed a augmenté une nouvelle fois son taux de 50 points de base (0,5 point de pourcentage). Une décision attendue par les marchés qui prévoient désormais un arrêt net dans cette série ultra-rapide de relèvements de taux.

Jeudi, les chiffres du chômage américain seront très scrutés pour anticiper le prochain mouvement de la Fed.

Enfin, vendredi, les chiffres du PMI nous donneront une meilleure idée du ralentissement économique en cours aux États-Unis.

L’actualité cette semaine est également dominée par un nouveau run sur une plateforme d’échange de cryptomonnaies. Binance a enregistré ce mardi un record de retraits de BTC ; près de 40 000 Bitcoins ont quitté la plateforme en 24 heures :

 

 

En trois jours, c’est l’équivalent de près de 3 milliards $ qui ont été retirés de Binance !

L’autre évènement majeur passé relativement inaperçu est la signature d’un nouvel accord de coopération entre la Chine et l’Arabie Saoudite, conclu lors de la visite officielle du président chinois Xi Jinping. À cette occasion, un sommet plus large a eu lieu avec les pays de la Ligue arabe, durant lequel le président Chinois a promis de continuer d'importer de grandes quantités de pétrole de la région et d'augmenter ses importations de gaz naturel liquéfié.

Cette annonce se déroule juste après la signature entre le Qatar et la Chine de l'un des plus grands accords de Gaz Naturel Liquéfié de l'histoire de l'industrie. Avec cet accord, le Qatar fournira 4 millions de tonnes par an de GNL à la Chine à partir de 2026, pendant 27 ans.

 

 

L’Europe, qui n'est pas parvenue à signer ce type d’accord, est justement confrontée à un scandale de corruption au plus haut niveau impliquant le pays du Golfe : des arrestations ont eu lieu à Bruxelles dans le cadre d'une enquête sur des soupçons de corruption par le Qatar au sein du Parlement Européen. Des sacs d'argent ont été retrouvés au domicile d'Eva Kaili, vice-présidente du Parlement.

Dans ce contexte, la Chine en profite logiquement pour avancer plus vite dans cette course à la sécurisation des ressources énergétiques.

Mais l’évènement principal de ce sommet en Arabie Saoudite est l’appel de la Chine à utiliser le yuan dans le règlement des transactions pétrolières et gazières. Cette incitation à l’abandon du dollar dans les échanges entre la Chine et les pays du Moyen-Orient est un évènement géopolitique majeur, passé relativement inaperçu, mais qui pourrait bousculer le rôle du billet vert dans les échanges internationaux.

Si cela devait se produire, une telle décision affaiblirait l'emprise du dollar américain sur le commerce international, tout en aidant simultanément la Chine à imposer sa monnaie à l'échelle mondiale.

L’analyste Luke Gromen avance une théorie très intéressante au sujet de cette nouvelle forme d’échanges mis en place entre les Chinois et les pays arabes.

 

 

Les ventes de pétrole et de gaz en renminbi permettraient à ces pays d’acquérir directement en monnaie locale les biens et services chinois dont ils ont besoin pour leurs propres économies. Les surplus en yuan seraient utilisés pour acheter de l’or, garantissant ainsi leurs achats contre une dépréciation de la monnaie chinoise. Cet or serait fourni aux pays arabes via la plateforme de trading d’or de Shanghai, ouverte depuis 2014 au négoce international.

La Chine n’a cessé d’accumuler de l’or ces dernières années, et les achats ont même repris officiellement le mois dernier :

 

 

L’accumulation de réserves d'or permet aujourd’hui au pays de rassurer ses partenaires commerciaux sur la garantie offerte dans le cadre des transactions envisagées en yuan.

Reste à voir comment les pays du Moyen-Orient réagiront à cette proposition.

Une dédollarisation des échanges avec la deuxième puissance mondiale menacerait l’équilibre fragile de leurs relations avec les États-Unis.

Le dollar se rapproche d’un support majeur de consolidation :

 

 

L’or en yuan est clairement en cassure, le triangle de consolidation entamé en 2020 est résolu par le haut en cette fin 2023 :

 

 

La vigueur de l’or en yuan s’accompagne d’un redémarrage des exportations chinoises, après la décision des autorités d'alléger les mesures de confinement liées à la nouvelle flambée des cas de Covid-19 dans le pays.

Dans ce contexte, les stratégies baissières sur certains métaux se révèlent désastreuses cette année.

Dans mon bulletin du 14 septembre, j’écrivais qu’on observait à la fin de l’été un record de "shorts" sur l’ETF PSLV de Sprott : les investisseurs pariaient sur un repli prolongé des cours de l’argent en se basant sur les risques de forte correction des marchés. J’ajoutais : “Les consignes de vente des produits dérivés sur l’argent prodigués par de nombreux analystes au mois d’août (TD securities avait même donné un objectif de cours à 17$) ont porté leurs fruits : les positions vendeuses sont au plus haut, sur les futures et sur les ETFs.

Ces positions vendeuses sur le marché papier coïncident avec une tension sur les ressources physiques du métal. Le raid sur l’argent continue de plus belle. En ce début de semaine, le COMEX a vu une quantité record de métal retiré de ses coffres : plus de 2 millions d’once en un seul jour !

Cette semaine, nous apprenons que la hausse récente des cours de l’argent a conduit TD securities à fermer ses positions shorts sur le métal. La firme de gestion n’exclut pas une autre consolidation en 2023, mais elle dû néanmoins fermer en toute urgence ses positions car ses stops ont été dépassés dans le puissant rebond récent du prix des futures.

La volatilité des cours des métaux a été très forte en 2022, et rien n’indique qu'elle aille en décroissant, dans un contexte de tensions sur l’approvisionnement de ces métaux.

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