Le 1er mai, la Réserve fédérale a publié un manuel de comptabilité financière destiné aux banques régionales du Système de la Fed — disponible en téléchargement ici.

Dès la page 7, on remarque que la toute première ligne fait référence au Compte des certificats d’or :

 

Comme certificats or

 

"Le Secrétaire au Trésor est autorisé à émettre des certificats d’or aux banques de réserve afin de monétiser l’or détenu par le Département du Trésor des États-Unis. À tout moment, le Trésor peut racheter ces certificats d’or en démonétisant l’or.

Le Trésor détient un compte auprès du Conseil des gouverneurs intitulé "Fonds de certificats d’or – Conseil des gouverneurs du système de la Réserve fédérale ". Lorsqu’il monétise de l’or, le Trésor crédite ce compte en échange d’un crédit de dépôt auprès de la Banque fédérale de réserve de New York (FRBNY). En cas de démonétisation, le Trésor réduit le solde de ce compte et autorise la FRBNY à débiter son compte de dépôt. Dans chaque cas, l’écriture de compensation est enregistrée dans les livres de la FRBNY, à la fois sur le compte des certificats d’or et sur le compte général du Trésor américain. Le service comptable de la FRBNY transmet un avis de ces écritures au Conseil des gouverneurs. Par ailleurs, chaque fois que le cours officiel de l’or est modifié, le Trésor ajuste le compte et, simultanément, le compte de dépôt."

Dans les livres de la Réserve fédérale, l’once d’or est toujours comptabilisée à 42,22 $. Pourtant, cette valeur pourrait être revalorisée par une simple écriture comptable, en l’alignant sur le cours actuel de l’or à Londres, au COMEX, ou même sur une valeur arbitrairement fixée par le Président des États-Unis, comme le permet le Gold Reserve Act du 30 janvier 1934. À l’époque, le président Franklin D. Roosevelt avait d’ailleurs usé de ce pouvoir pour relever le cours légal de l’or de 20,67 $ à 35 $ l’once, juste après l’adoption de cette loi.

Un tel ajustement comptable permettrait, instantanément, de réévaluer les réserves d’or du Trésor américain, contribuant ainsi à rééquilibrer partiellement la dette fédérale.

Aujourd’hui, les 260 millions d’onces d’or supposément détenues par le Trésor américain sont comptabilisées pour seulement 11 milliards $. Si elles étaient réévaluées au cours actuel de l’or, leur valeur atteindrait environ 936 milliards $ — ce qui reste modeste face aux 37 000 milliards $ de dettes.

Certains analystes vont plus loin et envisagent une réévaluation de l’or dans les comptes de la Fed à un niveau d’au moins 20 000 $ l’once.

Le 1er août 2025, un article signé Colin Weiss, économiste principal au Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale, a été publié sur le site officiel de la Fed. Il y analyse les précédents historiques de réévaluation des réserves officielles d’or.

La valeur scripturale future de l’or dans les livres du Trésor américain devrait, en théorie, rester aussi symbolique et virtuelle que les 42,22 $ actuellement inscrits. Pourtant, il est fort probable qu’il n’en soit rien.

D’une manière ou d’une autre, les marchés pourraient être amenés à s’aligner sur le prix décrété par le Président, déclenchant ainsi le "Reset" évoqué par Christine Lagarde à Davos en 2014. Cette même année, le 23 décembre 2014, une nouvelle règle de trading sur les métaux précieux, la règle 589, a été mise en place.

Dans un marché où la demande dépasse l’offre (où il n’y a que des acheteurs et aucun vendeur), le prix de l’or peut grimper jusqu’à 400 $ par jour, et celui de l’argent jusqu’à 12 $. En l’absence d’entente entre les banques sur le prix de vente, au bout d’une dizaine de minutes, le marché est fermé sans fixing jusqu’au lendemain. Sans fixing officiel, aucune transaction ne peut avoir lieu — ni à l’achat, ni à la vente.

Si le Président Trump venait à activer le Gold Reserve Act, une revalorisation mondiale du prix de l’or profiterait à toutes les nations surendettées mais détenant d’importantes réserves d’or. Or, nous assistons depuis plusieurs semaines à une crise obligataire aiguë, non seulement aux États-Unis, mais aussi au Japon, en Angleterre et en France. Tout porte à croire que le système monétaire et financier mondial est au bord de l’implosion.

La dernière rencontre entre Donald Trump, le Français Macron, l’Allemand Merz, l’Anglais Starmer et l’Italienne Meloni n’était-elle pas l’occasion de traiter cette urgence absolue et d’accélérer le calendrier de la Maison Blanche ?

Une dévaluation monétaire concertée

Cette hausse du prix de l’or ne serait, en réalité, que le résultat d’une dévaluation monétaire concertée de l’ensemble des monnaies fiduciaires, opérée simultanément.

Si l’on considère ce scénario comme acquis, une question majeure se pose : quelles pourraient en être les conséquences pour la population dans son ensemble ?

Cela entraînera-t-il une hausse généralisée des matières premières, suivie, au bout de quelques mois, d’une forte érosion du pouvoir d’achat des citoyens ?

Faut-il redouter, dans ce contexte, l’émergence de graves troubles sociaux ?

Les marchés boursiers concernés vont-ils connaître le "Syndrome de Caracas" — une envolée des actions en réaction à la dévaluation monétaire — ou, au contraire, vont-ils s’effondrer sous l’effet conjugué de la chute de la consommation et de l’aggravation de la récession économique ?

Les BRICS+

Depuis au moins 2009, les BRICS se préparent activement afin de ne pas être entraînés dans le chaos d’un éventuel effondrement du système monétaire du G7.

En développant leurs propres alternatives à SWIFT, permettant aux banques de contourner le système du dollar, en créant leur Nouvelle Banque de Développement pour se substituer à la Banque mondiale, en réduisant progressivement leur exposition à la dette américaine, et en investissant massivement dans l’or et les métaux précieux, les BRICS ont mis en place une série de pare-feux pour se protéger des chocs systémiques à venir.

Dès août 2009, la Chine a commencé à encourager sa population à investir dans l’or et l’argent, modifiant progressivement les règles du Shanghai Gold Exchange (SGE) ainsi que celles des banques, afin de faciliter l’accès aux métaux précieux pour le plus grand nombre.

Dans le cadre d’une réévaluation de l’or, les citoyens chinois pourraient bien figurer parmi les grands gagnants. Le SGE semble d’ailleurs être devenu un acteur incontournable du marché mondial de l’or.

Le mardi 2 septembre, le Shanghai Gold Exchange a tiré les prix vers le haut, et Londres ainsi que New York se sont alignés sur le cours fixé à Shanghai — une première historique.

La Chine ne prépare-t-elle pas, depuis plusieurs années déjà, le retour à un étalon-or ?

 

Un retour à l'étalon-or en Chine ?

 

L’étalon-or, pour fonctionner, nécessiterait un prix de l’or bien plus élevé qu’aujourd’hui.

Donald Trump va-t-il, volontairement ou non, aider la Chine et la Russie à refonder le système monétaire international ?

Réponse dans quelques semaines… ou quelques mois tout au plus.

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