Le 2 mars dernier, j’ai publié un article intitulé "Le reset à marche forcée".
Vous pouvez le relire de A à Z. Le pétrole s’est bien effondré au plus bas, comme annoncé. Les indices américains ont chuté là où je les attendais, dans un timing parfait. Le monde économique s’est tellement bien arrêté que les États-Unis ont vu leur PIB perdre 53% et qu'un quart de la population active est au chômage. Les rentrées fiscales du Trésor américain ont été à leur étiage depuis cette date et, sans création monétaire, les États-Unis ne pourraient pas honorer leurs dettes.
Le système financier est cassé
Souvenez vous de la crise de liquidités sur le marché REPO. Le 16 septembre 2019, la Fed avait dû injecter 200 Md$.
Trois mois plus tard, pour éviter la crise annoncée pour la Saint-Sylvestre, la Réserve fédérale américaine avait dégagé 500 Md$ de liquidités.
Trois mois plus tard, mi-mars, en pleine déroute boursière, la Fed injectait 1 000 Md$ sur le marché REPO alors même que le Congrès votait le Cares Act pour injecter plus de 2 000 Md$ dans l’économie.
Trois mois plus tard, ce jeudi 15 juin, des fuites de la Maison Blanche annonçait un nouveau stimulus de 1 000 Md$ pour les infrastructures.
Étant donné la progression géométrique des besoins de trésorerie lors de ces crises trimestrielles, jusqu’où va aller cette création monétaire ?
La Réserve Fédérale a créé 3 000 Md$ ex nihilo, rachetant les dettes des entreprises pour éviter les faillites en chaîne et les bons du Trésor pour que les administrations continuent de fonctionner. Le bilan de la Fed est passé de 4 000 Md$ à plus de 7 000 Md$ en seulement 3 mois. Il dépassera probablement les 9 000 Md$ à la fin de l’année.
Cette création monétaire des banques centrales va mener à une très forte érosion du pouvoir d’achat de la monnaie. Cela se reflètera dans le prix de l’or et de l’argent au cours des prochains mois.
Dans "Le reset à marche forcée", je répète (volontairement) à plusieurs reprises un message, souvenir d'une confidence faite par un initié il y a quelques années :
"Un jour, vous verrez toutes les valeurs s’effondrer sur tous les marchés. Cette forte jambe de chute sera suivie par un rallye haussier, un retracement technique, avant que les Bourses rechutent de nouveau. Seules deux valeurs continueront à monter : l’or et l’argent. Ce jour-là, il ne faudra avoir que de l’or et de l’argent physique."
L’effondrement des Bourses a bien eu lieu. Il a été suivi par un rallye haussier de 3 mois.
Le pétrole, en surproduction alors que la demande mondiale est toujours à son étiage, semble vouloir entamer une nouvelle jambe de baisse, qui devrait entraîner les Bourses dans son sillage lors des prochaines semaines.
La scénario ci-dessus devrait bientôt se réaliser. Avant la fin de l’été, l’or dépassera ses sommets historiques dans toutes les monnaies et l’argent aura commencé un rallye haussier mémorable, qui durera plusieurs années.
La saisonnalité de l'argent vient appuyer cette thèse.
Après avoir pris appui sur la Moyenne Mobile des 30 dernières années en mars, tout en faisant un pull-back sur la résistance issue du sommet de 2011, l'argent monte dans un canal, entre support et résistance, vers le niveau des 18,50-19 $ âprement défendu depuis 2015.
Si le support actuel tient, cette grosse résistance devrait être attaquée vers le 10 juillet prochain.
La grande réinitialisation
Le 3 juin 2020, au Forum Economique Mondial, Kristalina Georgieva, l’actuelle directrice du FMI, a donné une conférence intitulée "The Great Reset" (La grande réinitialisation). Dans son discours, elle fait référence à la conférence de Bretton Woods, qui avait fixé les règles monétaires des décennies suivantes, et déclare que cette épidémie est une opportunité pour changer le monde.
Klaus Schwab, le président fondateur du WEF, a même précisé que cette pandémie offrait une "fenêtre rare mais étroite" pour réimaginer et réinitialiser notre monde. "Étroite" signifie que le temps de cette opportunité est compté et qu’il faut y aller sans tergiverser.
Souvenez-vous qu’en mars 2009, la Chine a indiqué les changements qu’elle voulait voir dans le système monétaire international. Le document, en ligne ici, préconisait le Bancor de Keynes.
Dans ce système, les nations doivent échanger équitablement. Chacune d’elles doit donc créer de la richesse et avoir des industries compétitives, pour vendre des produits à l’étranger.
Le duo Trump-Xi Jinping vient d'en faire la grande démonstration. Ils ont mis en lumière que l’industrie américaine ne peut pas produire sans les pièces détachées venant de Chine. Les chaînes de production, au chômage technique, s’arrêtent. Quant à la distribution, une fois les stocks tampons épuisés, les linéaires se vident, car la majorité des produits de consommation sont fabriqués en Asie. Cette dépendance des États-Unis explique le déséquilibre permanent de la balance commerciale sino-américaine. Cela ne sera plus possible dès que le Bancor ou son équivalent sera en place.
Trump a d’abord bataillé contre les géants de Wall Street pour qu’ils rapatrient leurs trésorerie et maintenant, il les pousse à relocaliser leurs usines. Il se passe la même chose en Europe.
La plus grande usine de masques d’Europe était en Bretagne. L’État français n’ayant pas tenu ses engagements, elle a été démantelée en septembre 2018. Un beau fiasco, plein d’enseignements.
L’autre partie importante du système du Bancor est qu’une autorité supranationale aura en charge de surveiller les balances commerciales des nations. Si un pays exporte trop, c’est que sa monnaie est sous-évaluée. À l’inverse, un pays dont la balance commerciale est déficitaire montre que sa monnaie est sur-évaluée. La parité Yuan/USD devrait donc connaître un très fort ajustement, avec une dévalorisation du dollar et une hausse du yuan.
La Chine s’y prépare depuis 12 ans, d’une part en développant son marché intérieur et d’autre part, en montant en gamme la qualité de ses produits.
La Quatrième Révolution Industrielle
Le "reset" va amener tous les pays développés à se réindustrialiser, avec des usines plus modernes, robotisées à l’extrême. L’Intelligence Artificielle va, chaque fois que ce sera possible, remplacer l’humain. La population active, pour ne pas se retrouver au chômage, va devoir se former et s’adapter. Cette révolution a déjà commencé, mais elle va se généraliser en s'accélérant. C’est une opportunité pour chacun d’entre nous, à condition de rester souple, adaptable et de regarder loin devant.
La monnaie de demain devrait être numérique et issue de la Blockchain, c’est-à-dire que les unités monétaires garderont la mémoire de toutes les transactions antérieures. Aujourd’hui, ce concept pose encore des problèmes, car si les citoyens choisissent la crypto-monnaie, ils n’auront plus besoin de laisser de la trésorerie sur leur compte en banque. Cela pourrait générer un bank-run et mettre les banques en faillite.
Les banques devront d'abord se réinventer. Cette révolution va devoir attendre avant d’être adaptée au grand public. (Source)
Par contre, rien n’interdit d'appliquer cette technologie monétaire dans les échanges entre banques centrales. La monnaie des échanges internationaux pourrait être une forme de e-DTS, dont la valeur sera définie par un panier de monnaies régionales et nationales, et très probablement par l’or. Aujourd’hui encore, le rôle du FMI est limité par les États-Unis, qui refusent de voir le DTS se substituer au dollar (source). Cette grande réinitialisation là se fera peut-être sans les États-Unis, en profitant d’une période de grande faiblesse de leur économie et de désordres sociaux dans les grandes villes américaines.
Cette conjoncture exceptionnelle pourrait expliquer "la fenêtre rare et étroite" évoquée par Klaus Schwab à Davos.
Tout semble indiquer que l’expérience de la monnaie unique européenne touche à sa fin. Les pays du Nord de l’Europe pourrait adopter une monnaie commune autour du Deutsch Mark, alors que les pays du Sud reviendraient à leurs anciennes monnaies, ce qui leur permettraient d’avoir une politique monétaire plus souple. Cela veut dire qu’ils pourront dévaluer, chaque fois que cela leur semblera nécessaire, pour relancer l’économie nationale.
À court terme, la crise économique, déclenchée par la mise en quarantaine de l’industrie chinoise et amplifiée par le confinement généralisé des populations, a aggravé la situation financière de tous les pays développés, obligeant les Banques centrales à imprimer des quantités phénoménales de monnaie. La valeur de l’or devrait donc s’ajuster en conséquence au cours des prochains mois. Avec le dernier stimulus de 1 000 Md$ annoncé lundi 16 juin, qui vient s’ajouter aux 3 000 Md$ injectés en mars, le cours de l’or en dollars est très en retard sur son cours théorique.
Le graphique de l’or semble indiquer que la résistance actuelle à 1 750 $ pourrait céder au mois d’août, pour aller marquer de nouveaux plus hauts historiques.
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