Le voile se déchire, le krach de la bourse de Shanghai révèle ce que les marchés financiers mondiaux ne voulaient pas admettre : la croissance chinoise s’est envolée. Chacun cherchait à se convaincre que le chiffre officiel de 7% était vrai, qu’on pouvait s’y accrocher, qu’il allait tirer l’économie mondiale… Cette croyance s’est écroulée le lundi 24 août. Non, la croissance chinoise, si l’on observe des données physiques comme le fret ferroviaire ou la consommation d’électricité, se situe plutôt à 2 ou 3% seulement. Adieu les espoirs de reprise !

Les responsables économiques et politiques s’inquiètent d’une éventuelle transmission de ce ralentissement chinois à leurs pays : erreur, c’est déjà fait ! L’Europe et le Japon n’ont pas attendu le krach de Shanghai pour afficher une croissance nulle, ni les pays émergents pour entrer en crise, ni les Etats-Unis pour péniblement naviguer à un petit 2% de moyenne.

Ce que révèle cette crise c’est le mensonge sur la croissance partagé dans le monde entier. Depuis la crise de 2008, les autorités économiques nous vendent la fameuse "reprise" sensée apparaître au coin de la rue mais qui se révèle en réalité achetée à coup de QE aux Etats-Unis, au Japon et en Europe, ou par la construction d’infrastructures et d’immobilier en Chine. Malgré tout la croissance autoentretenue ne s’enclenche pas, nulle part. Voilà implacable constat que les marchés commencent à digérer, et les déconvenues ne sont pas terminées.

Plutôt que de s’inquiéter d’un soi-disant risque de ralentissement mondial, qui est déjà bien présent, plutôt faudrait-il porter le regard sur d’autres compartiments du marché… La Chine a récemment dévalué sa monnaie à plusieurs reprises, et si nous ne sommes pas véritablement entrés dans une guerre des changes, ça commence à y ressembler. Personne ne veut voir sa monnaie monter, chacun se persuade qu’une devise faible relancera les exportations, puis la croissance. Seul le dollar progresse par rapport aux autres monnaies, mais ce n’est pas vraiment dans les habitudes des Américains d’avoir une monnaie forte et ils devraient tenter d’y mettre fin bientôt (la Fed pourrait reporter sa hausse des taux précédemment envisagée).

Et si les monnaies se mettent à flancher, les détenteurs d’obligations vont commencer à s’inquiéter. Ne pas percevoir d’intérêt, ou quasiment, s’avère déjà difficile, mais voir la valeur réelle de son actif s’effriter devient rédhibitoire. Le marché des obligations souveraines pourrait donc bientôt trembler. Lorsque l’on rajoute les baisses prononcées et prolongées des cours des matières premières, avec tout ce que cela suppose de chute de revenu pour les pays exportateurs, le tableau économique mondial devient franchement décourageant. Cette sombre réalité n’est pas encore totalement perçue par les marchés, mais ça va venir.

Lorsque les espoirs de reprise se seront définitivement envolés, que restera-t-il ? De la liquidité, beaucoup de liquidité, celle créée par les différents plans de Quantitative Easing, et à ce moment le krach fera plus de bruit que celui du 24 août, n’en doutons pas. Ce qui se passe actuellement plonge ses racines dans la crise de 2008, qui n’a pas été réglée sur le fond mais seulement étouffée par la planche à billets. Au lieu de rétablir l’équilibre budgétaire en diminuant les dépenses publiques (et non pas en augmentant les impôts), au lieu de lutter contre le "capitalisme de connivence" (spécialement dans la finance), les Etats ont préféré continuer à dépenser et jouer avec la monnaie. Désormais il semble que tous les subterfuges touchent à leur fin. Ca va secouer.

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