L’inflation nous y sommes, maintenant c’est clair pour tout le monde, même pour ceux qui sont longtemps restés dans le déni, à savoir les autorités politiques et monétaires, qui voient leur jouet (le financement sans douleur des déficits) se casser. Ces dernières croient encore que l’épisode sera temporaire, quelle blague ! Des forces pérennes sont à l’œuvre : la planche à billets qui a explosé avec le Covid et qui continue de tourner, les taux zéro, la transition énergétique qui coûte extrêmement cher, et les producteurs de matières premières qui profitent de l’aubaine et augmentent leurs prix. Les prix des voitures électriques grimpent : déjà très coûteuses et nécessitant de lourdes subventions, comment ce modèle économique peut-il survivre, sans trop peser sur le budget de l’État ?

Bref, l’inflation est là pour durer. Mais la question à se poser désormais est : peut-elle dégénérer en hyperinflation ? Aux États-Unis, la Fed a annoncé un resserrement monétaire, consistant en une hausse progressive de son taux directeur. Cette remontée des taux n’a rien d’acquise car la dette publique et privée atteint de tels niveaux qu’une crise de solvabilité pourrait survenir, mais au moins la volonté est-elle présente. Notons cependant que l’abandon des taux zéro ne résoudrait qu’une des causes de l’inflation, comme nous l’avons vu

La BCE, elle, annonce également une prochaine hausse des taux, mais avec beaucoup moins de conviction. Et surtout, un risque spécifiquement lié à la zone euro apparaît et fait peser une lourde menace :

 

 

Le taux de la dette italienne à 10 ans grimpe dangereusement : il a pris trois points depuis son plus bas à la mi 2021, ce qui est énorme. Et si l’État italien commence à avoir des difficultés à se financer, c’est tout l’édifice de la monnaie unique qui tremble ! De plus, qui dit risque souverain dit risque bancaire, et l’on sait que les banques italiennes sont en mauvaise posture depuis longtemps.

Une crise de la dette qui toucherait l’Italie, et aussi la Grèce comme en 2011, l’Espagne, le Portugal, la France possiblement, viendrait fracasser les timides velléités de retour à la normale de l’institution de Francfort. Après la planche à billets du Covid, la BCE serait obligée d’en faire une autre pour éviter l’explosion de la zone euro. Et dans ce cas, oui, nous irions droit vers l’hyperinflation. Une planche à billets qui se rajouterait, on le rappelle, à la hausse des matières premières et à la très coûteuse transition énergétique.

Les chiffres de 50% ou 70% d’inflation annuelle que connaissent l’Argentine ou la Turquie par exemple, deviendraient alors le lot commun des Européens. Ce serait évidemment un cataclysme qui remettrait en cause l’euro, et un mouvement de retour aux devises nationales s’amorcerait, à commencer par l’Allemagne selon nous.

Les États-Unis ne font pas face à cette hétérogénéité, et la demande internationale de dollars les protège contre une planche à billets excessive. Ils possèdent en outre des ressources énergétiques importantes (quand le prix de l’essence augmente, le consommateur souffre mais les producteurs locaux en profitent, globalement le revenu national reste stable, en Europe c’est de l’argent qui part à l’étranger). Par conséquent, les États-Unis nous semblent peu exposés à ce risque d’hyperinflation.

En Europe, par contre, ce scénario d’hyperinflation doit être pris au sérieux, nous n’en sommes qu’à une étape, celle d’une crise des dettes souveraines, qui commence à pointer son nez…

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