Si l’on vous dit que le secteur bancaire européen se porte bien, n’en croyez rien : la Banque centrale européenne (BCE) elle-même est consciente du problème, et elle vient de l’avouer. La nouvelle n’a fait que quelques lignes dans les journaux spécialisés, mais elle mérite d’être mise en lumière. Un des membres du directoire de la BCE, le Français Benoît Cœuré, a en effet laissé entendre qu'il "pourrait y avoir de la place pour un autre TLTRO" (L’Agefi).
Les TLTRO (Targeted Long-Term Refinancing Operation) sont des facilités de financement (des prêts à taux très faibles) offerts par la BCE aux banques commerciales de la zone euro en mal de liquidités. La précédente tranche avait été lancée en juin 2016, d’une durée de quatre ans, son remboursement doit commencer à partir de juin 2020. Problème : de nombreuses banques ne disposent pas de cet argent, du fait de leur situation financière dégradée, d’où la volonté de la BCE de proposer une autre tranche. Une façon comme une autre de rouler la dette, de faire de la cavalerie financière…
Les montants souscrits par les banques des différents pays en 2016 ont été estimés par l’agence Reuters. On connaît la situation dégradée des banques italiennes et espagnoles, ainsi que celle de la Deutsche Bank, de la Commerzbank et de plusieurs banques régionales allemandes. Mais la surprise est de la voir la France arriver en troisième position, devant l’Allemagne dont, pourtant, les difficultés de sa plus grande banque constituent une vive source d’inquiétude en Europe et dans le monde. Des banques françaises nous cachent-elles quelque chose ?
Montant des TLTRO souscris par les banques en 2016 | |
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Pays | Milliards d’euros |
Italie | 250 |
Espagne | 175 |
France | 110 |
Allemagne | 90 |
Portugal | 25 |
Pays-Bas | 20 |
Belgique | 20 |
Autriche | 20 |
710 |
Source : Reuters
Depuis le 1erjanvier, la BCE a arrêté son QE, son programme de rachat d’actifs obligataires. Les 2 600 milliards d’euros de planche à billets n’ont servi à rien, comme nous l’avons dit. Ils n’ont eu aucun effet sur la croissance économique. Leur véritable utilité aura seulement consisté à abaisser les taux d’intérêt pour permettre aux États de continuer à s’endetter, et à fournir des liquidités aux banques qui en ont besoin. Il fallait donc, pour les banques en difficulté, qu’un autre programme prenne le relais.
Cette politique monétaire laxiste ne fait que repousser les problèmes dans le futur ; il serait vraiment temps qu’elle cesse ! Le mandat du président de la BCE, Mario Draghi, prendra fin en octobre de cette année et parmi les successeurs pressentis figure Jens Weidmann, l’actuel président de la Banque centrale allemande, connu pour ses positions plus rigoureuses. Ce serait à l’évidence le meilleur choix. On parle aussi de François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France qui lui, par contre, s’inscrirait dans la continuité de Mario Draghi. Il faut vraiment souhaiter la victoire du candidat allemand. Quoi qu’il en soit, l’assainissement du secteur bancaire européen figurera en tête des priorités du nouveau président de la BCE.
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