Après le point bas de début septembre, l’argent a commencé une première vague de hausse, avant logiquement d’aller rebondir sur le support bas.

Le premier décembre, alors que la Bourse s’effondrait, l’argent a commencé sa deuxième jambe de hausse jusqu’à heurter la résistance par deux fois, si ce n’est trois.

 

 

Le 28 mai, la consolidation de l’argent en forme de biseau descendant s’est terminée avec le pull-back sur le faisceau de Fibonacci, qui avait été passé le 27 décembre, et une nouvelle prise d’appui sur le support très long terme, déjà touché en septembre et novembre 2018. Ces appuis successifs sur la droite de tendance long terme mettaient fin à la longue consolidation de l’argent depuis le short-squeeze de JPM de 2010-2011.

 

 

En ayant trouvé une base solide, l'argent va pouvoir développer la troisième jambe de son rallye haussier.

La résistance oblique montante, qui a capé la hausse des cours durant la première jambe de hausse et a bloqué les pointes haussières trois fois de janvier à mars, va encore être sollicitée avant la fin de l’année, mais elle est très haussière. Si nous venions à la solliciter en décembre 2019, cela serait vers 21$, voire à 22$ en janvier.

Si on compare la pente de cette résistance avec celle de 2016, le rallye haussier de 2016 était plus violemment haussier. Mais la pente est rigoureusement la même que la hausse de février 2009 à janvier 2011. Pourvu que ça dure.

Durant cette deuxième jambe de hausse, l’argent a passé un de ces faisceaux de Fibonacci, qui rythme l’espace depuis le sommet. Ces faisceaux ont une importance capitale dans les algorithmes de trading des banquiers qui "gèrent" les mouvements des métaux précieux. Chaque fois qu’un faisceau est passé, et que de résistance il est en théorie devenu support, les cours vont revenir dessus, ce qu’on appelle faire un pull-back, pour certifier que ce faisceau est devenu support. Ce petit jeu permet aux maîtres du jeu de temporiser la hausse des métaux précieux et de l’or en particulier, puisqu’il sert toujours d’étalon monétaire…. "Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain".

La poussée haussière qui a suivi la réunion du FOMC du 19 juin a permis de casser le faisceau de Fibonacci suivant et de clôturer au-dessus. Les cours sont revenus faire un pull-back sur la Moyenne Mobile à 100 jours, qui avait été cassée dans cette petite vague de hausse, mais ils devraient repartir vers le Nord. Je considère toujours que l’argent devrait être à 21$ aux alentours de janvier 2020 et qu’il devrait être à 34$ à la fin 2020.

Il y a différents facteurs qui poussent les métaux précieux à la hausse.

D’une part, Donald Trump est en train de déstabiliser totalement le commerce international, générant une crise extrêmement profonde. À long terme, ce sera bénéfique pour l’Amérique, qui va être obligée de recréer le tissu industriel détruit par trois décennies de délocalisation. À court terme, cela plongera les États-Unis dans une profonde récession.

Trump en attaquant tout azimut, la Russie, la Chine, l’Inde et l’Europe est en train de faciliter la dédollarisation.

D’autre part, les banques européennes n’ont pas tenu compte des leçons du krach systémique de 2008-2009. Contrairement aux banques américaines, qui ont dû baisser leurs effets de levier avec la loi Dodd-Frank, les banques européennes ne respectent pas la règle prudentielle d’un levier maximum de 10 et affichent toujours des leviers extrêmement dangereux. Lehman avait été mise en faillite avec un levier de 32.

 

 

Le résultat, c’est que le capital se réfugie vers les banques les plus sûres. Le cours des banques européennes en Bourse est effrayant.

 

 

Les analystes parlent toujours de Deutsche Bank, mais le graphique de la Société Générale est pire. L’action valait 50 € fin 2018, elle ne vaut plus que 21 €.

 

 

En décembre 2018, pour éviter un krach bancaire systémique, la BRI a imposé un revirement à 180° de la politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed), et a autorisé la BCE à inonder les banques avec ses TLTRO, des prêts quasi sans intérêt. La Bank of Japan (BOJ) a annoncé reprendre l’achat systématique des obligations d’État japonaises et la Banque centrale chinoise (BPOC), quant à elle, a inondé le marché de liquidités au premier trimestre.

Les banques chinoises sont également en mauvaise posture. La Guerre commerciale qui fait souffrir les entreprises chinoises surendettées, leur rend plus difficile d’honorer les échéances de leurs prêts.

De ce fait, beaucoup de banques de l’Empire du milieu sont sur le fil du rasoir, au bord de la faillite. Le SHIBOR, équivalent du LIBOR pour la Chine, montre que le marché interbancaire est en plein stress.

Depuis décembre, pour sauver le système, toutes les banques crèent de la monnaie d’une manière ou d’une autre.

Dans ce monde globalisé, la chute d’une banque peut entraîner la chute de tout le système. Le grand capital se réfugie en masse dans les obligations d’État, de préférence aux États-Unis, mais aussi en Allemagne, en Suisse et même en France. Les pays les plus sûrs empruntent à des taux négatifs. Ce n’est pas sain. Ce n’est pas tenable.

Même si les médias ne s’en font pas l’écho, nous sommes donc au milieu d'une crise grave et profonde, cela pousse les métaux précieux à la hausse.

Au 31 décembre 2021, toutes les banques devront être aux normes de Bâle III. C’est à dire avoir un levier maximum de 10. Pour cela, les banques vont devoir augmenter leurs capitaux propres. Imaginez que ces banques investissent une partie de leurs capitaux propres dans de l’or physique, réellement détenu. Depuis mars 2018, cet or est classé "Tier 1", c’est à dire qu’il est comptabilisé à 100% de sa valeur réelle. Il suffirait que l’or en euros augmente suffisamment d’ici le 31 décembre 2021 pour permettre aux banques européennes d’être aux normes de Bâle III.

En mon for intérieur, je suis persuadé que c’est ce qui va se passer. En poussant cette logique jusqu’au bout, je considère que la jambe de hausse des métaux précieux sera très progressive en 2019 et 2020, avec une accélération extrêmement puissante à partir d’octobre ou novembre 2021. Vous ne pourrez pas la trouver en cherchant dans les graphes, mais seulement en vous interrogeant sur le pourquoi de la règle 589 du NYMEX (que j’ai déjà exposé dans un article précédent). Si l’argent sera autorisé à monter de 12 $ par jour, l’or, quant à lui, pourra monter de 400 $ par jour c’est à dire de 2000 $ par semaine. À ce rythme, les banques ayant transformé leurs capitaux propres en or seront vite revenues aux normes prudentielles de Bâle III.

Les grands argentiers de la planète sont déjà sur le pont à la manœuvre pour faire tenir le système, vaille que vaille, jusqu’à la fin 2021. Draghi a dit qu'il s'engageait à faire "Whatever it takes" (tout ce qui est nécessaire) pour sauver la zone euro, quels qu’en soient les moyens. C’est ce qu’il fait mois après mois. Mais il n’est pas le seul.

À voir le graphique du Dollar Index, on pourrait se demander s’il n’y a pas eu un "Accord du Plazza 2.0" et une entente des banques centrales, comme en 1985 pour faire baisser le cours du dollar. À cette époque, les États-Unis connaissaient le même problème avec le Japon, qu’aujourd’hui avec la Chine. Il fallait donc, de toute urgence :

  • arrêter la bulle spéculative sur le dollar américain.
  • réduire le déficit américain de la balance courante, qui avait atteint 3,5 % du PIB.
  • diminuer les excédents commerciaux du Japon, et stopper la croissance inquiétante de ses investissements, en particulier immobiliers, aux États-Unis.

 

 

Il y a deux semaines, le Dollar Index a connu une violente baisse, qui semblait orchestrée. La semaine dernière, on a assisté à un pull-back logique vers les supports qui avaient été cassés puis, cette semaine, nouvelle très forte baisse orchestrée. Les cours devraient terminer la semaine sous la Moyenne Mobile à 40 semaines, qui correspond à la 200 jours en quotidien. Je ne serais pas surpris que la cible soit de ramener les cours vers la MM100W, ce qui correspondrait aux cours du dollar, il y a un an.

En 1985, la bulle spéculative sur le dollar était folle, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Les cours avaient été ramené à leur plancher à 87,5 $ en deux ans. Imaginez à quel point cela soutiendrait la hausse des métaux précieux, si cet "Accord du Plazza 2.0" s’avérait une réalité. Nous le constaterons dans les graphiques, puisque pour l’instant les autorités monétaires n’ont pas communiqué sur le sujet.

Le graphique de l’or en hebdomadaire est proche de celui de l’argent.

Il y a eu cette semaine une belle percée de la résistance horizontale. Les cours ont même traversé le faisceau de Fibonacci suivant, s’approchant de la résistance oblique.

Une fois la poussée terminée, autour de 1.448 $, comme d’habitude, il y aura un pull-back sur la résistance horizontale, qui a bloqué les cours plusieurs années.

L’or aborde un nouveau palier, mais les méthodes de trading n’ont pas changé. Il faut rester patient.

 

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