La date du 29 mars 2019 restera-t-elle dans l’histoire de l’or ? Certainement, car elle marque le retour en force du métal précieux dans le système bancaire et financier. En effet, ce 29 mars entrent en vigueur les accords de Bâle III, des normes internationales de solvabilité bancaire édictées par la Banque des Règlements Internationaux (BRI), la "banque centrale des banques centrales" et qui – notamment – modifient la comptabilisation de l’or physique.
Jusqu’ici l'or était classé comme un actif de niveau 3 ("Tier 3") avec une évaluation du risque de 50%, ce qui obligeait les banques à immobiliser des fonds propres pour couvrir ce risque à hauteur de la moitié du montant détenu. Voilà qui n’encourageait pas, et même dissuadait les banques d’investir dans le métal précieux. Désormais, l’or physique passe en actif de niveau 1 ("Tier 1") : il est considéré comme équivalent au cash, c’est-à-dire sans risque, et donc sans nécessité d’immobiliser des fonds propres.
Voici un sacré coup de fouet pour inciter à sa détention, au point que certains parlent de remonétisation de l’or (Zero Hedge). Les autorités monétaires ont compris que le risque de liquidité constituait la principale menace en cas de crise financière, mais que l’or, lui, n’était jamais concerné par ce risque : personne ne refuse de l’or, il n’y a aucun risque de contrepartie puisqu’il s’agit d’un bien ayant une valeur intrinsèque et universellement reconnue. De plus, le marché de l’or est l’un des plus grands au monde et peut absorber de grandes quantités en un temps très court. Voici un actif idéal en cas de krach bancaire.
Par ailleurs, comme les banques doivent augmenter leurs fonds propres et leurs "coussins de liquidités", on peut imaginer qu’elles vont devenir acheteuses d’or physique dans les mois et années à venir… Les banques centrales montrent d’ailleurs le chemin depuis plusieurs années : elles ont acheté 651 tonnes d’or en 2018, soit une hausse de 74% par rapport à 2017, établissant ainsi un record depuis 1971, lorsque le président Richard Nixon mit fin à la convertibilité du dollar en or. Ce sont surtout les pays émergents qui sont actifs, comme la Chine, l’Inde, la Russie et la Turquie, et qui veulent également s’éloigner de l’emprise du dollar.
Selon le trader sur le marché des métaux précieux de Londres Andrew Maguire, plusieurs grandes banques commerciales comme Goldman Sachs, JP Morgan, HSBC, UBS, Standard Bank, Deutsche Bank ont déjà commencé à accumuler de l’or physique (KingWorldNews).
Ce ne sont pas forcément les quantités d’or achetées par les banques centrales et les banques commerciales qui feront monter les cours, même si elles y contribuent évidemment. Ce qui importe vraiment est le changement de paradigme, ou plutôt le retour à ce qu’il était depuis les temps immémoriaux : l’or est LA monnaie de confiance. Si les banques commerciales se mettent à acquérir de l’or, on pourra affirmer que la parenthèse de la fin à la convertibilité du dollar en or commence à se refermer. L’or redeviendrait un actif de choix dans le système bancaire et financier, ce qui n’aurait que des effets positifs : face aux montagnes de dettes et de produits dérivés, d’argent-papier créé par des jeux d’écriture, il y aurait au moins un peu de solidité quelque part ! Quoi qu’il en soit, ce 29 mars constitue un signal d’achat significatif.
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