L’or ce n’est pas important, si vous écoutez les grandes banques, elles vous détournent d’y investir et vous conseillent leurs produits, bien mieux adaptés à votre épargne selon elles. Mais alors pourquoi prennent-elles autant de risques pour en manipuler le cours ? Aux Etats-Unis, le département de la Justice et la CFTC (Commodity Futures Trading Commission) enquêtent sur plusieurs grandes banques pour manipulation présumée des prix des métaux précieux, selon le Wall Street Journal du 23 février. Les banques concernées sont HSBC, Barclays, Crédit Suisse, UBS, Deutsche Bank, Goldman Sachs, J.P. Morgan, Société Générale, Standard Bank et Bank of Nova Scotia. Que du beau monde ! On connaît la sévérité des amendes infligées par les autorités américaines, alors pourquoi risquer gros pour un métal soi-disant sans intérêt ?

Finalement l’or serait digne de confiance, même pour ces banques internationales qui, publiquement, le dénigrent ? En tout cas il retient l’attention de l’une des personnalités emblématiques de la finance mondiale, désormais à la retraite mais dont la parole porte toujours, Alan Greenspan. Il a présidé la Fed durant près de vingt ans (de 1987 à 2006), il ne s’est pas privé de faire tourner la planche à billets et d’abaisser artificiellement le taux d’intérêt, ce qui a concouru à la crise des subprimes, mais il a gardé de bons réflexes. Lors d’une récente conférence, on lui a demandé où en sera le cours de l’or dans cinq ans, "significativement plus haut" a-t-il répondu, et il a confié que l’ère des politiques d’assouplissement quantitatif et de taux zéro ne pouvait continuer indéfiniment et qu’en sortir se traduira par un événement de marché significatif, un krach ou une récession prolongée, et dans ce contexte le cours de l’or en bénéficiera.

La sortie de ces politiques monétaires laxistes sera d’autant plus violente qu’un nombre croissant de pays y ont recours : plus de la moitié de la population mondiale vit sous l’emprise de banques centrales usant de cette drogue douce ! En effet, à l’Europe, au Japon et aux Etats-Unis (dans une moindre mesure, le QE est stoppé mais les taux restent à zéro), il faut ajouter les BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) et quelques autres pays (Australie, Canada, Egypte, Turquie). Tout le système financier mondial s’habitue à cette perfusion, mais il s’agit d’un cadeau empoisonné. Pour l’instant tout cet argent gonfle la bulle des actifs financiers, des actions aux obligations souveraines, tout en apportant de la liquidité au système bancaire, la chute n’en sera que plus brutale.

Alors suivons le conseil d’Alan Greenspan et soyons certains qu’une fois que la sortie – abrupte – des plans d’assouplissement quantitatif aura été effectuée, nous découvrirons que quantité de personnes et d’institutions avaient en fait stocké de l’or sans l’avouer jusqu’ici ! Prenons les paris, de nombreux banquiers auront mis de l’or de côté, comme la Chine ou la Russie le font en ce moment dans la plus grande discrétion. Ne soyons pas moins avisés qu’eux, et faisons-en profiter ceux qui nous écoutent.

 

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