Il faut arrêter avec cette croyance survendue par certains banquiers (qui touchent des commissions sur les achats d’actions) et les revues financières (financées par les banques et les plateformes de vente d’actions) : Non, les actions ne sont pas le meilleur placement sur le long terme.
Une nouvelle illustration le montre. La lettre financière Kobeissi (financée par ses lecteurs, ça change tout) a publié sur X/Twitter un graphique qui révèle que 72% des actions du S&P 500 (le principal indice des actions américaines) sous-performent l’indice sur l’année 2023, soit le chiffre le plus élevé depuis 1980 ! En réalité, la hausse de l’indice provient d’une poignée de valeurs : les 7 meilleures font 20 fois mieux que les 493 autres sur 2023, et les 10 principales actions pèsent 35% du S&P 500 ! Quelques actions animent l’ensemble du marché, voilà la réalité.
Ces actions qui tirent pratiquement à elles seules le S&P 500 sont toutes de la tech (les GAFA, Microsoft, Tesla, NVIDIA…), de même que sur le CAC 40, où les quelques valeurs qui réalisent l’essentiel de la performance sont celles du luxe (LVMH, Hermès, Kering, qui pèsent 40% de l’indice). Nous avions alerté sur cet effet d’optique en juillet dernier, qui déforme complètement notre regard sur les marchés boursiers.
À la limite, autant acheter un ETF de l’indice, mais acquérir des actions en se disant qu’à long terme on sera gagnant constitue une erreur fondamentale. Ceux qui ont acheté des actions bancaires européennes sont dans le rouge. Les valeurs de consommation grand public (alimentation et biens durables), avec l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat, font grise mine. L’énergie s’en tire mieux avec la hausse des prix. Finalement, pas de quoi pavoiser.
Alors, achetons de la tech américaine et du luxe français ! Encore fallait-il le faire au moment où le marché n’y croyait pas, ce qui s’avère redoutablement difficile. Par exemple, le fabricant de puces américains NVIDIA a explosé ces derniers mois (120 dollars le 7/10/2022, 480 dollars le 2/1/2024) dans le sillage de l’IA (intelligence artificielle), dont c’est l’un des principaux fournisseurs. Bravo à ceux qui ont flairé le coup, bien qu’ils ne soient pas si nombreux. Est-il toujours temps d’ajouter ce titre à votre portefeuille ? L’action NVIDIA est chère, et il ne faut pas que la mode IA tourne…
Dans les secteurs matures et concurrentiel, c’est-à-dire l’essentiel de l’économie, les marges sont faibles, il n’y a donc pas grand-chose à espérer. En fait, les entreprises qui cartonnent sont celles qui sont parvenues à créer un quasi-monopole de facto, en devenant incontournables (Google, Facebook, Microsoft) ou grâce au prestige de leur marque (Apple, Tesla, le luxe français). Cela leur permet de maintenir des prix élevés ou même de les augmenter (ce qu’on appelle le pricing power, littéralement "pouvoir de fixation des prix"), un privilège extrêmement rare. Ces sociétés sont factuellement hors du marché concurrentiel tel qu’on se l’imagine habituellement, et tant mieux pour elles. On oppose économie réelle/économie financière, certes, mais il faudrait aussi distinguer sociétés concurrentielles/sociétés monopolistiques, ou pricing weakness/pricing power.
Bref, méfions-nous du miroir aux alouettes des actions, asséné quotidiennement dans les médias avec les "performances" du CAC 40, qui concerne en réalité une poignée de leaders mondiaux du luxe. L'or physique, qui a offert un rendement annuel d'environ 8% par an sur les 20 et 50 dernières années, reste l'un des meilleurs placements à long terme.
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