Le graphique de la semaine présente l'évolution de l'indice de surprise économique de Citi (CESI) depuis le début de l’année aux États-Unis.
Jusqu'en mai, les indicateurs économiques étaient meilleurs qu’attendus.
La situation a ensuite brusquement changé et, au cours des dernières semaines, les indicateurs économiques ont continué de décevoir par rapport aux attentes :
Les chiffres du chômage aux États-Unis sont plutôt bons, mais comme expliqué dans mon dernier bulletin, ils sont brouillés par l’inflation.
Les chiffres positifs récemment publiés sont largement attribuables à l'augmentation des emplois dans le secteur public, masquant ainsi la baisse continue de l'emploi dans le secteur privé :
Les États-Unis ralentissent, tandis que l'Europe est engluée dans une contraction persistante dont elle n’arrive pas à sortir.
En juin, l'indice PMI allemand s'établit à 43,5, restant en dessous du seuil de contraction de 50. L'industrie allemande peine à redémarrer, les coûts énergétiques encore trop élevés l'empêchant de retrouver une situation normale :
L'indice PMI en France replonge en juin :
L'Europe, en plus de connaître un ralentissement de son activité industrielle, reste embourbée dans un contexte inflationniste tenace :
La stagflation persiste en Europe en ce début d'été 2024.
Le PMI chinois recule également pour le deuxième mois consécutif :
Cette enquête officielle révèle que les grandes entreprises manufacturières publiques rencontrent des difficultés. L'indice PMI du Bureau national des statistiques est resté à 49,5, signe d’une contraction.
En revanche, l'autre indice PMI publié par l'agence CAIXIN ne signale pas de contraction, même si l'enquête souligne une diminution de l'optimisme parmi les industriels chinois :
En Chine, les chiffres de la production d'acier continuent de baisser, indiquant une poursuite du déclin de la demande dans le secteur de la construction :
Les États-Unis ralentissent, l'Europe est en proie à la stagflation, et la Chine ralentit également.
Mais c'est le Japon qui semble être le plus affecté par le ralentissement économique mondial.
Le PIB japonais a reculé à un rythme annualisé de 2,9% au premier trimestre 2024, une révision à la baisse par rapport au chiffre précédent de -1,8%. Au cours des trois derniers trimestres, l'économie japonaise a subi une contraction marquée :
L'économie japonaise mesurée en dollars a atteint son plus bas niveau en 30 ans.
En 1995, la part du Japon dans le PIB nominal mondial était de 17,8%, soit environ 71% de celle des États-Unis.
Que de changements 30 ans après !
Les États-Unis ont un PIB de 28 783 milliards $, la Chine de 18 536 milliards $, l'Allemagne de 4 590 milliards $, le Japon de 4 112 milliards $ et l'Inde de 3 942 milliards $.
L’Inde est en train de dépasser le Japon... et le pays est passé en 30 ans de 71% à 14% du PIB américain !
Ce déclin s’est accéléré ces dernières années, avec une chute du PIB japonais de -20 % en une décennie à peine.
Cet appauvrissement s’est accompagné d’une hausse massive de l’endettement du pays ; le Japon détient désormais le ratio dette/PIB le plus élevé au monde.
La politique de monétisation de la dette ne s'est jamais arrêtée ; le Japon combat son ralentissement économique en s'endettant, tandis que la Banque centrale japonaise (BoJ) aide l'État à financer en faisant tourner la planche à billet.
C'est évidemment la monnaie japonaise qui subit les conséquences de cette fuite en avant.
Il semble désormais que le ralentissement économique mondial ait un impact direct sur l'accélération de la dépréciation de la monnaie japonaise.
Le yen continue de chuter par rapport au dollar ces dernières semaines, enchaînant des records de baisse qui n'avaient pas été observés depuis près de 40 ans !
Le taux de change USD/JPY est en train de revenir à des niveaux jamais atteints depuis 1986.
La monnaie japonaise a baissé 14 fois dans les 17 dernières séances !
Le yen est sur une pente très dangereuse : dans une configuration similaire, en septembre dernier, la livre turque s'était affaissée.
Le graphique du dollar par rapport au yen depuis mai commence à ressembler à celui de la livre turque à l'automne dernier, lorsque l'intervention de la Banque centrale turque avait échoué...
Dans ces conditions, le prix de l'or en yen continue son ascension parabolique :
Pour lutter contre la récession croissante et éviter qu'elle ne se transforme en dépression, la BoJ refuse de soutenir sa monnaie et continue de monétiser sa dette.
La politique de création monétaire de la BoJ a contribué à faire grimper le cours de l'or, et cette tendance à la hausse se poursuit.
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