Bravo ! Hourra ! Victoire ! 750 milliards d’euros pour la relance de l’Europe ! Après plusieurs jours de négociation, les vingt-sept dirigeants de l’Union Européenne sont enfin parvenus à un accord sur un plan de relance de 750 milliards d’euros, comprenant 390 milliards de subventions et 360 de prêts. Emmanuel Macron a twitté "Nous bâtirons tous ensemble une Europe verte et prospère". C’est l’extase.
Les "méchants" ont perdu, les quatre pays qui osaient s’opposer à ce plan, qualifiés de "frugaux" (limiter ses dépenses, quelle idée !), ont finalement rendu les armes. Les Pays-Bas, l’Autriche, le Danemark, la Suède (les deux derniers ne faisant pas partie de la zone euro), n’étaient pas suffisamment puissants pour affronter Macron et Merkel.
L’événement est historique puisque pour la première fois une dette commune européenne va être créée : ce n’est pas l’Union Européenne en tant que telle qui va emprunter (les textes ne lui en donnent pas le droit), ce seront les 27 pays membres qui emprunteront et rembourseront cet argent (les 390 milliards de subventions, les 360 de prêts devant, normalement, être remboursés par les pays emprunteurs).
Les clés de répartition ne sont pas encore précisément connues, mais l’Italie devrait toucher 80 milliards d’euros de subventions, l’Espagne 60 et la France 40 (soit la moitié environ des 390 milliards de subventions, les pays de l’Est en touchant également une part importante). À ces sommes, il faut rajouter les emprunts (l’enveloppe de 360 milliards d’euros). Ces pays, avec les 27 de l’UE, garantiront et devront rembourser ces 750 milliards. Alors, quel est l’intérêt de l’opération ? L’argent sera versé rapidement (en 2021, 2022 et 2023) tandis que les remboursements pourront s’étaler jusqu’en… 2058. De l’argent frais tout de suite, notamment pour les échéances électorales (2022 en France, 2023 au plus tard en Italie et en Espagne). Ensuite, advienne que pourra.
Du cash tout de suite pour gagner les élections et des remboursements qui interviendront lorsqu’ils seront à la retraite ; les politiciens ne pouvaient pas rêver mieux ! Pour la France, le remboursement coûtera plus qu’il n’a rapporté (17%, sa part dans le financement de l’UE, soit 66 des 390 milliards de subvention, alors qu’elle en touche 40…). Ceci dit, ce remboursement pourra aussi être pris en charge, au moins en partie, par de nouveaux impôts devant être créés au niveau européen (taxe carbone, taxes sur le plastique, sur les GAFA), ce qui renchérira le coût de la vie des Européens…
Par ailleurs, il faut savoir que les "frugaux" ainsi que l’Allemagne ont obtenu une réduction de leur contribution au budget européen sur la période 2021-2027 pour des montants significatifs (3,7 milliards d’euros par an pour l’Allemagne, 1,9 pour les Pays-Bas, 1 pour la Suède, 0,6 pour l’Autriche, 0,4 pour le Danemark, soit 7,6 milliards au total) qui seront financés par les autres pays, dont la France (à hauteur de 17%, sa part dans le financement de l’UE, soit 1,3 milliard d’euros par an).
Ce plan était en réalité parfaitement inutile puisque les États peuvent emprunter tout l’argent qu’ils veulent, la Banque Centrale Européenne se posant en garantie (en rachetant une grande part de ces obligations) afin d’éviter une hausse des taux d’intérêt (ça aurait même coûté moins cher, 66 milliards à rembourser s’il n’y a pas de nouvelles taxes européennes + la hausse de la contribution au budget européen). L’objectif était politique : créer une dette européenne afin d’obliger les pays vertueux à financer ceux qui sont laxistes, et renforcer le pouvoir de la bureaucratie européenne. Objectifs atteints ! Les communicants vous le diront : "il ne faut pas gâcher une bonne crise", ici en l’occurrence le coronavirus.
La logique de la dette l’a emporté : après la dette nationale, la dette européenne, décidément l’argent coule à flot. Tout cela pour une "relance" et une "croissance" qui n’arriveront pas. La France elle-même l’a démontré en s’endettant sans discontinuer à partir de 1975, pour voir son PIB progresser de moins en moins vite. Ce que cet endettement supplémentaire va réellement apporter, c’est un renforcement de la défiance envers l’euro, et lorsque la confiance dans la monnaie unique s’évanouira, à ce moment-là aucune dette n’y pourra rien.
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