Selon l'institut économique IFO, la pénurie de commandes en Allemagne continue de s'aggraver, entravant le développement économique et affectant presque tous les secteurs.
En octobre, 41,5% des entreprises allemandes ont signalé un manque de commandes, contre 39,4% en juillet. Il s'agit du niveau le plus élevé depuis la crise financière de 2009. Pratiquement aucun secteur n'a été épargné. Près de la moitié des entreprises manufacturières (47,7%) sont touchées, en particulier 68,3% des fabricants de métaux de base et 59,9% des producteurs de produits métalliques. Les secteurs clés, comme l'automobile et la chimie, comptent environ 44% d'entreprises confrontées à un manque de commandes. Le secteur du commerce atteint un taux record depuis 2006, avec 65,5% d'entreprises concernées, dont 56,4% dans le commerce de détail.
Cette chute de la demande survient paradoxalement alors que le DAX, l'indice boursier allemand, vient tout juste d'atteindre un record historique :
Le DAX profite de l'élan général des bourses mondiales, stimulé par la montée en flèche des marchés américains qui atteignent de nouveaux sommets.
Cet engouement est en grande partie alimenté par la crainte de "rater le train" de la hausse, le fameux FOMO “Fear of Missing Out”. Les investisseurs ont peur de passer à côté de la flambée des marchés.
La vague de hausse profite avant tout aux marchés américains, qui continuent de capter l’essentiel de l’épargne mondiale.
L'indice MSCI World est désormais composé de 66% de sociétés américaines, un niveau record depuis sa création :
En tout cas, cette ruée vers les actions est loin de concerner les initiés.
Les dirigeants des entreprises du S&P 500 n'ont jamais acheté aussi peu d'actions depuis le début du marché baissier en 2021 :
La ruée vers le marché américain représente, au contraire, une excellente opportunité pour les initiés, qui ont habilement profité de cette exubérance pour vendre leurs actions à des prix avantageux.
Les insiders de Nvidia profitent de la hausse de l’action pour vendre.
Depuis le début de l'année, les principaux actionnaires de Nvidia ont liquidé un montant impressionnant de 1,85 milliard $ d'actions, soit environ 11 millions de titres, un record depuis au moins 2020. En 2024, ces ventes internes sont cinq fois plus élevées qu'en 2023, où elles s'élevaient à seulement 350 millions $. Le PDG, Jensen Huang, a récemment finalisé la vente de 6 millions d'actions dans le cadre d'un plan de vente prédéfini, tandis que Mark Stevens, membre du conseil d'administration de Nvidia, a prévu de vendre 3 millions d'actions après en avoir déjà écoulé 1,6 million cette année :
Sans doute pensent-ils que les prévisions de revenus de leur entreprise ne reflète absolument pas la valeur de leurs actions.
L'action Nvidia affiche un ratio P/E d'environ 70, bien au-dessus de la moyenne du secteur technologique, qui se situe autour de 25-30, ce qui met en évidence l'énorme prime payée par les investisseurs. Avec une valorisation boursière proche de 3 700 milliards $, le marché anticipe une croissance exceptionnelle des revenus, notamment dans le secteur de l'IA. En d'autres termes, à ce niveau, même un ralentissement de 5 à 10 % des ventes pourrait provoquer une correction significative de la valeur de l'action.
Cette correction pourrait être déclenchée par un affaiblissement futur de l'activité des consommateurs américains. Si les dépenses des ménages commencent à ralentir, celacaffecterait directement les revenus des entreprises technologiques dépendantes de la demande, en particulier dans les segments des produits de consommation et des jeux vidéo, où Nvidia est fortement impliquée. En effet, une baisse de la consommation réduirait les ventes de matériel informatique et de cartes graphiques, qui représentent une part importante des revenus de Nvidia. Ce recul de l’activité des consommateurs, combiné à une hausse des taux d'intérêt et à une inflation persistante, pourrait créer un environnement économique moins favorable pour les entreprises dépendantes de la consommation, entraînant ainsi une correction du cours des actions. Le rêve de l'intelligence artificielle ne doit pas occulter les menaces qui pèsent sur l'économie réelle, souvent éclipsées dans cette période d'exubérance des marchés. Alors que l’IA suscite un enthousiasme débordant, des risques concrets, tels que le ralentissement de la consommation et la pression sur les entreprises, pourraient assombrir ce tableau optimiste.
L'indice de l'Université du Michigan, qui mesure les anticipations des consommateurs américains quant à leur situation financière personnelle pour les 12 mois à venir, est en chute libre en octobre.
Écrasés par des remboursements de dettes devenus trop lourds, les consommateurs américains commencent à se résigner :
Face à cette menace, le smart money se met à l'abri, anticipant une baisse imminente des marchés.
Berkshire Hathaway a gonflé ses réserves de liquidités à un niveau record, dépassant les 350 milliards $, principalement grâce à une série de ventes d'actifs et de désinvestissements. Ce niveau de trésorerie reflète moins une hausse des actions détenues qu'une stratégie active de désengagement. Warren Buffett et son équipe semblent avoir privilégié les ventes d'actifs, libérant des fonds en réduisant leurs positions dans certains titres, plutôt que d’accumuler davantage d’actions :
Pendant que certaines institutions comme Berkshire Hathaway augmentent leur position en cash, les banques centrales poursuivent leurs achats d'or.
Les données hebdomadaires de la Reserve Bank of India révèlent que ses réserves d'or ont augmenté d'environ 27 tonnes en octobre, marquant la plus forte hausse mensuelle depuis novembre 2009, lorsqu'elle avait acquis 200 tonnes auprès du FMI. Les achats cumulés de l'année s’élèvent à 78 tonnes, portant le total de ses réserves d'or à 882 tonnes.
La correction actuelle de l'or, liée à l'élection de Trump, a en tout cas rétabli une prime positive sur le prix spot du métal en Chine par rapport à celui de Londres, créant ainsi de nouvelles opportunités d’arbitrage qui ont soutenu les cours de l’or depuis 2023 :
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