Les marchés boursiers en Europe et aux États-Unis se retournent de façon assez marquée, même si on ne peut pas parler de krach, du moins pour l’instant. Est-ce le début d’une longue descente aux enfers, ou un à-coup passager ? Il est un peu tôt pour le dire, mais nous voudrions ici allez contre la doxa dominante qui attribue une grande partie de la baisse des cours boursiers à la "guerre commerciale de Trump", car c’est nécessaire pour comprendre ce qui se passe.
Systématiquement anti-Trump, les médias français, européens et américains n’aident certes pas à y voir clair, alors posons les choses : Donald Trump n’est pas protectionniste, il est libre-échangiste, conformément à la tradition américaine, mais il ne veut plus que les États-Unis se fassent rouler dans la farine. Les USA font face à un déficit commercial gigantesque, de l’ordre de 800 milliards de dollars par an, soit l’équivalent de 4,2% du PIB (2,5% pour la France, le cancre de l’Europe). Cinq pays (Chine, Mexique, Japon, Allemagne, Corée du sud) concentrent 80% de ce déficit, la Chine en représentant presque la moitié à elle toute seule.
"Ils ne jouent pas le jeu du libre-échange", affirme le président américain et, lorsqu’on regarde les faits, il faut reconnaître qu’il n’a pas tort : le taux moyen des droits de douane s’élève à 13,9% en Corée du sud, 13,5% au Brésil, 13,4% en Inde, 9,9% en Chine, contre 5,2% dans l’Union européenne, 4% au Japon et seulement 3,5% aux États-Unis (chiffres OMC). L’Union européenne ne se gêne pas pour pratiquer un protectionnisme ciblé : elle taxe l’ensemble des importations agricoles à 11,1%, quand les États-Unis le font à 5,2%, elle taxe les voitures américaines à hauteur de 10%, quand les Américains taxent les voitures importées à 2,5%.
Trump vise particulièrement la Chine ; Il dénonce ses pratiques commerciales inéquitables, notamment le vol de propriété intellectuelle, le transfert forcé de technologie, les subventions industrielles, les distorsions créées par les entreprises possédées par l’État, etc. Qui pourrait lui donner tort ? Plutôt que de dénoncer une improbable "guerre commerciale", l’Union européenne ferait mieux de taper du poing sur la table avec le président américain, car elle souffre également d’un déficit commercial massif avec la Chine.
Cette "guerre commerciale" n’existe que dans les journaux. L’économie américaine se porte bien, la croissance n’avait jamais été aussi forte sous les deux mandats de Barak Obama, et si les niveaux de dette très élevés sont lourds de menaces des deux côtés de l’Atlantique, c’est plutôt pour l’Europe qu’il faut s’inquiéter. C’est le scénario que nous avions évoqué en début d’année ; Et si la prochaine crise financière venait d’Europe, et pas des États-Unis ? Avec le secteur bancaire italien et la Deutsche Bank, notamment, il y a de quoi s’inquiéter, nous l’avons dit (c’est également ce que pense Charles Gave).
Une crise se produit aussi parce que l’on n’identifie pas clairement les risques, et il semble qu’il en aille ainsi en ce moment. Cessons de nous alarmer sur la soi-disant guerre commerciale de Donald Trump, qui gère bien ses affaires, et dans ce cadre, attendons les élections de mi-mandat du 6 novembre pour voir ce qu’en pensent les Américains. C’est aussi sans doute ce que font les investisseurs, ce qui explique la faiblesse actuelle des cours sur les marchés US. Quant à nous, intéressons-nous plutôt au secteur bancaire européen…
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