La question n’a rien de saugrenu : les GAFA investissent les services bancaires, ainsi qu’une floppée de fintechs. Apple s’est lancé dans le paiement en 2014 et vient de s’allier avec Goldman Sachs pour proposer une carte de crédit. Facebook autorise le paiement sur sa messagerie et devrait lancer cet été une cryptomonnaie. Amazon regarde de près le secteur et Google cherche à étendre son service de paiement, Google Pay. Parallèlement, une multitude de fintechs à travers le monde proposent l’ouverture de comptes bancaires avec des frais de fonctionnement réduits.

La technique est toujours la même : commencer par le paiement, y compris en partenariat avec les banques, qui ainsi ne se doutent de rien, puis renforcer le contact avec le client, lui proposer d’autres services, et enfin prendre son autonomie vis-à-vis des banques, qui se retrouvent le bec dans l’eau. Apple illustre parfaitement cette stratégie.

Facebook envisage même de lancer sa propre cryptomonnaie cet été, le Facebook Coin. Rien d’officiel pour l’instant, mais les confidences du top management indiquent que le projet avance. Les virements transnationaux seraient à la portée de tous et très bon marché alors que les prestataires actuels exigent de confortables commissions. De plus, non seulement les banques, mais aussi Visa et Mastercard, seraient mis sur la touche avec le Facebook Coin.

Bien sûr, ces nouveaux acteurs ne représentent que quelques pourcents de part de marché aujourd’hui, mais il faut regarder la situation au niveau mondial et en termes de dynamique. Presque la moitié de la population mondiale n‘est pas bancarisée et ces acteurs technologiques sont les mieux placés pour répondre à ce besoin (un smartphone + une appli, et voici un compte en banque). Les perspectives de croissance des banques traditionnelles sont sérieusement obérées. D’autre part, dans les pays développés, les jeunes générations n’ont pas les craintes de leurs aînés pour les services bancaires dématérialisés, au contraire, ils baignent dedans.

On peut aussi prévoir qu’une question deviendra cruciale dans les années à venir, face aux prévisions d’un nombre croissant d’économistes d’une prochaine crise financière : où préférez-vous déposer votre cash ? Dans une banque au bilan perclus de dettes, ou chez Apple qui dispose d’un matelas de 200 milliards de dollars de liquidités ? Les gens vont se rendre compte que déposer ses économies à la Deutsche Bank, par exemple, relève d’une prise de risque insensée. Puis, que peuvent proposer les banques classiques pour garder leurs clients ? Des placements ? Ils ne rapportent plus rien à cause des taux zéro ! Du crédit immobilier, c’est tout, et il finira certainement un jour ou l’autre par être "ubérisé".

Les épargnants vont apprendre à devenir résilients face aux crises financières et bancaires qui ne manqueront pas de survenir tellement les dettes publiques et privées gonflent partout dans le monde : du cash dans un établissement capable de résister aux crises (donc pas une banque), de l’immobilier, un peu de cryptomonnaie, et de l’or physique pour se protéger contre les risques bancaire et monétaire. Le dernier cri de la technologie et la monnaie la plus ancestrale, voici la bonne formule !

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