Après une dissolution dont personne n’a vraiment compris la rationalité, les Français ont voté en masse, et le second tour révèle une image très différente de celle du premier tour : le front républicain à "trop" bien marché, le Nouveau Front Populaire (NFP) vire en tête ! Avec 184 députés, il dépasse Ensemble et ses 166 élus, tandis que le Rassemblement National (RN) et ses alliés ciottistes comptent au total 143 représentants. On ajoute quelques députés des diverses droites, des diverses gauches, ainsi que des régionalistes ici et là. Personne ne détient la majorité. La force centrale tente de détacher les socialistes et les écologistes du NFP, mais cela ne suffirait pas pour constituer une majorité, et ces derniers n'ont aucune intention de quitter leur coalition de gauche.
Selon la règle des régimes parlementaires, le chef de l'État doit inviter un représentant du groupe le plus important, c'est-à-dire le Nouveau Front Populaire, à former un gouvernement. Ce gouvernement serait minoritaire, mais pour le renverser, il faudrait une motion de censure soutenue par les macronistes et le RN, ce qui semble peu probable, car cela briserait le fameux front républicain. Un tel gouvernement très marqué à gauche pourrait donc tenir trois ans, jusqu’à l’élection présidentielle. Et même si sa majorité très relative l’entravera, il pourra tout de même faire passer le budget (par 49-3) ainsi que plusieurs textes (par le vote ou en usant d’un 49-3 par session parlementaire).
Ce serait alors la soupe à la grimace pour les entreprises (hausse du Smic, blocage des prix des produits de première nécessité, fin des allègements de charge), pour les hauts revenus (nouvelles tranches d’impôts sur le revenu), les gros patrimoines (rétablissement de l’impôt sur la fortune), les propriétaires immobiliers (quasi-légalisation du squat, réquisition des logements vides). Une catastrophe économique.
Ce scénario d’un gouvernement très à gauche pourrait ne pas se réaliser : le NFP pourrait éclater et les macronistes s’allier avec les socialistes et les écologistes. Le parti du président pourrait également gouverner avec les LR indépendants pour constituer une petite et fragile majorité relative (la moins mauvaise des solutions). Cependant, la situation budgétaire critique, ainsi que le mouvement à gauche de l’Assemblée nationale, amèneront de façon quasi certaine des hausses d’impôts, la majorité présidentielle défunte étant désormais délivrée de cette promesse électorale. C’est la très mauvaise conséquence de cette dissolution précipitée, dont certaines rumeurs disent qu’elle a servi à masquer la faillite générale des comptes de l’État : le déficit budgétaire sur les 12 derniers mois ne se réduit pas ; au contraire, il atteint un record de 179 milliards d’euros. La situation semble hors de contrôle.
L’économie déjà moribonde est sur le point d'entrer en récession ; toutes les entreprises suspendent leurs projets d'investissement en attendant d'obtenir plus de clarté sur le gouvernement et ses orientations. Les agences de notation expriment déjà leur inquiétude ; Standard & Poor’s a averti le 8 juillet que la difficulté à former un gouvernement stable pourrait mettre en péril la note de la dette de la France, tandis que Moody’s, le 9 juillet, met en garde contre l'annulation de la réforme des retraites. Récession et augmentation d'impôts : voilà la formule perdante qui pourrait résulter de ces élections législatives anticipées…
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