Ouf, Standard & Poor’s n’a pas dégradé la note de la dette de la France le 1er juin ! Alors, tout va bien ? Non, loin de là. On peut même affirmer que la situation devient irrécupérable, mais que le gouvernement a su baratiner l’agence de notation, ainsi que la Commission européenne. Explications.

Le graphique des déficits budgétaires entre 1993 et 2022 récemment publié par l’INSEE est cruel : la France a été capable de réaliser un effort uniquement au moment du passage à l’euro, qui s’est étalé du 1er janvier 1999 (blocage des taux de conversion entre devises) au 1er janvier 2002 (mise en circulation de l’euro), et c’est tout. Depuis, c’est le grand n’importe quoi : les comptes dérapent, ou plutôt reviennent à la normale, dès 2002, pour ensuite s’effondrer lors de la crise des subprimes en 2007-2008, puis faire encore pire lors du Covid et de ses confinements.

 

 

Et le temps des taux zéro ou même négatifs est terminé. Désormais, avec la remontée des taux d’intérêt, qui fait exploser la charge d’une dette publique qui pèse 111% du PIB (accentuée par les obligations indexées sur l’inflation), l’espoir d’un retour à l’équilibre devient une chimère.

Mais la France maîtrise l’art de la parole, de la conviction peut-être, de l’esbroufe surtout. Elle a su convaincre, temporairement, une grande agence de notation que le retour, sinon à l’équilibre, du moins sous les fameux "3% du PIB", était à portée de main grâce aux "réformes". Il suffit d’ailleurs de voir le "Programme de stabilité" présenté par la France à la Commission européenne pour 2023-2027, détaillé par la Direction du Trésor. "Nous serons sous les 3% en 2027 (solde public), promis juré" :

 

 

On y croit : les dépenses publiques, alourdies par une charge de la dette qui franchira allègrement les 50 milliards d’euros, vont baisser de 57,5% du PIB en 2022 à 53,5% en 2027 ! 4 points de PIB, soit environ 100 milliards d’euros d’économies, dix fois ce que promet la réforme des retraites à horizon 2030… Et les prélèvements obligatoires vont rester stables, à 44,4% du PIB. Aucune augmentation d’impôt, promis ! Mieux encore : la France ne subira pas de récession alors que les prix de l’énergie, poussés à la hausse par les sanctions liées à la guerre en Ukraine et par la transition énergétique, vont détériorer notre compétitivité. Formidable !

Revenons à la réalité : la perpétuation et l’accroissement du déficit budgétaire va rendre la dette de 3 000 milliards d’euros de plus en plus insoutenable. La France est sur la voie de la Grèce de 2010. Les épargnants doivent en être conscients, la loi Sapin 2 sur l’assurance-vie et la directive BRRD sur la ponction des comptes bancaires risquent de se déclencher un jour ou l’autre…

La reproduction, intégrale ou partielle, est autorisée à condition qu’elle contienne tous les liens hypertextes et un lien vers la source originale.

Les informations contenues dans cet article ont un caractère purement informatif et ne constituent en aucun cas un conseil d’investissement, ni une recommandation d’achat ou de vente.