La Fed a maintenu ses taux directeurs entre 5,25 à 5,50 % pour la troisième fois de suite, à l'issue de sa réunion mercredi. Le marché anticipe désormais un pivot très net de la politique monétaire en 2024.

La tendance à la baisse sur le TNX a été cassée la semaine dernière et le retournement du MACD n'a pas eu lieu :

 

 

La Fed laisse entrevoir plusieurs baisses de taux d'intérêt en 2024.

Ce changement de perception sur les taux survient à un moment où l'inflation persiste à des niveaux élevés.

Un indicateur très suivi par la Fed repart même à la hausse.

Les services de base, hors inflation du logement, ont augmenté de 0,44% en glissement mensuel et atteignent le niveau alarmant de 5,3% sur une base annualisée. Cela dépasse largement le taux global de 3,1% et représente plus de 2,5 fois l'objectif d'inflation de la Fed.

La reprise de cet indicateur montre à quel point l'inflation demeure un phénomène durable auquel les autorités monétaires auront beaucoup de mal à faire face.

 

 

Malgré le recul notable de l'inflation grâce à la baisse des cours du pétrole, certains secteurs de l'économie américaine font encore face à des hausses de prix très importantes comparées à l'année précédente.

La production record de pétrole aux États-Unis est l'un des facteurs ayant contribué à la récente baisse des prix du pétrole au cours des dernières semaines :

 

 

Les cours ont retracé jusqu'à un niveau de support clé avant de rebondir en séance, en réponse au discours de la Fed :

 

 

La volatilité sur les marchés pétroliers est amplifiée par une augmentation significative du nombre de contrats négociés : le marché pétrolier attire de plus en plus de spéculateurs, qui prennent des positions de plus en plus larges sur les marchés dérivés.

 

 

Comme souvent pour les matières premières, l'expansion du marché papier contribue à accroître la volatilité à court terme.

En cas de reprise des prix du pétrole, les récentes baisses des niveaux d'inflation alimentaire constatées au cours des dernières semaines pourraient être brusquement interrompues.

Certaines matières premières ont achevé leur période de correction et entament une nouvelle phase de hausse, anticipant ainsi un nouveau cycle d'augmentation.

C’est notamment le cas du café :

 

 

Le cacao continue son envolée historique, en hausse de près de 75% depuis le début de l’année :

 

 

Dans le secteur des métaux, le cuivre reprend des couleurs :

 

 

Dans la foulée du discours de la Fed, quasiment toutes les matières premières ont réagi à la baisse du dollar, avec l'argent affichant la réaction la plus marquée :

 

 

Le signal de détente émis par la Fed pourrait-il raviver l'inflation à un moment où la première vague inflationniste persiste dans plusieurs secteurs de l'économie ?

En effet, les derniers chiffres de l'indice des prix à la consommation (CPI) réservent quelques surprises.

Les assurances automobiles ont augmenté de +19,2%, les coûts liés aux transports ont connu une nouvelle hausse de +10,1%, et les frais de réparation automobile ont progressé de 8,5%.

Le secteur des voitures d’occasion enregistre également une nouvelle augmentation des prix :

 

 

Ces chiffres doivent être mis en perspective avec le faible taux de pénétration des véhicules électriques sur le marché américain :

 

 

Le marché des véhicules électriques neufs ne suscite pas le même engouement qu'en Chine ou dans certains pays européens, ce qui pourrait expliquer la reprise du marché de l'occasion aux États-Unis.

Un autre secteur de l'économie américaine affecté par une inflation toujours significative est celui des loyers résidentiels, avec une augmentation de +6,9% ce mois-ci.

Les loyers aux États-Unis demeurent élevés, car le coût d'achat est nettement plus élevé en comparaison. Il est 52% plus cher d'acheter un logement que de le louer aux États-Unis :

 

 

Avec de tels chiffres, il n'est pas surprenant de constater que les niveaux de loyers restent à des niveaux très élevés dans le pays.

Le changement de ton de la Fed et l'espoir d'un pivot significatif surviennent alors que certains secteurs continuent de faire face à une pression inflationniste substantielle.

Pourtant, le discours de la Fed a radicalement changé en 15 jours. La posture jugée plus conciliante de Jerome Powell a entraîné une nouvelle chute du dollar. Cet affaiblissement du billet vert pourrait renforcer davantage les pressions inflationnistes persistantes dans de nombreux secteurs de l'économie.

En tout cas, le marché de l'or réagit à ce nouveau signal émis par la Fed.

Le bref passage du cours de l’or sous le support des 2 000 $ a été de courte durée. Après une forte correction d'environ 100 $ en quelques heures pendant la nuit du dimanche 3 décembre au lundi 4 décembre, l'or a rebondi de 50 $ dans les minutes qui ont suivi le discours de Jerome Powell le mercredi 13 décembre :

 

 

Le changement de ton de la Fed offre une perspective différente pour les métaux précieux : avec l'affaiblissement du dollar, les craintes de récession, la baisse des taux et la menace d'une reprise de l'inflation qu'un pivot de la Fed engendrerait, l'or a toutes les chances de reprendre sa tendance haussière dès l'année prochaine.

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