La banque danoise Saxo Bank s’est rendue célèbre en publiant tous les ans une série de dix "prévisions scandaleuses" censées bouleverser en profondeur nos sociétés pour l’année suivante.

L’exercice est difficile et ces pronostics s’avèrent rarement réalisés. Mais ils ont le mérite de pointer des problèmes, enjeux et rapports de force qui feront de toute façon partie de notre futur.

 

 

Trois des dix "prévisions scandaleuses" pour 2022 concernent la macroéconomie, et elles nous semblent tout à fait plausibles :

1. Report des plans visant à abandonner les énergies fossiles.

4. La spirale des salaires et des prix fait grimper l’inflation américaine à plus de 15%.

5. Annonce d’un superfonds européen pour le climat, l’énergie et la défense, financé par les régimes de retraite privés.

La transition énergétique coûte extrêmement cher (cf. ma note pour l’Institut Thomas More). L’installation massive d’éoliennes terrestres et en mer nécessite des subventions afin de compenser leur surcoût, de même que les véhicules électriques (le moteur thermique sera interdit à la vente dans l’UE à partir de 2035). Le report apparaîtra un jour inévitable, peut-être pas dès 2022 mais dans les années qui suivent. Cette transition à marche forcée fait monter les prix de l’énergie, donc l’inflation, et nécessite toujours plus d’argent public. Une façon de limiter la ponction fiscale sur les populations serait de réorienter l’argent des caisses de retraites vers "l’économie verte". Le rendement sera mauvais, mais à la limite pas pire qu’actuellement avec des taux d’intérêt réels qui plongent dans le rouge.

Aux États-Unis, la hausse de l’énergie et la difficulté à embaucher commence à provoquer une spirale prix-salaire. 15% d’inflation semble beaucoup, mais approcher les 10% n’aurait rien d’extraordinaire alors que plus de la moitié du chemin a déjà été parcouru.

Dans le même temps, la croissance va patiner. Le retour à la normale, après la crise du Covid, ne va pas se produire : on n’en a pas fini avec le virus, on parle désormais d'une 5e vague, en attendant la 6e, la 7e… Avec l’inflation qui rogne le pouvoir d’achat, la consommation ne sera pas très dynamique. Revoici la stagflation, que nous pensions révolue depuis les années 1970 !

Ajoutons une prévision pour 2022 ou 2023 : des faillites bancaires. Les banques actives sur les marchés financiers engrangent encore des profits, mais les pures banques de dépôt souffrent terriblement. L’argent déposé par leurs clients ne rapporte plus rien à cause des taux zéro. Pire, avec l’inflation qui redémarre, leurs clients deviennent franchement perdants et risquent d’aller voir ailleurs (actions, immobilier, cryptos, et or physique bien sûr). Nous observons déjà des "signaux faibles" : des banques de dépôts ferment des filiales à l’étranger (le néerlandais ING quitte la France, la néobanque allemande N26 quitte les États-Unis, etc.). Elles achètent seulement du temps, leur business model étant intrinsèquement déficient. Stagflation, risque bancaire, énième vague Covid... l'année 2022 ne s’annonce pas très encourageante.

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