Les tensions identifiées sur le Forex semblent s’être dissipées : vendredi dernier, le yen s’était envolé avant de subir une correction violente, probablement déclenchée par l’intervention de la BoJ.

Le coût de ces interventions se chiffrent entre 30 et 50 milliards $. Depuis le 21 octobre, la BoJ a encore plus dépensé que lors de sa dernière campagne d’intervention fin septembre.

Malgré les sommes massives mises en jeu, le yen n’a toujours pas réussi à casser sa tendance haussière de manière décisive.

 

 

Il en faut plus ! Plus d’intervention de la Boj, plus de relance !

Ce 26 octobre, le Japon a annoncé un nouveau programme de relance de 454 milliards $. Un effort équivalent à celui déployé lors de la dernière crise financière de 2008. Ce programme est lancé alors que la BoJ a déjà absorbé quasiment toutes les obligations émises par le gouvernement. Le marché obligataire japonais est totalement gelé, dépendant d’un seul acheteur. La monétisation de la dette est totale au pays du soleil levant.

C’est un peu comme si les autorités monétaires et fiscales japonaises n’avaient plus le choix : arrêter la politique monétaire entamée il y a 20 ans ferait s'écrouler l’ensemble du système financier nippon en supprimant l’acheteur de dernier recours. La seule solution est de continuer la monétisation de la dette, pour calmer les marchés, au moins à court terme.

Cette semaine, les projecteurs se sont donc détournés du Japon et se sont braqués sur la Chine. Il faut suivre ! On passe d’une crise à l’autre. Les cygnes noirs sont de plus en plus nombreux et s'enchaînent de plus en plus vite !

En début de semaine, les valeurs technologiques chinoises se sont effondrées :

 

 

Ce mouvement de dégagement fait suite à la recomposition du gouvernement chinois, qui est jugé moins favorable aux échanges avec les pays occidentaux.

Un autre élément est à prendre en compte au moment d'analyser la situation actuelle de la Chine : la salve de sanctions des États-Unis contre l’ensemble de l’industrie chinoise des semi-conducteurs.

Washington a annoncé début octobre des restrictions drastiques de ses exportations de puces électroniques vers l'empire du Milieu. Les États-Unis viennent également de durcir leurs règles de contrôle à l'exportation. L'objectif est d'empêcher encore un peu plus la Chine de fabriquer et d'acheter ses composants. Il est interdit aux entreprises américaines, mais aussi à celles qui travaillent avec les États-Unis, de commercer avec 31 sociétés chinoises. Les dernières sanctions en date interdisent à tout citoyen américain de participer au développement, à la production ou à l’utilisation de circuits intégrés dans une usine chinoise de puces électroniques.

Cette guerre technologique est en train de faire des ravages. Comme de nombreuses entreprises, la société YTMC a dû par exemple se séparer en urgence d’une grande partie de ses équipes.

N’essayons pas ici de faire de la géopolitique : je n’en ai ni les compétences, ni les capacités.

Essayons simplement de raisonner logiquement. Amputée de sa force d’action sur le marché des semi-conducteurs, la Chine pourrait accélérer ses projets d’invasion de Taiwan. Les microprocesseurs étant considérés comme le pétrole du 21ème siècle, elle a la possibilité de mettre la main sur un potentiel vital pour son développement, et ce à 150 km de ses côtes.

Sur le plan monétaire, une escalade géopolitique impliquant la Chine aurait des conséquences sur les échanges internationaux et surtout sur les monnaies utilisées dans le cadre de ces échanges. On a du mal à imaginer les États-Unis rester les bras croisés en cas d’invasion de Taiwan. Des sanctions financières seront probables, identiques à celles prononcées à l'encontre de la Russie.

Sommes-nous à la veille d’une complète dédollarisation des échanges avec la Chine ? Dans le cas d’un conflit avec Taïwan, il faudra se poser cette question cruciale. Et peut-être même l’anticiper.

La baisse de la demande en dollars dans les échanges internationaux aurait bien entendu des conséquences sur la valeur monétaire de l’or.

Même si, pour le moment, le rôle de l’or dans cette reconstruction monétaire est loin d’être évoqué, les achats d’or des banques centrales des BRICS semblent anticiper une remonétisation de l’or dans le nouvel environnement monétaire qui se dessine.

C'est comme si les BRICS achetaient une assurance pour se préparer à une éventuelle dédollarisation des échanges avec la Chine, qui reste et restera leur premier partenaire commercial.

La situation risque aussi d’avoir des répercussions notables sur les autres métaux.

Surtout que, dans un contexte de crispation internationale, l’administration américaine ne tergiverse pas longtemps avant de décider du jour au lendemain qui n’a plus le droit de commercer avec tel ou tel pays dans le monde.

L’executive order que le président Biden vient de signer à l’encontre de Daniel Ortega, chef de l’État Nicaraguayen, est un exemple de la radicalisation américaine. Cette décision inédite interdit explicitement aux personnes américaines d'approuver, de financer ou de faciliter toute transaction en lien avec une mine d’or du pays.

Mako Mining, que je suis depuis deux ans, est une société canadienne avec des géologues opérant avec des partenaires locaux. Mais le champ d’application de l’executive order est tellement large qu’il menace la continuité des opérations de la mine. Le titre a décroché de -50% en Bourse, et les autres dossiers miniers que je suis dans le pays ont connu à peu près le même sort.

En un claquement de doigt, une juridiction peut passer "d’investissable" à “non investissable”. Daniel Ortega paye ici bien évidemment son soutien à Poutine, et les conséquences de la décision américaine dépassent largement les propres affaires du dirigeant.

Mais imaginez ce qu’un conflit entre la Chine et Taïwan pourrait amener sur d’autres juridictions ayant des échanges vitaux avec la Chine. C’est un élément à prendre en compte de manière très sérieuse dans l’approche des financements d’un projet minier.

Révolution monétaire en cours, changement d’approche sur la qualification du risque de nombreuses juridictions. Le monde change vite et nous devons rester très vigilants dans notre approche d’investisseurs.

Rester vigilant ne signifie pas obligatoirement rester inactif.

Les revenus réels sont en train de s’effondrer, surtout en Europe. Observez par exemple la situation aux Pays Bas. Sur ce graphique, en vert, l’inflation, en bleu foncé, le niveau des salaires. La courbe bleu ciel représente le niveau réel des salaires résultant des deux données :

 

 

Les Hollandais gagnent 10% de moins que l’an dernier. On observe à peu près tous au même niveau d’appauvrissement en Europe.

Les Américains s’en tirent mieux, les salaires ayant plus progressé qu’ici.

En revanche, le marché immobilier américain inquiète. J’en ai parlé le mois dernier, en anticipant que les prix allaient démarrer leur correction (c’est surtout du fait des ventes des institutionnels). En Europe, le marché risque de geler. Par contre, la baisse des prix sera sans doute plus lente.

 

 

Le nombre de nouvelles mises en chantier s’effondrent, à une vitesse encore plus rapide que lors des précédents cycles de relèvement des taux. Les prix, eux, connaissent leur plus fort recul en variation mensuelle depuis 2008 :

 

 

Quand on connaît l’importance du marché résidentiel sur le niveau de la consommation américaine, il sera désormais très difficile d’éviter une récession en 2023 aux États-Unis.

Alors que la crise énergétique semble être moins dommageable que prévu à court terme en Europe, ces nouveaux nuages noirs aux États-Unis pourraient servir d'argument pour stopper la hausse du dollar.

L’indice DXY vient de casser un support haussier, mais il reste encore beaucoup de chemin pour casser la tendance haussière entamée en 2021.

 

 

L’or profite de ce repli du dollar pour respirer un peu. Mais là aussi, sans cassure décisive des 1 730 $, rien n’est joué pour la validation d’un changement de tendance. L’or est toujours autour de ses plus bas annuels en dollars, ce qui contribue toujours à la hausse des achats sur le marché physique.

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