L’Observatoire Crédit Logement vient de publier ses derniers chiffres sur le crédit immobilier en France, et ils sont plutôt inquiétants sur le plan de la solidité de notre système bancaire. Les taux des crédits immobiliers continuent de baisser, le dernier taux moyen constaté s’élève à 1,29%, le niveau le plus bas jamais atteint, un quart des emprunteurs décroche un taux à moins de 1% sur 20 ans. Ce taux moyen est quatre fois moins élevés qu’au début des années 2000, et 11 fois moins qu’à la fin des années 80 !

Mais surtout, ce taux moyen se situe à un niveau inférieur à l’inflation, une situation inédite depuis 1945. Cela veut dire que les banques françaises remplissent leur bilan de créances qui rapportent moins que l’inflation ! Même si l’opération génère tout de même une marge, car elles se financent à un taux inférieur, celle-ci demeure faible et se rétrécit d’année en année. Suffit-elle pour payer les frais de structure ? Si c’est encore le cas, la marge bénéficiaire, au final, s’avère minuscule. 

Pour les banques, le crédit immobilier sert de produit d’appel, ensuite elles proposent d’autres services (assurances, forfait de téléphone pour certaines…) et, de plus en plus, imposent des frais bancaires, dont le volume progresse d’année en année. Mais tout de même, cette baisse des taux immobilier constitue une menace pour la solidité des bilans bancaires.

La situation s’améliore-t-elle pour les emprunteurs ? On pourrait le penser avec cette baisse des taux qui rend le crédit objectivement moins coûteux, cependant, dans le même temps, les prix de l’immobilier augmentent, et les deux effets contradictoires s’annulent ! Il devient même de plus en plus difficile pour les ménages d’acquérir un logement si l’on en juge par l’allongement de la durée des prêts, 19 ans, un record, et 42% des prêts se font sur plus de 25 ans…

On voit ici concrètement les effets délétères de la politique monétaire laxiste menée par la Banque Centrale Européenne : à la fois une fragilisation des banques et une bulle immobilière. Tout le monde est perdant, les banques qui voient la rentabilité de leur cœur de métier s’effondrer, et les particuliers qui subissent la hausse continue des prix de l’immobilier. 

Dans la plupart des pays de l’OCDE, les prêts immobiliers se font à taux variable, ce qui expose les emprunteurs en cas de hausse des taux, au pire à la faillite, avec une crise économique à la clé, on l’a vu avec la crise des subprimes en 2008 aux États-Unis. En France, par contre, les prêts immobiliers se font à taux fixe, ce qui représente une vraie sécurité pour les emprunteurs, mais cela veut dire que le risque pèse du côté des banques, qui verraient la valeur de leurs créances immobilières chuter en cas de remontée des taux. Un actif qui ne rapporte quasiment rien verrait sa valeur s’effondrer, aggravant ainsi la crise…

Les taux-zéro détruisent la rentabilité des banques, et cette baisse record des taux immobiliers en France, passé l’effet positif d’affichage, largement illusoire nous l’avons vu, n’augure rien de bon.

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