Après des mois de négation de preuves, un trader de Deutsche Bank (au centre des accusations de fraude) basé à Singapour a finalement confirmé (en admettant sa culpabilité) ce que beaucoup de monde soupçonnaient : les plus grandes banques au monde ont conspiré pour manipuler les marchés de métaux précieux.
Le trader de Deutsche Bank, David Liew, a plaidé coupable, devant la cour fédérale de Chicago, d’avoir conspiré pour placer de faux ordres (spoofing) sur les contrats à terme sur l’or, l’argent, le platine et le palladium, selon des documents de la cour.
Après une période d’introduction, LIEW a été assigné au bureau de négociation des métaux (de base et précieux) vers décembre 2009. Durant la "période concernée", LIEW était employé par la banque A comme trader en métaux dans la région Asie-Pacifique, et ses fonctions principales incluaient la tenue de marché des métaux précieux et les transactions de contrats à terme.
Entre approximativement décembre 2009 et février 2012 (la "période concernée"), dans le district nord de l’Illinois, la branche orientale, et ailleurs, le défendeur DAVID LIEW a, en toute connaissance de cause et intentionnellement, conspiré avec d’autres traders en métaux précieux (or, argent, platine et palladium) afin de : (a) exécuter sciemment, et tenter d'exécuter, un plan et un artifice pour frauder, puis obtenir de l’argent et des biens au moyen de prétextes, représentations et promesses matériellement fausses et frauduleuses, et, dans la poursuite du plan visant à frauder, transmettre ou faire transmettre en toute connaissance de cause, dans le commerce interétatique et étranger, par communications électroniques, certains signes, signaux et sons, en violation du Title 18, United States Code, Section 1343, ce plan touchant une institution financière; et (b) de s’être, en toute connaissance de cause, engagé dans des transactions, pratiques, et conduites sur le et assujetties aux règles du Chicago Mercantile Exchange (CME), qui constituaient, avaient les caractéristiques de, et étaient communément connues par le marché comme du spoofing, c'est-à-dire le fait de placer un ordre ou une offre avec l’intention de l’annuler avant son exécution, occasionnant ainsi le transfert au CME des ordres de contrats à terme sur les métaux précieux que LIEW et ses complices avaient l’intention d’annuler avant leur exécution, et non dans le cadre d’une tentative légitime et de bonne foi d’exécuter une partie des ordres, en violation de Title 7, United States Code, Sections 6c (a) (5) (C) and 13 (a) (2), le tout en violation de Title 18, United States Code, Section 371.
L’employeur de LIEW, la banque A, était l’une des plus grandes sociétés de services bancaires et financiers au monde. Les principaux bureaux de négociation de métaux précieux étaient situés aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans la région Asie-Pacifique.
Le défendeur LIEW et d’autres traders en métaux précieux, incluant des traders de la banque A, ont conspiré pour commettre une fraude électronique affectant une institution financière et du spoofing, dans les transactions de contrats à terme sur les métaux précieux sur le CME.
Le défendeur LIEW a placé, et conspiré pour placer, des centaines d’ordres pour vendre ou acheter des contrats à terme sur les métaux précieux qu’il avait l’intention d’annuler et de ne pas exécuter au moment où il plaçait lesdits ordres (les spoof orders).
La banque A avait une équipe de traders qui opéraient aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans la région Asie-Pacifique. Tout au long de son mandat de trader en métaux à la banque A, le défendeur LIEW était supervisé par et interagissait avec les traders plus expérimentés de l’équipe. LIEW était supervisé par d’autres traders dans la région Asie-Pacifique et, dû à la nature du cycle de transactions de presque 24 heures, LIEW interagissait avec des membres de l’équipe de traders des États-Unis et du Royaume-Uni. C'est après avoir rejoint l’équipe de traders en métaux que LIEW a appris à faire du spoofing, une technique enseignée par d’autres traders de la banque A.
Le défendeur LIEW plaçait les spoof orders manuellement. C'est-à-dire que LIEW cliquait physiquement sur la souris ou les touches de son ordinateur pour y placer chaque spoof order, et qu’il cliquait physiquement sur la souris ou les touches de son ordinateur pour annuler l’ordre en question.
Une technique communément utilisée par le défendeur LIEW consistait à placer et annuler un ou plusieurs spoof orders d’un côté du prix courant sur le marché. L’objectif de ces spoof orders était de faciliter l’exécution d’un ordre principal existant de l’autre côté du marché. En plaçant des spoof orders à l'opposé de l’ordre principal, LIEW avait l’intention de créer une fausse apparence d’offre et de demande, et ainsi faire réagir les autres participants au marché à cette fausse information, afin de faire bouger le prix du marché et/ou d’augmenter la quantité disponible au prix désiré des contrats à terme concernés. Pendant que le spoof order était placé sur le marché, ou peu après qu’il soit annulé, l’ordre principal de LIEW de l’autre côté du marché s’exécutait souvent à un prix plus favorable que celui disponible avant que le spoof order ne soit placé.
Le spoofing coordonné impliquait un ou plusieurs autres participants. Lorsque ils s’engageaient dans du spoofing coordonné, le défendeur LIEW et/ou ses complices plaçaient un ou plusieurs spoof orders d’un côté du marché afin de faciliter l’exécution d’ordres principaux placés du côté opposé du marché, soit par LIEW ou un complice. Par exemple, LIEW plaçait un spoof order pour faciliter l’exécution d’un ordre principal placé par un complice, ou un complice plaçait un spoof order pour faciliter l’exécution d’un ordre principal placé par LIEW ou un complice.
Pendant et en poursuite de la conspiration, le défendeur LIEW s’est engagé dans du spoofing en solo ou du spoofing coordonné avec des traders de la banque A des centaines de fois.
Les procureurs ont rarement engagé des poursuites contre les spoofers, mais ils ont durci l’application des règles depuis l’adoption de la loi financière Dodd-Frank.
Deutsche Bank s'est refusée à tout commentaire.
Dans un post de juillet 2012, Liew indique avoir quitté le monde de la finance, pour créer une entreprise technologique…
« Un peu comme Vinicius, j’étais (et le suis toujours) dans ma troisième année après l’université, et menais une vie très confortable en tant que trader à Deutsche Bank. Ici, à Singapour (malheureusement), une certaine culture toxique s’est développée selon laquelle votre "succès" est à la mesure de votre salaire. Oui, j’avais un salaire annuel à six chiffres, oui, je faisais partie des plus gros salaires de mon groupe d’âge (j’aurai 27 ans cette année). Plusieurs gens me traitent de fou pour avoir tout envoyé balader, ce à quoi je répondrais : C’est ma vie, pas la vôtre. Merci quand même, et bonne chance à vous également. »
Source originale: Zerohedge
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