Un des principaux arguments avancés par votre banquier pour vous dissuader d’acheter de l’or est qu’il ne "rapporte rien", ni intérêt, ni dividendes. Cette parade a longtemps fonctionné, c’est vrai. Mais maintenant que les taux d’intérêt sont au plus bas et que les livrets bancaires et l’assurance-vie ne rapportent quasiment plus rien, vous pourriez lui retourner l’argument ! Mais il y a peu de chance que votre banquier vous réponde : "effectivement, gardez votre argent, mes produits ne rapportent plus rien".

Cet argument est, bien entendu, erroné : il faut comparer ce qui est comparable. Un billet de banque ne rapporte pas d’intérêt non plus. Il faut l’apporter à votre banque et l’investir dans un livret, un contrat d’assurance-vie ou un portefeuille d’actions. De la même façon, si vous prêtiez votre or à une entreprise (qui a besoin de liquidité, qui doit payer un fournisseur qui préfère de l’or, ou autres cas), celle-ci vous verserait alors un intérêt, évidemment.

Mais immédiatement se pose la question du risque : si cette entreprise fait faillite, je perds mon or. Et on comprend que l’intérêt (ou le dividende) est la contrepartie du risque. Quand vous mettez votre argent à la banque dans des produits financiers divers, du simple livret à des placements élaborés, vous prenez un risque, celui de perdre tout ou une partie de votre capital. Pendant longtemps – en fait depuis la crise de 1929 – cette possibilité avait disparu du paysage, mais elle est réapparue en force depuis la crise de 2008. Celle-ci fut déclenchée par la faillite d’une banque (Lehman Brothers), et bien d’autres ont connu le même sort ou ont été sauvées in extremis, de Northern Rock à la Banco Espirito Santo. Les Etats eux-mêmes peuvent faire défaut et ruiner les épargnants, on l’a vu à Chypre, ou encore une fois être sauvés au dernier moment, sans régler le problème d’une dette trop lourde, on le voit avec la Grèce.

Alors pour ceux qui veulent éviter des placements rapportant un – faible – taux d’intérêt et qui peuvent ramener le capital investi à zéro ou presque si l’Etat fait défaut, il reste les actions. Celles-ci rapportent, effectivement, mais il faut bien être conscient du risque. Sur l’échelle du Dow Jones, nous sommes en haut du troisième sommet depuis deux décennies, les deux premiers ayant été suivis de descentes vertigineuses (éclatement de la bulle Internet en 2000, crise des sub-primes en 2008)… Le couple rendement/risque est inséparable : il faut l’arbitrer avec finesse et lucidité. Et en ce moment, le rendement globalement faible des placements financiers rémunère très peu des risques élevés et généralisés : bulle boursière, Etats surendettés, banques en difficulté. Le risque systémique est bien présent.

C’est d’ailleurs pour cette raison que les banques centrales font tout pour maintenir au plus bas les taux d’intérêt. Les épargnants sont perdants, mais les Etats surendettés ne veulent surtout pas voir exploser la charge de leur dette, ni les banques devoir se refinancer plus cher, ce qui en plongerait beaucoup dans de graves difficultés ; et, au final, ce sont eux qui décident.

C’est à ce moment que réapparaît l’or. Enfin de l’or il faut toujours en avoir, mais d’autant plus quand le risque systémique est élevé. Parce que l’or ne fait pas faillite, lui, il ne coule pas. Du côté du capital, de la capacité à sécuriser un patrimoine sur le long terme, on est tranquille. Pour le reste – le rendement – si l’or ne rapporte pas d’intérêt, il a un prix, un cours plus exactement, qui peut fortement monter quand les actifs et les monnaies sont dévalués ou en crise. Donc, au final, oui, l’or peut "rapporter" et, au minimum, il sécurise un patrimoine. Qui dit mieux ? Posez la question à votre banquier.

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