La semaine dernière, lorsque la banque centrale chinoise a annoncé détenir 1.658 tonnes d’or, toute la presse économique fit les gros titres sur cette nouvelle en marquant sa stupéfaction devant une progression si importante depuis 2009, date du dernier chiffre officiel connu, soit 1.054 tonnes. +57% en six ans, fallait-il s’étonner. Mais ce chiffre n’a rien d’impressionnant, cela fait un peu moins de 8% de progression par an, comme le chiffre (lui aussi officiel) de la croissance du PIB. Sans prendre de risque, nous faisons le pari que ce chiffre est faux, qu’il demeure largement sous-estimé, et que la presse manquera de superlatifs lorsqu’une prochaine annonce officielle sera plus proche de la réalité.
La Chine extrait 400 tonnes d’or tous les ans et rien ne sort de pays, qui importe dans le même temps un peu moins de mille tonnes par an selon diverses estimations. Même si tout ne finit pas dans les coffres de la Banque centrale, la réalité se situe bien au-dessus des 1.658 tonnes annoncées. En 2009, un groupe de fonctionnaires et d’économistes se réunirent pour discuter des mesures à prendre afin d’augmenter les réserves d’or du pays, en suggérant qu’elles devaient atteindre 6.000 tonnes dans les 3 à 5 années suivantes, voire 10.000 tonnes dans les 8 à 10 ans. Voici l’ordre de grandeur qu’il faut garder à l’esprit.
Mais Pékin ne veut pas abattre cette carte maintenant. Cela ne servirait à rien, toutes les banques centrales à travers le monde font du Quantitative easing, y compris la POBC (People's Bank of China), et l’inflation ne surgit pas, les gens ont confiance et ne fuient pas devant le papier-monnaie. A quoi bon parler d’or ? Il sera bien temps lorsque la défiance apparaîtra et qu’il faudra établir le yuan sur de solides bases. En attendant, silence.
Le chiffre officiel de la croissance du PIB (7%) est tout aussi faux. Selon une étude de la Banque Natixis, qui se base sur des données réelles comme la consommation d’électricité, le trafic de fret ou les importations, il serait plutôt de l’ordre de 2% seulement. Un sévère ralentissement qui commence à se voir du côté des principales bourses du pays, Shanghai et Shenzhen, qui enregistrent plongeon sur plongeon. Le pouvoir fait comme il peut pour freiner la dégringolade, y compris en suspendant la cotation de plus de la moitié des actions !
Le "communisme de marché" de la Chine ne semble finalement pas très différent de ce que l’on peut voir dans les autres pays industrialisés avec un Etat très interventionniste (niveau élevé des dépenses publiques, planche à billets), des indices manipulés (le taux de chômage US n’est pas moins mensonger que le PIB chinois), des marchés actions au plus haut et un ralentissement économique que l’on cherche à masquer à tout prix. Une situation instable qui mêle bulles et déflation, et porte le risque d’un krach majeur. En attendant il faut, pour la Chine comme les autres pays, savoir distinguer les effets d’annonce d’une réalité plus complexe et pas très reluisante.
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