À la retraite mais toujours actif, Ron Paul (né en 1935) est un personnage important de la vie publique américaine : élu à plusieurs reprises au Congrès sous l’étiquette républicaine, il a concouru à l’élection présidentielle sous les couleurs du Parti libertarien. Il a demandé un audit des réserves d’or de Fort Knox sans jamais obtenir satisfaction, et cette cause l’a rendu célèbre. Également économiste réputé, il est un adepte de l’École autrichienne et un fervent défenseur de l’étalon-or.

Cet esprit iconoclaste vient de lancer une excellente idée : il recommande en effet que "le mouvement pour la défense de la liberté capitalise sur le Brexit en lançant Fed-exit". Il ne s’agit pas au sens propre de "sortir" de la Fed, autrement dit de la supprimer pour revenir à la situation antérieure (1913), c’est-à-dire l’étalon-or – bien que ce ne soit pas l’envie qui lui manque – mais au moins, dans un premier temps, de restreindre considérablement les pouvoirs de la Banque centrale américaine. Selon Ron Paul, le Congrès devrait limiter drastiquement la capacité de la Fed à intervenir sur les marchés financiers, à acquérir des bons du Trésor et à manipuler les taux d’intérêts. Il faudrait dans le même temps instaurer la liberté monétaire et autoriser toutes les devises à circuler (pièces en or ou en argent, monnaies électroniques, etc.)

Car, ainsi que l’ont compris Ron Paul et les économistes "autrichiens", ce sont précisément ces interventions qui amplifient la crise, sous couvert de la solutionner ou de gagner du temps. La planche à billets des banques centrales et leur politique de taux zéro n’aboutissent qu’à gonfler le volume de la dette dans l’économie, par conséquent à la rendre plus instable et à accroître le risque de faillite. Lors de la prochaine crise financière, il n’est pas du tout certain que les banques centrales parviendront à sauver le système bancaire et, d’ailleurs, des dispositions ont été prises pour se servir dans les poches des épargnants, nous en avons déjà amplement parlé (directive BRRD, loi Sapin 2).

Alors à notre tour, lançons cette idée en Europe et demandons le BCExit ! Non pas la sortie de l’euro (si c’est pour revenir à des monnaies nationales tout autant manipulées, non merci), mais la réduction draconienne des pouvoirs de la Banque centrale européenne. Interdisons "l’assouplissement quantitatif" (QE) qui consiste à racheter la dette des États et à rendre ainsi leurs déficits indolores, sortons des taux zéro, véritable cancer monétaire qui tue l’épargne, et autorisons les monnaies alternatives (vous voulez échanger en pièces d’or, en bitcoins, en francs suisses, libre à vous). Les pouvoirs de la Fed et de la BCE sont devenus exorbitants, les déclarations de Janet Yellen et de Mario Draghi sont décortiquées comme l’oracle de Delphes jadis... tout ceci est ridicule et malsain, les banques centrales pervertissent les marchés, les anticipations, les comportements.

Aux États-Unis les choses commencent à bouger. Le Texas vient de créer sa réserve d’or, concurrente de celle de la Fed donc, et le Kansas envisage d’exempter de taxes toutes les ventes d’or, d’argent et de métal précieux afin qu’ils puissent servir de monnaies. C’est un début, mais le combat s’annonce long et difficile… En attendant, la meilleure façon de faire son "BCExit" tout de suite dans son coin consiste à acquérir de l’or physique, nous le savons. Mais tentons également de relever ce défi et de dénoncer la toute-puissance des banques centrales, il en va de l’avenir de notre économie tout entière.

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