La principale autorité de réglementation financière allemande a déclaré que la manipulation des taux de change et des prix des métaux précieux est pire que le scandale du LIBOR, qui a déjà entrainé des amendes d’environ $6 milliards.
Ces allégations au sujet des marchés des devises et des métaux précieux sont « particulièrement sérieuses, parce que de telles références de valeur sont typiquement basées, contrairement au LIBOR et au EURIBOR, sur des transactions dans des marchés liquides, et non sur des estimations de banquiers », a déclaré Elke Koenig, la présidente de la Bafin, basée à Berlin, dans un discours à Francfort.
Koenig est le premier régulateur financier mondial à commenter publiquement les enquêtes, alors que les faits découverts sur le LIBOR ont entrainé des enquêtes sur d’autres indices de référence. Joaquin Almunia, chef de l’organisme antitrust de l'Union européenne, a déclaré cette semaine que les premiers regards portés sur la manipulation possible des marchés de change laissent entrevoir des pratiques similaires à celles constatées par l’autorité de réglementation lors de la manipulation du LIBOR.
Les investisseurs devraient prendre une position vendeuse sur Deutsche Bank AG (DBK), à cause des enquêtes sur la manipulation des devises et de la fin du rally des actions bancaires, a déclaré la Berenberg Bank « Les enquêtes des autorités de réglementation sur les transactions de change par la banque constituent un risque significatif, étant donné que la Deutsche Bank est le plus grand broker des marchés de change », selon Berenberg.
Enquête de la Bafin
La Bafin a déclaré cette semaine qu’elle enquêtait sur les transactions de change, se joignant aux régulateurs du Royaume-Uni, des États-Unis et de la Suisse, qui examinent l’hypothèse selon laquelle il y aurait eu une collusion entre les traders des plus grandes banques mondiales pour manipuler les taux WM/Reuters, utilisés par les gestionnaires de fonds pour déterminer la valeur des actifs détenus en devises différentes.
Au moins une douzaine de sociétés ont été contactées par les autorités et plus de 13 traders ont été suspendus, licenciés ou mis en congé dans le cas des devises. Les régulateurs examinent comment les traders, qui communiquaient dans les groupes de messagerie instantanée, échangeaient des informations sur les ordres des clients et s’entendaient sur la manière d’échanger à l’heure du "fix", ont déclaré cinq personnes ayant connaissance des investigations.
« Que ce sujet suscite une telle réaction publique se comprend », a dit Koenig. « Le secteur financier dépend de la confiance commune dans son efficacité et, dans le même temps, son honnêteté. Les taux de référence semblaient être au-delà des doutes, et maintenant, on allègue qu’ils puissent avoir été manipulés ».
Deutsche Bank
Les enquêteurs de la Bafin ont interrogés des employés de la Deutsche Bank au sujet de la manipulation possible des prix de l’or et de l’argent, selon les déclarations d’une personne proche du dossier. L’autorité de réglementation du Royaume-Uni, la Financial Conduct Authority, se penche également sur l’indice de référence de l’or dans son enquête sur la fixation des taux.
Des sociétés, incluant Barclays Plc (BARC) et UBS AG (USBN), ont reçu des amendes pour avoir manipulé le LIBOR et d’autres taux reliés. L’Union européenne a exigé des amendes de six sociétés, incluant Deutsche Bank et Société Générale (GLE), pour un montant record de 1,7 milliards d’euros ($2,3 milliards), en décembre, pour avoir manipulé les taux. Dix personnes sont aussi accusées dans des enquêtes criminelles parallèles aux États-Unis et au Royaume-Uni.
Une proposition de la Commission européenne de réglementer les indices de référence est « un pas dans la bonne direction, mais ne va pas assez loin », selon Koenig. Selon elle, on fait trop confiance au self-control, ajoutant que le courtage sur les marchés des changes et des métaux précieux est « décentralisé et, en grande partie, bi-latéral, et non sur des bourses ou des plateformes similaires », rendant ces transactions difficiles à surveiller.
Source originale: Bloomberg
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