Sombre perspective : l’inflation va rester durablement élevée en Europe. Nous le disons depuis longtemps. Une étude de Natixis va dans ce sens et distingue plusieurs facteurs (que nous reclassons par ordre d’importance) qui alimentent une hausse des prix à long terme :

  • la transition énergétique ;
  • la tension forte sur le marché du travail, particulièrement dans la zone euro avec le recul de la productivité du travail ;
  • des obstacles au commerce mondial ;
  • les relocalisations industrielles.

Le pire est la transition énergétique, car elle fait irrémédiablement grimper le prix de l’électricité. Les énergies renouvelables étant intermittentes, elles doivent en effet être largement subventionnées. La France pourrait se contenter du nucléaire et de quelques centrales au gaz lors des pics de consommation l’hiver, mais non, nous devons implanter des éoliennes sur terre et en mer pour suivre les directives de l’UE et son Green Deal…

Deuxièmement, l’inflation pousse les salariés à demander des hausses de salaire. Cela ne poserait pas vraiment de problème si la productivité du travail s’améliorait d’année en année, mais ce n’est plus le cas, spécialement depuis la crise du Covid. Plusieurs explications sont avancées par les économistes, qui tournent autour d’un découragement des travailleurs et d’une implication en baisse qui se traduit notamment par une persistance du télétravail.

Bien que cela soit un facteur à prendre en compte, nous estimons que la principale raison réside dans la transition énergétique qui renchérit le coût de l’énergie, impactant ainsi tous les secteurs, ainsi que dans l'allocation de sommes considérables vers les éoliennes, les panneaux solaires, la voiture électrique, la décarbonation etc., c’est-à-dire des activités à la rentabilité négative (les subventions sont nécessaires et vitales). En fin de compte, les hausses de salaires sans gains de productivité obligent les entreprises à relever leurs prix, la boucle prix-salaires se met en place, un phénomène communément appelé "inflation de second tour".

Les sanctions commerciales augmentent le prix des biens importés, comme nous le voyons en Europe avec les mesures prises contre la Russie suite à son invasion de l’Ukraine. Nous payons le gaz (le GNL américain) bien plus cher que le gaz russe !

Enfin, les relocalisations industrielles renchérissent les biens fabriqués, même si le souci de réindustrialisation est louable et nécessaire. Cela dit, on y revient, réindustrialiser en faisant exploser le prix de l’énergie via la transition et les sanctions est une cause perdue d’avance.

Bref, une inflation significative va s’installer en zone euro (de 2 à 4% en rythme de croisière, plus en cas de choc sur les matières premières), ce qui aura deux conséquences majeures :

  • une baisse du pouvoir d’achat, la stagnation de la productivité du travail ne permettant pas des gains réels ;
  • des taux d’intérêts qui resteront significatifs, ce qui pèsera sur l’immobilier (ce n’est pas le moment d’investir !) et rendra le coût de la dette élevée pour les pays endettés, au premier rang desquels la France.

On le comprend ici, l’inflation ne tombe pas du ciel (ou de Poutine, du pétrole, etc.), comme aimerait nous le faire croire les gouvernements. Elle provient d’abord de nos défaillances. C’est un révélateur. Il faut faire preuve de lucidité et savoir se remettre en cause. En avons-nous les ressources ?

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