Michel-Edouard Leclerc, le président des centres Leclerc, ne croit pas aux chiffres de l’Insee sur l’inflation : il a déclaré le 11 janvier sur RMC que "L'Insee prévoit une inflation de 2,8%, je l'imagine plutôt à 4% pour 2022". Ce chiffre est plus cohérent avec les autres pays membres de la zone euro, que ce soit l’Italie (4,2%), l’Allemagne (5,7%), l’Espagne (6,7%), sur les douze derniers mois selon Eurostat, qui enregistre même des taux à deux chiffres en Lituanie (10,7%) et en Estonie (12%).
"L'Insee prévoit une inflation de 2,8%, je l'imagine plutôt à 4% pour 2022".
— RMC (@RMCinfo) January 11, 2022
Michel-Édouard Leclerc, président des centres E. Leclerc. #ApollineMatin pic.twitter.com/VlWbI29JoW
Comme expliqué dans mon livre Pouvoir d’achat : le grand mensonge (2018), l’organisme statistique officiel minimise la hausse des prix essentiellement de deux façons :
- En excluant quasiment l’immobilier, qui pèse seulement à hauteur de 6% dans le "panier de la ménagère" servant à calculer l’inflation. Pourquoi ? L'acquisition de logement étant considérée comme un investissement, il ne figure donc pas dans "l’indice des prix à la consommation" (un raisonnement spécieux puisque le logement principal ne rapporte pas, contrairement à un placement. Il coûte même, et la plus-value ne sert à rien si on se reloge en plus grand dans la même ville).
- En inventant un très fumeux "effet qualité" : votre smartphone vous coûte plus cher que le précédent, cependant, les experts-statisticiens estiment qu'il est plus puissant. Par conséquent, "vous en avez plus pour votre argent" et l'Insee rentre un prix inférieur au prix public dans la base de données… Cela marche aussi pour les jus de fruit, etc., un quart des produits de l’indice !
Les bidouillages en tout genre doivent tourner à plein régime en ce moment pour nous sortir une hausse des prix sur les douze derniers mois de seulement 2,8% ! Minorer l’inflation est très utile : ça permet de faire croire que le pouvoir d’achat (salaires – hausse des prix) augmente, ou du moins limite sa perte, et d’autre part, ça gonfle artificiellement la croissance du PIB (hausse en valeur nominale – "déflateur du PIB", l’inflation des composantes du PIB). D’ailleurs, la France affiche une prévision de croissance totalement délirante de 6,7% pour l’année 2021 (plus du double de l’Allemagne, quelle blague). Qu’il y ait un effet de rattrapage, d’accord, mais atteindre les chiffres records des Trente Glorieuses, qui peut le croire ?
Le Français qui fait ses courses n’est pas vraiment dupe de ces 2,8%, il voit la note passer dans son porte-monnaie. Il constate aussi comment son épargne est rognée : avec une inflation "réelle" à 4% selon Michel-Edouard Leclerc (et on est gentil), son Livret A perd plus de 3% de sa valeur dans l’année. Quasiment toute l’assurance-vie est dans le rouge à ce taux-là. Préserver son capital va devenir de plus en plus difficile… L’or physique permet de protéger son pouvoir d’achat sur la longue durée, nous l’avions montré lors de la sortie du livre en 2018. Il existe d’autres placements, plus volatiles (actions, cryptos) et plus bullaires (actions, immobilier). Le choix devient plus complexe.
L’inflation est déjà un mal destructeur en soi, mais son occultation partielle renforce sa nocivité en trompant les acteurs économiques sur sa valeur réelle. Il faut le savoir, les États manipulent la planche à billets, mais aussi la mesure de la hausse des prix qui en résulte. Face à ce mensonge, le consommateur-épargnant doit de plus en plus compter sur lui-même.
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