Alerte sur la "pierre papier" : le groupe Pierre et Vacances/Center Parcs vient d’annoncer un gel du versement des loyers et l’ouverture d’une "procédure de conciliation" avec ses investisseurs. À cause des confinements et de la fermeture des lieux collectifs, les clients ont tout simplement disparu, l’argent ne rentre plus, et la structure ne peut plus payer les épargnants qui lui avaient fait confiance. Les SCPI (Société civile de placement immobilier), les structures de placement collectif dans l’immobilier, qui semblaient jusqu’ici un placement de "bon père de famille", sont touchées de plein fouet, du moins celles actives dans le tourisme.

Simple accident de parcours qui sera effacé une fois le retour à la normale, ou indice d’un changement structurel ? Qu’en sera-t-il de l’immobilier dans les années à venir ? D’un côté, la planche à billets de la Banque centrale européenne (BCE) alimente toutes les bulles, au premier rang desquelles les marchés actions qui volent de record en record, comme si la crise du Covid n’avait jamais existé… L’immobilier fait aussi partie des potentiels "réceptacles" des liquidités monétaires, comme l’a montré la crise des subprimes. Mais cette fois, il ne semble pas que ce soit le cas. Enfin, il faut moduler, les situations s’avèrent très disparates selon les pays, les législations, la plus ou moins grande cherté du logement, un droit de la construction plus ou moins aisé, l’accès au crédit bancaire, etc. Mais en France, et spécialement à Paris (un marché à la fois national et international), les prix se sont légèrement repliés en 2020.

Simple pause ou changement de tendance ? Les perspectives ne penchent pas en faveur d’une augmentation des prix car des changements structurels sont à l’œuvre : développement du télétravail, diminution corrélative des surfaces de bureau, circulation engorgée et quasi-bannissement des véhicules (et donc départ les familles), coût de la vie prohibitif. La métropole perd de son attrait, une mutation culturelle se produit.

Et puis il y aura l’impact de la crise du Covid. Pour le moment nous sommes comme le Coyote de Bip-Bip qui court au-dessus du vide sans s’en rendre compte. Le chômage partiel maintient les revenus à leur niveau antérieur alors que le PIB a chuté de plus de 8% en 2020. Mais ces versements vont s’arrêter et combien de salariés retrouveront leur entreprise ? Les indépendants (restaurants, professions libérales) sont durement touchés par la crise, et beaucoup sont caution sur leur appartement, les ventes forcées feront baisser les prix.

Les pas de porte des restaurants vont voir leur prix s’effondrer, ceux des commerces suivront le mouvement, les bureaux en surnombre seront obligés de concéder des remises, le parc immobilier lié au tourisme mettra des années à se relever, tandis que les faillites, la baisse générale des revenus et les changements de comportement feront baisser l’immobilier pour les particuliers, du moins à Paris et dans certaines métropoles. Voilà ce qui semble se dessiner aujourd’hui.

L’investissement immobilier, quelle que soit sa forme, ne semble donc pas judicieux aujourd’hui. Il faut plutôt parier sur une correction qui, en France, pourrait être sévère seulement après l’élection présidentielle, le pouvoir ayant tout intérêt, jusque-là, à maintenir une économie en apesanteur à coup de subventions.

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