Le gouvernement dirigé par François Bayrou vient d'être dévoilé. Que faut-il en attendre sur le plan économique ? Dans ce domaine, on assiste à un grand coup de balai : Antoine Armand, trop jeune et inexpérimenté, quitte Bercy sans être réaffecté ailleurs. Une sanction sévère pour celui qui n’a pas su s’imposer lors des débats sur le budget 2025 et qui a subi la motion de censure ayant condamné le gouvernement de Michel Barnier. Il sert de fusible. Son compère au budget, Laurent de Saint-Martin, s’en tire mieux avec un poste qui ne sert pas à grand chose (ministre délégué au commerce extérieur), qui lui permet toutefois de conserver certains avantages matériels tels qu’un véhicule avec chauffeur.
C’est un profil technique qui atterrit au ministère de l’économie avec Éric Lombard, actuel directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations. Lui au moins, il connaît le sujet, ne serait-ce que parce que la CDC détient beaucoup de dette d’État… Grâce aux participations qu’elle détient dans des entreprises cotées, la Caisse occupe une position centrale dans le capitalisme français, et son dirigeant est un homme bien informé. Extérieur au monde politique, il n’est pas tenu par un plan de carrière, et quand il faut prendre des décisions difficiles, c’est une force. Il sera secondé au budget par Amélie de Montchalin, ancienne ministre et, depuis 2022, représentante de la France auprès de l’OCDE, une organisation internationale connue pour professer des politiques de libéralisation et de baisse des impôts, dont la France aurait bien besoin.
Faut-il interpréter la nomination de ce duo comme un virage plus libéral, allant vers une réelle baisse des dépenses publiques et le refus de toute hausse d’impôts ? Ne rêvons pas, mais ce casting invite à plus d’optimisme que le précédent. Les hausses d’impôt ne semblent pas constituer pas la voie unique, comme s’y était rendu le précédent gouvernement au fil des discussions budgétaires. Et rappelons que François Bayrou a marqué, le 20 décembre, ses réticences face à la taxe sur les superprofits. "Le trésor national c’est les entreprises" affirme-t-il sur BFMTV le 23 décembre, et lance "priorité à la baisse de la dépense publique improductive". Très bien.
Citons néanmoins les points négatifs, à commencer par la confirmation d’Agnès Pannier-Runacher au ministère de la transition écologique, ce qui veut dire continuer à implanter des éoliennes sur terre et en mer, et donc à faire encore augmenter le coût de l’électricité, un boulet au pied des entreprises françaises. Notons également la disparition de Guillaume Kasbarian, ancien ministre du logement, qui avait applaudi à la création du DOGE par Elon Musk (un organisme créé pour sabrer les dépenses publiques), ce qui avait ulcéré la gauche. Dommage.
Maintenant, cette coloration légèrement libérale, plus que l’ancien gouvernement tout du moins, risque de ce fracasser sur le mur de la dette, sur l’urgence du déficit, sur une possible crise de confiance des investisseurs internationaux. Face à la crise qui menace, il aurait fallu un gouvernement de combat. Ce n’est pas le cas. Fondamentalement, la division en trois blocs de l’Assemblée nationale rend une telle configuration impossible.
Conclusion : espérez, éventuellement, mais ne vous reposez en aucun cas sur un pouvoir qui a depuis longtemps lâché prise et qui se contente de limiter les dégâts. Ce gouvernement marque une prise de conscience trop limitée, celle-ci nous sera, je le pense, imposée par l’extérieur, par les marchés. L’année 2025 va être mouvementée.
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