L’INSEE vient de publier les comptes publics pour 2022 : le déficit public s’élève à 4,7% du PIB et la dette publique à 111,6% du PIB. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, s’est empressé de se réjouir du fait que le déficit demeure sous la barre des 5% du PIB et que la dette publique ne franchisse pas le seuil symbolique des 3 000 milliards € (2 950 €), en vantant la "résilience de l’économie française"… Comme un écolier fier de présenter à ses parents un bulletin de notes tout juste à la moyenne, Bruno Le Maire a la vantardise facile. Car si les chiffres se révèlent un peu moins mauvais que prévus, cela s’explique uniquement par le fait que l’État est le premier profiteur de l’inflation en France, mais pas du tout par une meilleure gestion de l’argent public.
En effet, les recettes de l’État ont bondit de 7,3% en 2022, soit 95,7 milliards € en plus dans les caisses, après +8,3% en 2021 ! Un chiffre qui correspond à l’inflation connue par le pays en 2022, 5,2% officiellement (un chiffre sous-estimé par l’INSEE, comme le démontre également cette progression des recettes). Les recettes de TVA ont grimpé de 8,1% (soit +14,9 Md€), "notamment en raison de l’accélération des prix à la consommation et aussi de la progression en volume de la consommation des ménages" précise l’organisme statistique national.
Du côté des dépenses, la gabegie continue avec une hausse de 4%, soit 58,6 milliards € supplémentaires, ce qui les porte à 58,1% du PIB. La machine étatique n'a fait aucun effort, avec des dépenses de fonctionnement en progression de 5% en 2022. Par contre, comme en 2021, l’important poste des prestations sociales a augmenté de seulement 1,1%, soit 7,5 milliards €. Et voici comment l’État est – pour le moment – gagnant avec l’inflation : ses recettes suivent de près les hausses de prix (la TVA notamment), tandis que ses dépenses sociales sont indexées avec retard et imparfaitement. Tant pis pour les pauvres !
Mais cela ne va pas durer. Cet effet retard dans les prestations sociales sera rattrapé, même partiellement, et le "bénéfice" de l’inflation s’estompera alors. Pire, la charge de la dette va s’alourdir à cause des obligations indexées sur l’inflation (une véritable bombe à retardement), d’autant que l'État français continue d’en émettre, contre toute logique. L’INSEE perçoit le danger : "La charge d’intérêts de la dette accélère vivement en 2022 (+15,1 milliards € soit +39,7%, après +5,3 milliards € en 2021). Cette hausse est presque intégralement liée aux titres indexés sur l’inflation (OATi et OAT€i). La charge d’intérêts s’établit en 2022 à 53,2 milliards € et représente 2,0% du PIB, son niveau le plus élevé depuis 2016."
Ce résultat, tout juste un peu moins pire que prévu (124,9 milliards € de déficit public en 2022, tout de même), ne doit donc rien à une meilleure gestion des fonds publics, mais tout à l’influence positive transitoire de l’inflation, qui va bientôt disparaître. Allez Bruno, encore en effort !
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