Nous avons déjà parlé de la crise bancaire qui agite l’Italie, avec ses 360 milliards d’euros de créances douteuses, soit l’équivalent de 22% du PIB, un montant démesuré qui fait craindre le pire. La situation s’est provisoirement stabilisée suite à un deal entre le chef du gouvernement et Bruxelles : un plan d’aide de l’État italien a été négocié le temps de passer le référendum constitutionnel du mois d’octobre où Matteo Renzi jouera sa tête. S’il l’emporte, il pourra encore jouer la montre, sinon la crise politique précipitera les choses…
En prévision, il importe de savoir quel pays subirait le choc le plus important à la suite d’un effondrement du secteur bancaire italien. C’est sans conteste la France, très largement devant les autres pays européens. Selon les chiffres de la Deutsche Bank et de la Banque des règlements internationaux, les engagements globaux de l’économie française envers sa voisine italienne, pour les banques ainsi que le secteur privé non financier, s’élèvent à plus de 300 milliards d’euros, soit largement devant le pays qui arrive en deuxième position, l’Allemagne, avec une centaine de milliards d’euros. Les deux économies sont en effet largement imbriquées, d’ailleurs plutôt au profit de la France qui est régulièrement accusée, dans la péninsule, de racheter les pépites de l’industrie locale dans le luxe, les télécoms, outre des participations importantes dans l’assurance et les banques. S’il ne faut pas trop s’inquiéter pour la santé des marques de luxe acquises par les Français LVMH et Kering (Fendi, Bulgari, Gucci, Brioni, etc.), les engagements dans le secteur bancaire et l’assurance risquent de coûter très cher en cas de crise financière.
Une grave crise bancaire italienne se transmettrait donc immédiatement à la France, et c’est ainsi toute la zone euro qui tremblerait. Mais, bien sûr, on pourra compter sur Mario Draghi qui activera les rotatives de la Banque centrale européenne pour tenter de noyer sous un déluge de liquidités les trous béants des bilans bancaires. Il n’est cependant pas sûr que cela suffise, tant la solvabilité et la crédibilité des banques italiennes et françaises seront remises en cause.
La BCE, via l'Autorité bancaire européenne, a publié le 29 juillet les résultats des stress-tests sur la capacité des grandes banques européennes à supporter un "scénario noir" mêlant récession économique et remontée des taux : soyons rassurés, tout va bien ! Comme d'ailleurs lors des précédents tests, qui n'avaient pas vu venir la faillite des banques irlandaises ou grecques... La banque italienne la plus en difficulté, Banca Monte dei Paschi di Sienna (BMPS), a levé 5 milliards d'euros et cela a, semble-t-il, satisfait la BCE... Rien n'est donc arrangé sur le fond et les craintes sur l'Italie, et la France, demeurent très élevées.
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