On parle “d’or numérique” pour désigner le bitcoin, mais l’évolution de son cours n’a vraiment rien à voir avec le métal précieux depuis le début de l’année : tandis qu’il stagne autour de 100 000 dollars, l’or bat record sur record. Comment expliquer une telle différence ? Cela semble venir des particuliers.

La société d’études River fournit une explication très convaincante de l’atonie du cours du bitcoin : les particuliers vendent. En effet, la demande institutionnelle (les Bitcoin treasury companies, les ETF, etc.) est six fois plus importante que la production de nouveaux bitcoins, celle faite par les mineurs (450 BTC/jour). Le cours devrait exploser à la hausse, mais il y a un vendeur massif pour le moment : les particuliers pour plus de 3.000 BTC/jour.

 

Dynamique moyenne quotidienne des flux de bitcoins en 2025

 

Lors des précédents bull run (2017, 2021), les investisseurs individuels se précipitaient lorsque le cours montait, amplifiant ainsi le mouvement. Il y avait une sorte d’hystérie, de FOMO (Fear of Missing Out, peur de passer à côté), et les médias en parlaient quotidiennement. Beaucoup cependant achetaient de ce fait un peu tard dans le cycle et revendaient en mode panique dès que le pic était passé, accélérant cette fois la chute du cours. Un certain nombre d’entre eux ont dû être lessivés et ne reviennent plus.

À l’inverse, le cours de l’or connaît en 2025 une croissance remarquable, à laquelle les particuliers contribuent massivement. Un bon indicateur consiste à observer l’occurrence du terme “Gold” sur Google Trends à l’échelle mondiale, qui synthétise les recherches effectuées sur le moteur. On constate une forte hausse au second semestre, précisément au moment où l’once franchit les 4 000 dollars. Cela suggère l’arrivée de nouveaux acheteurs se ruant vers l’or — tandis que, du côté du bitcoin, c’est le calme plat.

 

Occurrence du terme “Gold” sur Google Trends

 

Manifestement, la forte volatilité du bitcoin — et ses chutes pouvant atteindre 80% entre le pic et le creux du marché à chaque cycle (4 ans, correspondant aux halvings) — ont fini par dissuader de nombreux investisseurs particuliers. Beaucoup s’y sont brûlé les ailes. L’or offre au contraire une meilleure stabilité et ses cycles sont moins violents. Ce sont deux actifs rares, certes, mais leurs comportements sont très différents ; ils ne peuvent donc pas attirer exactement les mêmes types d’investisseurs. De là à ce que de nombreux particuliers aient vendu leurs bitcoins pour basculer vers l’or, il n’y a qu’un pas que certains ont dû franchir.

Mais ce mouvement n’est-il pas trop soudain ? C’est ce que suggère la BRI (Banque des règlements internationaux, "la banque centrale des banques centrales") dans son dernier rapport trimestriel du 8 décembre : selon elle, les particuliers alimentent la hausse de l’or et des actions à un point tel que l’on pourrait parler de bulle. Une correction est possible, mais les fondamentaux de l’or demeurent solides face aux déficits budgétaires des États et aux planches à billets des banques centrales. L’essentiel est de conserver un horizon de long terme et de rester confiant. Il sera intéressant de suivre ces évolutions dans les mois et les années à venir.

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