Selon une organisation patronale (la CGPME), 33,8% des petites et moyennes entreprises françaises ont observé une baisse d'activité après les attentats de Paris du 13 novembre, et 44% d'entre elles craignent des conséquences économiques à plus long terme. Depuis cette date, les théâtres parisiens déplorent une chute de 80% de leurs réservations. Ce coup d’arrêt est sans doute temporaire, mais il oblige à s’interroger sur l’impact économique du terrorisme.
Le patron du géant industriel allemand Siemens, Joe Kaeser, s’inquiète du contrecoup économique des attaques de Paris dans le Financial Times de lundi : "Ma plus grande inquiétude, ce sont les répercussions de l'angoisse géopolitique. L'investissement repose sur la confiance, sur le futur, et quand des événements comme ceux-ci arrivent, les gens vont attendre".
Voilà le risque, "l'angoisse géopolitique", qui se matérialise en attentats, mais aussi en guerres (l’Arabie Saoudite au Yémen, dont on parle peu), en fractures qui se réveillent (sunnites/chiites), en crises soudaines (la Turquie qui abat un bombardier russe mercredi), en nouvelles et terrifiantes menaces (Daesh), avec à chaque fois des répercussions internationales. L’incertitude augmente et "le coût du risque", comme disent les banquiers, avec lui. Cette instabilité géopolitique constitue un sacré pourvoyeur de cygnes noirs !
Certes les attentats du 11 septembre 2001 n’ont pas provoqué de récession, mais ils ont fait pire puisque la banque centrale américaine, précisément pour éloigner tout risque de ralentissement de l’économie, a baissé ses taux d’intérêt à quasiment zéro, ce qui a grandement contribuer à la bulle immobilière des subprimes et la crise de 2008, dont nous ne sommes toujours pas sortis. L’acte terroriste, au-delà des terribles pertes humaines qu’il provoque et du choc qu’il produit sur la population, amène souvent les pouvoirs en place à prendre des décisions précipitées et insuffisamment réfléchies, dont on paye longtemps après les conséquences.
En Europe, la croissance s’affiche déjà quasiment à l’arrêt et le risque terroriste ne va pas arranger les choses, "les gens vont attendre" comme le dit le patron de Siemens. Attendre quoi ? Le terrorisme semble désormais devoir faire partie de notre nouvelle normalité, malheureusement, il va falloir faire avec et seul les secteurs de la défense et de la sécurité en profiteront. Pour les autres secteurs cela signifiera des dépenses supplémentaires, et pour la population une angoisse plus ou moins diffuse ; en somme rien de bon pour la bonne marche des affaires.
Les scénarios peuvent aller du meilleur au pire, du règlement du problème (par l’écrasement de Daesh et le démantèlement des filières terroristes en Europe), à l’amplification de la vague des attentats puis à la dislocation des nations européennes, comme le Liban dans les années 70. Nous entrons dans une nouvelle phase de l’Histoire, celle de la fin de la paix telle que nous l’avons connue depuis 1945, et l’émergence d’une nouvelle menace. Voici un nouveau risque avec lequel il va falloir compter.
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