Le sentiment général penche vers une diminution de la "planche à billets" des grandes banques centrales occidentales, et il s’appuie sur les déclarations officielles de la Fed qui envisage de réduire son Quantitative easing (QE). Pour l’instant ce n’est qu’une hypothèse, évoquée par son président Ben Bernanke, mais elle a suffit à perturber les marchés, notamment avec le rapatriement de capitaux des pays émergents, ce qui entraine une baisse importante de leurs devises. Quoi qu’il en soit, chacun convient que la banque centrale américaine ne peut pas continuer à injecter 85 milliards de dollars créés ex nihilo tous les mois dans l’économie.

Mais ce sentiment a aussi produit un autre effet, la remontée des taux longs, aux Etats-Unis et en Europe. Le taux à 10 ans américain frôle les 3%, et celui de l’Allemagne les 2%. Rien de grave, mais il ne faudrait pas que cette hausse se prolonge car le poids de la dette deviendrait littéralement écrasant pour le budget fédéral américain. Il y a par contre un effet qui n’a pas été atteint par ce Quantitative easing, c’est une vraie reprise économique, même si le gouvernement et la Fed tentent d’en vendre l’idée, le "sentiment" justement.

A partir de ce constat inquiétant, quelle est la marge de manœuvre de la Fed ? Baisser son taux directeur ? Mais c’est déjà fait et il est à zéro ! Quoi d’autre alors ? Le QE, encore lui ! Il qui pourrait être "exceptionnellement et temporairement" (bien sûr) augmenté, dans une sorte de fuite en avant. C’est précisément ce que fait la Banque du Japon depuis le début de l’année. Cela ne produit pas de résultats tangibles, seulement des bulles et de la volatilité, mais ça fait illusion.

En Europe la BCE ne rachète pas directement la dette des Etats comme aux USA, non, elle fait des prêts géants aux banques qui achètent la dette de leurs Etats. Ce qui revient exactement au même, sauf qu’il y a un détour par les banques (ce qui au passage les fragilise puisqu’elles remplissent leurs bilans d’emprunts souverains, bref). On a connu les deux LTRO de 500 milliards d’euros chacun de fin 2011 et début 2012 (prêts à 3 ans à 1%). Des rumeurs de plus en plus insistantes font état d’un prochain LTRO, justement, si les taux continuent de monter…

Aux Etats-Unis il faudra attendre le passage de témoin entre Ben Bernanke et son successeur le 31 janvier 2014, mais on imagine mal le nouveau venu jouer au "bad boy" en diminuant le QE et en faisant trembler les marchés actions et toute la planète financière. Alors pourquoi pas une tournée de champagne pour tout le monde avec une hausse évidemment "provisoire" de l’impression monétaire ? Il faudra alors s’accrocher à son siège, si possible avec des poignées en or.

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