Sorti fin 2015, le film The Big Short, tiré du roman éponyme de Michael Lewis, explique comment quelques financiers avaient anticipé, dès 2005, la bulle immobilière américaine et l’explosion des subprimes en 2007-2008. Profitant de l’aveuglement généralisé des grandes banques, du gouvernement et des médias, ces outsiders cherchèrent comment parier contre cette tendance afin d’empocher le pactole et de réaliser "le casse du siècle". Il s’agissait de parier sur la baisse, de "shorter" (vendre à découvert), et d’attendre l’effondrement du marché immobilier. Pour réaliser ce pari, il fallait acheter un type particulier de CDS (Credit Default Swap), un produit financier uniquement accessible aux grandes institutions financières, le film le montre bien. Le particulier qui avait eu la même intuition ne pouvait pas entrer dans ce jeu.
Posons-nous la question : quel serait le Big Short d’aujourd’hui, comment le réaliser concrètement et est-il à la portée d’un simple particulier ou pas ?
Les marchés boursiers chutent depuis début janvier, mais oubliez cela, ce n’est même pas important. Si Janet Yellen, la directrice de la Fed, lance un nouveau plan de Quantitative Easing, le quatrième, accompagné ou pas de Mario Draghi qui pourrait amplifier celui de la BCE, il est fort probable que les marchés remontent comme par magie, et ce pour plusieurs mois. Les doutes concernant la faiblesse de la croissance à travers le monde s’effaceront face à ce nouvel afflux d’argent, les investisseurs célèbreront un marché qui retrouve espoir et ils mettront la crise du début de l’année sur le compte de la mauvaise humeur.
Pourtant ce ne sera qu’un répit. L’aveuglement du gouvernement, des médias, des banques et de la grande majorité des investisseurs, il concerne justement les banques centrales et leur capacité à contrôler les grandes variables financières et à améliorer l’état de l’économie. Pour l’instant les marchés y croient, ils dissèquent chaque déclaration des directeurs des grandes banques centrales, et ils y accordent du crédit, cela se voit dans les cours. Voici précisément ce contre quoi il faut parier.
Mais comment peut-on parier contre les banques centrales, ces mastodontes du monde financier ? C’est très simple : que produisent les banques centrales ? De la monnaie-papier, et justement beaucoup trop depuis la crise de 2008. Quel est l’inverse de la monnaie-papier ? La monnaie possédant une valeur intrinsèque, c'est-à-dire l’or physique (surtout pas l’or-papier qui se volatilisera en cas de crise grave). Le Big Short consiste donc à acquérir de l’or physique et à attendre, sachant que cela peut se révéler payant rapidement si les marchés continuent à chuter, ou le sera à plus longue échéance si les banques centrales relancent leurs planches à billets. Mais le "pari" d’aujourd’hui, le voici. L’avantage, cette fois, c’est que tous ceux qui le souhaitent peuvent y prendre part, l’or physique étant accessible à tous.
Le Big Short permet de se protéger d’un système devenu néfaste et trompeur, et de tirer parti de sa chute. Quel scrupule faudrait-il avoir ? Ce système a fabriqué de fausses croyances, il a distordu le système des prix et l’échelle des risques, il a accru le montant des dettes, et ce faisant il a entravé l’économie réelle, et cela nous le payons tous. Il est temps d’inverser les rôles.
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