La Banque des règlements internationaux (BRI) est détenue par 63 banques centrales dans le monde, qui représentent environ 95% du PIB mondial. Son siège est situé à Bâle, en Suisse, et elle œuvre en faveur de la stabilité monétaire et financière. Enfoui parmi les couches d'informations sur Bâle III se trouve un élément clé de la réforme à venir : le ratio structurel de liquidité à long terme (NSFR - Net Stable Funding Ratio).
Le NSFR correspond au montant de financement stable disponible (passif) rapporté au montant de financement stable exigé (actif). C'est assez simple à comprendre. Il s'agit toutefois d'un aspect essentiel de la réforme Bâle III et, comme mentionné précédemment, il élimine les prêts irresponsables qui ont provoqué la crise de 2008.
Il faut comprendre que ce changement est un territoire inconnu pour les banques et qu'il obligera certaines des plus petites d'entre-elles à fermer définitivement leurs portes. Avant 2008, il était possible d'entrer dans une banque ou une société de crédit immobilier et, après avoir donné son nom et sa pointure, on repartait avec un prêt hypothécaire à 125%. Aussi fou que cela puisse paraître, c'est ainsi que les choses se passaient. La foi dans la flambée des prix de l'immobilier était telle que les banques y voyaient un risque minime, pensant que leur investissement serait facilement absorbé par les augmentations ridicules des prix de l'immobilier de l'époque. Ces critères "laxistes" de prêt n'étaient pas uniquement réservés aux prêts hypothécaires, ne l'oublions pas, car il existe de nombreux autres types de financement proposés par les banques.
Le NSFR est donc l'élément essentiel à prendre en compte lors de l'évaluation de l'impact des règles de Bâle III sur les banques. La monnaie fiduciaire se dépréciant de plus en plus vite, quelle autre option les banques ont-elles pour octroyer des prêts ? Ce n'est un secret pour personne que les banques achètent de l'or depuis quelques années et que la date du jour J de Bâle III a été retardée au fil des ans, la dernière excuse étant la pandémie de Covid-19.
Mon côté cynique me dit que c'est une nouvelle opportunité de faire baisser le prix de l'or papier pour acheter à bas prix et remplir les coffres-forts. Cependant, la date du 28 juin approche à grands pas et chaque jour qui s'écoule rend plus difficile son report. Un délai supplémentaire a été accordé à la LBMA, mais cela n'affecte en rien la vision globale sur le NSFR. Ainsi, l'or physique (et non papier) reclassé en actif de niveau 1 ("Tier 1") devrait stimuler le marché physique. L'or papier ne pourra plus être vendu à découvert comme nous avons pu le constater au cours des années de manipulation. Il n'y a aucune chance que les banques acceptent cela, et elles doivent déjà avoir un plan pour contourner les règles. Mais que se passera-t-il si elles n'ont pas besoin de le faire ? Et si ces nouvelles règles de Bâle III jouaient en leur faveur, et qu'au lieu de voir les prix s'effondrer au fil des années, il devenait dans leur intérêt que le prix de l'or monte ?
Au cours actuel, une once d'or coûte environ 1 720 $. Si les banques détiennent plusieurs tonnes d'or alloué dans leurs coffres-forts qu'elles peuvent prêter, il serait sûrement dans leur intérêt que les prix explosent : une inflation/fixation des prix manipulée.
Pour mettre en perspective l'importance du NSFR, il faut savoir qu'il y a plus d'or négocié chaque jour à Londres qu'il n'en est produit annuellement par les mines. Il suffit de prendre cela en considération. On estime que près de 95% de l'or échangé chaque jour à Londres est de l'or papier non alloué. Des chiffres similaires existent au COMEX à New York, et environ 1% réclame la livraison physique de l'or. Nous pouvons facilement déduire de ces chiffres un pourcentage approximatif des ventes à découvert non alloués, et c'est un chiffre important.
Comment l'allocation d'or va-t-elle être prouvée ? Pour faire simple, les banques seront auditées avant la date limite. Si l'or physique est requis avant l'audit, les banques devront exiger la livraison, et ce dans les plus brefs délais. Par conséquent, d'où viendra tout cet or physique alors qu'une grande partie de l'or échangé est sous forme papier ? Quand la demande devient trop élevée les places d'échanges offrent des prix plus élevés à condition d'accepter une livraison future. Or cette demande est telle qu'elle va dépasser largement la capacité logistique de ces places à livrer les métaux. Que se passera-t-il alors ? Le COMEX et la LBMA vont-ils s'effondrer ? Qu'en est-il des positions vendeuses à découvert ? Elles doivent être clôturées avant l'audit, sinon ce serait comme si un meurtrier se rendait à la police avec l'arme à la main mais sans les balles. Alors pourquoi une banque ayant de l'or physique voudrait-elle en vendre, en particulier au prix actuel ? Elles ne le feraient pas, n'est-ce pas ?
L'autre question est donc de savoir pourquoi le prix actuel de l'or ne reflète pas cette situation. Sans équivoque, je dirais qu'il la reflète. Sinon, pourquoi l'or se trouverait-il à ce niveau ? (et pourrait même baisser un peu plus à court terme). Presque toutes les autres matières premières, y compris le pétrole qui a corrigé en mars, se situent au-dessus de leur niveau d'avant la crise sanitaire de la Covid-19.
Certaines ont également largement dépassé ce niveau. Prenons le cas de l'argent, sans doute le métal le plus manipulé de tous, qui a augmenté de près de 50% par rapport aux niveaux pré-Covid. La réponse est que les ventes papier à découvert doivent se déboucler et que nous en sommes dangereusement proches. Je prévois un plancher aux alentours des 1700 $ et lorsque les shorts ne pourront plus pousser plus loin, le temps jouant contre eux, nous assisterons à une hausse assez rapide. Examinons ce scénario à venir.
Supposons qu'une grande banque commerciale souhaite se faire livrer d'énormes quantités d'or physique au mois d'avril. Si le COMEX venait à faire marche arrière et à proposer un règlement en espèces, comme c'est le cas depuis des années, la banque commerciale pourrait refuser. Après tout, si l'or n'est pas disponible, il n'aurait pas dû être proposé à la vente. Cela pourrait aboutir à un "je vous dois quelque chose" du COMEX à la banque, ou à un nouveau report au mois suivant.
Cependant, si 50 grandes banques commerciales viennent frapper à la porte, il sera impossible de satisfaire cette demande. À ce stade, un cas de force majeure pourrait bien être invoqué. Néanmoins, s'il y a un délai plus court et qu'il y a un besoin d'or physique, aucun règlement en espèces ne serait acceptable, car le prix de l'or pourrait augmenter de façon exponentielle avant janvier 2023, rendant le règlement en espèces avec prime peu intéressant.
Que se passera-t-il ensuite ? Des poursuites judiciaires contre le COMEX ? Mais les banques le souhaiteraient-elles alors que cela pourrait exposer leurs positions vendeuses à découvert ? Peut-être qu'elles s'en ficheraient, étant donné que les amendes infligées précédemment sont bien inférieures au bénéfice du crime. Mais elles ont quand même besoin de leur or physique. Le COMEX devra s'approvisionner, et potentiellement payer beaucoup plus cher pour se procurer le métal. Cela risque-t-il de provoquer leur effondrement ? Potentiellement. Qu'arriverait-il au prix de l'or et de l'argent si le COMEX disparaissait ? Il exploserait à la hausse - un moment que tous les investisseurs en métaux précieux attendent depuis longtemps, car cela créerait un prix stable et équitable.
Tout le monde se demande comment cela va se terminer, car il y a plusieurs scénarios et aucunes règles auxquelles se référer. Si l'on met de côté le désordre qui pourrait régner au cours des prochains mois, on se retrouve avec des shorts papier exclus du jeu à partir du 28 juin 2021, des banques auditées avant la fin du deuxième trimestre 2021 et une pénurie massive d'or ; on pourrait presque ignorer les enjeux macroéconomiques actuels dans la mesure où Bâle III est beaucoup plus importante et constitue une opportunité à ne pas manquer. Les prix ne peuvent pas rester longtemps à ces niveaux, et à mesure que nous approchons de la fin du premier trimestre, nous devrions les voir commencer à monter à des niveaux beaucoup plus élevés.
Source originale: Investing.com
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