Le pouvoir d'imprimer de la monnaie est largement sous-estimé par la société et également par beaucoup d’entre nous, les soi-disant "gold bugs". Nous consacrons tous un temps et une énergie considérables à gagner des billets émis par les changeurs de monnaie. Du premier jour de la maternelle jusqu'à la retraite, nous affinons nos compétences et travaillons pour ce papier imprimé par ces mêmes changeurs. Cela ne suscite aucune remise en question, car c'est tout ce que nous avons connu tout au long de notre vie... qui reste courte à l'échelle de l'histoire.

J'emploierai le terme "changeurs de monnaie" pour désigner ceux qui, à l'origine, échangeaient des billets convertibles en or physique et qui, par la suite, sont devenus les banques modernes imprimant de la monnaie fiduciaire.

Malheureusement, détenir de l'or ne génère aucun rendement en soi. Pour accroître sa richesse, il faut vendre l'or, investir le produit de cette vente (par exemple dans des bons du Trésor), puis le reconvertir en or par la suite. L'objectif est que cet échange permette d'obtenir plus d'or qu'au départ, sans quoi l'opération est un échec. C'est ce qu'on appelle le "grand échange". L'or étant la véritable monnaie, tout ce qui compte, c'est le rendement en termes d'or.

Sur la base de ce principe simple, les maîtres de la monnaie fiduciaire ont besoin d'une stabilité prolongée des marchés... des décennies entières... lorsqu'ils émettent de la dette. Pourquoi cela ? Si le "grand échange" ne génère pas de rendement (en termes d'or), personne n'achètera cette dette, car les investisseurs auront tout intérêt à conserver leur or.

La hausse de 27% du prix de l'or l'année dernière, comparée au rendement de seulement 4,5% des bons du Trésor, constitue un sérieux avertissement. Si l'on en vient à penser que ce rendement négatif pourrait se prolonger à l'avenir... alors le système de la monnaie fiduciaire est condamné.

C'est pourquoi les changeurs de monnaie cherchent à instaurer de longues périodes de stabilité... pendant des décennies entières. Pour y parvenir, ils doivent maintenir la valeur de l'or sous contrôle en termes de monnaie fiduciaire.

Le paradoxe est le suivant : diriger le système monétaire fiduciaire mondial ne confère aucun pouvoir réel sans création de monnaie. C’est précisément ainsi qu’ils tirent parti de leur système... en imprimant de la monnaie fiduciaire.

La dynamique est claire : ils souhaitent imprimer de la monnaie fiduciaire tout en persuadant tout le monde que celle-ci ne perd pas de valeur. L'or reste le baromètre le plus fiable pour mesurer la véritable valeur de cette monnaie.

Après des décennies d'accumulation, l'impression de monnaie fiduciaire finit toujours par rattraper ses créateurs. L'histoire, sur des milliers d'années, en apporte la preuve irréfutable. Pourtant, 99,9% des gens continuent de se laisser prendre au piège tendu par les changeurs de monnaie. Charles de Gaulle fait partie des 0,1% qui ont vu clair dans ce jeu lorsqu'il a réclamé de l'or en échange de ses billets de banque. Peu de temps après, une dévaluation par 20 a suivi.

Ce que je veux dire, c'est que la réévaluation de l'or et des devises ne peut pas se produire trop souvent, au risque de compromettre la stabilité.

Et maintenant, passons à autre chose...

Apparemment, la devise de Trump serait : "Voir grand ou rentrer chez soi." Un or à 2 900 $ valoriserait les 8 100 tonnes d’or américaines à seulement 800 milliards $. Croyez-vous vraiment qu'il va modifier le système monétaire juste pour ajouter ce modeste 800 milliards $ au bilan ?

Il n'y a pas si longtemps, ces 8 100 tonnes d’or soutenaient l'ensemble du système financier occidental. Cet or garantissait directement le dollar américain et, indirectement, les monnaies européennes qui étaient indexées sur le dollar.

Ce montant de 800 milliards $ est dérisoire face à une dette de 36 000 milliards $ et à des budgets de dépenses annuels de 4 800 milliards $.

Ces 800 milliards $ suffiraient à faire fonctionner le gouvernement pendant deux mois.

En réévaluant l'or à 2 900 $, le ratio dette/PIB passerait de 1,19 à 1,17. Soit exactement le même chiffre !

Plus important encore, une petite rustine ne fait qu'inciter à ce que l'or poursuive son ascension (ou, plus précisément, que la monnaie fuduciaire poursuit son déclin) pour continuer à sauver le système. J'ai expliqué précédemment pourquoi cette instabilité est fatale pour le système fiduciaire. C'est exactement ce qui se passe en ce moment, avec les banques centrales qui vendent des dollars et achetent de l'or.

Une réévaluation à 2 900 $ l'once ne serait qu'une simple rustine sur une plaie mortelle causée par des dépenses et une dette excessives. Si vous envisagez une réévaluation à 2 900 $, rentrez chez vous. Trump restera.

L'or sera réévalué à un niveau bien plus élevé. L'objectif étant de repousser la crise de la monnaie fiduciaire de plusieurs décennies. Pourquoi ? Afin que la monnaie fiduciaire puisse fonctionner pendant une nouvelle et longue période de stabilité.

À quel prix ? L'objectif pourrait être de réduire le ratio dette/PIB à un niveau permettant au système fiduciaire de tourner encore pendant des décennies. Si l'on suppose que la cible est de 0,50, un prix de l'or à 79 000 $ l'once permettrait d'atteindre cet objectif.

Comment Trump pourrait-il faire monter le prix de l’or à 79 000 $ l'once ? C’est simple : en annonçant que le Trésor achètera tout l’or mis en vente à ce prix. En fait, il s’agirait d’une simple dévaluation du dollar. Il peut créer de la monnaie fiduciaire et acheter votre or. Dès que le marché en prendra conscience, il ne sera plus nécessaire de se précipiter au guichet de Trump pour vendre son or. Le prix fixé par Trump deviendra alors universel.

Les perdants seront les détenteurs d'obligations... et les changeurs de monnaie ont besoin d'eux pour les décennies à venir. De plus, après cette réévaluation, il n’y aura pas d’augmentation  proportionnelle de la capacité à assurer le service de la dette, ce qui signifie que les indicateurs de service de la dette resteront tendus.

Alors... imaginons un autre plan. Imposons une taxe de 28% sur l'or, par exemple. Après la réévaluation, tout l'or aura un nouveau coût de base de 2 900 $, peu importe le prix payé initialement. Lorsque vous vendrez votre or, la taxe sera calculée sur la différence entre le nouveau prix et 2 900 $, multipliée par 0,28.

Quelle quantité d'or est détenue par des entités américaines imposables ? Je n'en ai aucune idée. Si l'on suppose qu'il y a 1 milliard d'onces (soit 12,7% du total mondial), cela représenterait une énorme source de revenus pour le Trésor.

Dans ce scénario de taxation à 28%, quel prix de l'or serait nécessaire pour ramener le ratio dette/PIB à 0,50 ? Un prix de l'or de 40 000 $ réévaluerait les 8 100 tonnes d'or détenues par le gouvernement américain à 10 400 milliards $ et générerait également 10 400 milliards $ de recettes fiscales. Cela permettrait de ramener le ratio dette/PIB à 0,50.

 

Ratio dette/PIB vs prix de l'or

 

Les recettes fiscales peuvent être utilisées pour acheter des bons du Trésor, ce qui rendrait un peu le sourire aux détenteurs d'obligations.

La paix et la prospérité s'établissent pour des décennies ! Les détenteurs d'or jouissent d'une plus grande prospérité, mais ils le méritent pour avoir compris l'histoire.

Source originale: Michael Lynch on Gold & Silver

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