Il existe un argument contre l’achat d’or qui m’énerve profondément (et cela vaut aussi pour le bitcoin) : il n’offre aucun rendement, pas d’intérêt ni de dividende, contrairement aux placements classiques (actions, obligations, assurance-vie, livrets bancaires, immobilier locatif). Ce serait un actif de seconde zone, imparfait, mutilé. On serait complètement dépendant de son cours sans aucune assurance de bénéficier de revenus futurs. C’est grotesque.
Lorsque l’on compare différents types de placements, il faut prendre en compte le rendement global : la hausse du cours et les rendements versés, ensembles. Nous avons déjà évoqué ce travail ici. L’étude de référence, mise à jour en 2024, révèle que depuis 1999, le livret A a rapporté 1,83% par an (soit moins que l’inflation), l’assurance-vie 3,09% (à peine l’inflation), la Bourse 4,40% (CAC 40, dividendes réinvestis) et l’or 8,69%. Des chiffres sans équivoque.
La question est : comment s’organiser pour en profiter au mieux et, plus spécifiquement, pour ne pas dépendre de la volatilité du cours de l’or ? Pour cela, on peut recommander la méthode DCA (Dollar Cost Averaging), un concept introduit par Benjamin Graham en 1949 dans son livre The Intelligent Investor. Cette stratégie consiste à investir un montant fixe tous les mois ou tous les trimestres. Une façon de se délivrer du stress de savoir quand acheter : on le fait régulièrement pour la même somme, point. Si le cours de l’or monte, on est satisfait de voir son stock global prendre de la valeur ; s’il baisse, on est content de pourvoir en acheter plus. Et à long terme, on est largement gagnant. On peut compléter la stratégie du DCA par des "achats opportunistes", que ce soit après avoir récupérer une grosse somme d'argent ou lorsqu'on estime que le cours est particulièrement bas et qu'il représente une bonne opportunité.
La méthode DCA vaut aussi par la discipline qu’elle impose : on calcule ses revenus et ses dépenses pour déterminer sa capacité d'épargne. Une partie est conservée en banque pour constituer une épargne de précaution, tandis que l'autre est investie à long terme dans des actifs plus volatils, mais offrant un meilleur rendement sur la durée. On met en place un virement automatique et ensuite on s’y tient en gérant son budget avec sérieux.
Ensuite, pour générer des revenus à partir de ce que l’on a accumulé, on peut faire ce que j’appelle du "DCA à l’envers" (j’ignore s’il existe un terme dédié) : au moment de la retraite (c’est plutôt à ce moment-là que la question se pose), si l'on souhaite un complément de revenu de, par exemple, 1 000 euros par mois, il suffit de vendre chaque mois pour 1 000 euros d’or détenu (ou chaque trimestre pour limiter le nombre de transactions), indépendamment de son cours. Tout simplement. Et l’ensemble de cette opération (DCA + DCA inversé) appliquée sur l’or s’avère bien plus rentable que sur les autres actifs financiers. Pour se garantir 1 000 euros de revenus mensuels à sa retraite à partir d’une assurance-vie, il faut investir beaucoup plus, c’est-à-dire se priver d’une plus grande part de ses revenus pendant que l’on travaille.
Le fait que l’or ne génère pas de rendement est un argument fallacieux, souvent mis en avant par le secteur bancaire pour décourager l’investissement dans ce métal. Ne soyez pas dupes.
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