Comme l’a rapporté Zero Hedge, les rumeurs de sauvetage des banques italiennes, qui ont commencé lundi matin et auxquelles Angela Merkel mit fin sèchement le jour suivant, se sont fait plus insistantes après un rapport de Reuters indiquant que le gouvernement italien cherchait des façons plus créatives d’injecter de la liquidité dans les banques italiennes. Cependant, il ne s’agissait que d’un hors-d’œuvre avant le plat principal, servi plus tard par le Wall Street Journal, qui a cité un porte-parole de l’Union européenne selon lequel « la Commission européenne a autorisé l’Italie à utiliser des garanties publiques afin de créer un programme préventif de soutien de liquidité pour les banques. »
Comment cela a-t-il pu arriver si discrètement, et sans la bénédiction d’Angela Merkel ? Le Wall Street Journal écrit que le plan a été approuvé conformément à la « réglementation exceptionnelle en matière d'aides d'État appliquée en faveur des banques du fait de la crise ».
Nous qui croyions que les banques d’Italie allaient bien… non, attendez, pas vraiment.
Comme le note le Wall Street Journal, ce plan « de crise » constitue « l’autre partie du plan d’intervention envisagé par le gouvernement, » c’est-à-dire « l’injection directe de 40 milliards d'euros de capitaux dans son secteur bancaire » dont nous avons parlé auparavant. Il s’agit aussi du plan qu’Angela Merkel aurait refusé. Mais l’Europe avait un plan B sous le coude.
Quels sont les détails de ce nouveau plan de « crise »?
Selon un officiel de l’Union européenne, le plan de soutien de liquidité inclut plus de 150 milliards € (166 milliards $) de garanties publiques. Le Wall Street Journal ajoute que le porte-parole de la Commission a refusé de préciser quels montants ont été débloqués, soulignant cependant qu'ils étaient « proportionnés ». Le ministre italien de l’économie n’a pas voulu commenter.
Petit addendum amusant : « Seulement les banques solvables pourront bénéficier du plan de soutien en liquidité autorisé jusqu’à la fin de l'année. » Le problème est que, avec 360 milliards € de créances douteuses, toutes les banques italiennes sont insolvables… ce qui signifie implicitement qu’elles seront toutes jugées solvables, sinon personne ne bénéficiera du plan.
Un autre élément confirmant le fiasco italien est que la décision, qui a été prise dimanche, n’avait pas été révélée avant que le Wall Street Journal ne le fasse, et « cela semble être une première indication que les gouvernements s'activent pour renflouer les banques, dans la foulée des turbulences sur les marchés suite au référendum sur le "Brexit" au Royaume-Uni. »
En d’autres mots, comme nous l’avons dit auparavant, le "Brexit" est tombé à pic pour l'Europe et n’est rien de plus qu’une bonne raison pour réaliser deux choses : lancer plus d’assouplissement monétaire (QE), comme la Banque d’Angleterre l’a admis (très probablement avec la participation de la BCE), et faciliter le sauvetage des banques italiennes insolvables.
Le "Brexit" ne sera que le bouc émissaire utilisé par Renzi et l’Italie pour contourner les interdictions de la Zone euro. Si cela ne fonctionne pas, Renzi a juste à laisser entendre qu’il pourrait, lui aussi, demander un référendum. Alors vous verriez Angela Merkel se démener pour laisser l’Italie faire ce qu’elle veut, pour éviter l’humiliation d’une sortie potentielle de l’Italie (« Italeave »).
Même si Angela Merkel avait apparemment opposé une fin de non-recevoir à la proposition de l’Italie, l’Europe – certainement sous la direction de Mario Draghi – a trouvé une façon de contourner son pouvoir de veto.
« Comme cette décision, ainsi que d’autres, le démontrent, il existe plusieurs solutions qui peuvent être mises en place, et ce en toute conformité avec les dispositions européennes, pour agir contre les turbulences des marchés » a déclaré la porte-parole.
Bien sûr, les marché italien est dans une situation chaotique : les banques italiennes ont perdu plus de la moitié de leur capitalisation boursière depuis le début de l’année, les investisseurs craignant l’énorme exposition des banques aux créances douteuses. Cela se compare à une baisse moyenne de moins d'un tiers pour les créanciers européens. Quelques banques italiennes ont vu leurs actions chuter de 75%.
Le plus étonnant est la conclusion du Wall Street Journal au sujet de ce que le plan est supposé empêcher : il ne servirait pas à prévenir un effondrement des actions boursières, mais bien à éviter une panique bancaire (bank run) :
Un proche du gouvernement italien a dit que le cabinet du Premier ministre Matteo Renzi espérait utiliser un filet de sécurité de liquidité pour éviter la panique chez les investisseurs, qui pourrait entraîner une ruée sur les dépôts et affecter les liquidités des banques.
Pour que le Premier ministre italien souhaite éviter la « panique chez les investisseurs » et prévenir une « ruée sur les dépôts », les banques italiennes doivent vraiment être au bord de l’effondrement.
Source originale: Zerohedge
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