Transcription :

 

Dan Popescu : Bonjour, mon nom est Dan Popescu pour Goldbroker.com. J’ai aujourd’hui le plaisir d’interviewer Gordon T. Long. La carrière de Gordon T. Long dans la technologie, le management et l’investissement a débuté il y a 40 ans. Il a été membre de la haute direction de IBM et Motorola pendant plus de 20 ans. En 1995 il a fondé LCM Group à Paris, pour se spécialiser dans le capital risque pour les entreprises internet. Il écrit et fait des analyses financières depuis 2010, sur le site www.gordontlong.com. Bonjour, Gordon.

 

Gordon T. Long : Bonjour ! C’est un plaisir d’être ici.

 

Dan Popescu : Le plaisir est pour moi… cela fait longtemps que je voulais vous interviewer. Je lis régulièrement vos articles, et vous avez fait une interview avec un de mes auteurs favoris, qui a écrit un livre sur la crise du dollar… j’ai bien apprécié. Vous vous concentrez beaucoup, ces temps-ci, sur la répression financière et les taux d’intérêt. Pourrais-je avoir votre avis, premièrement, sur la cacophonie des gouverneurs de la Réserve fédérale… ils vont hausser les taux, ils ne les hausseront pas… ils vont confisquer, ils ne confisqueront pas… que pensez-vous de tout cela ?

 

Gordon T. Long : Je dirais que tous ces signaux contradictoires font partie d’une stratégie calculée. Car ces signaux, vraiment contradictoires, ne viennent pas que de la FED… ils viennent de la BCE, de la Banque du Japon, et aussi de la Banque d’Angleterre. Je crois que la FED haussera les taux de 25 points à court terme, cela est déjà dans les tuyaux. Cela étant dit, je ne crois pas que l’avenir des taux d’intérêt soit prévu. Je serais d’avis – et je vais peut-être surprendre quelques-uns de vos auditeurs – que les bons du Trésor sur dix ans s’échangeront aux alentours de 1% dans l’année à venir, ou les 18 mois. Et cela va totalement à l’encontre de ce que la FED essaie de signaler… nous sommes témoins d’un ralentissement mondial sans précédent, un ralentissement beaucoup plus sérieux que celui vécu en 2007-2008, malgré les mesures utilisées. Et ce ralentissement nous touche, ici, aux États-Unis… nous observons de nombreux signaux de récession, dans nos analyses. Et, à moins que la liquidité ne soit augmentée de manière significative, à moins que le crédit n’augmente de 2% par an – et nous n’y sommes pas – nous nous dirigeons tout droit vers la récession. La FED est confrontée à cela. Ils essaient, par des paroles, de donner une certaine stabilité, mais je crois qu’ils échoueront et que, très bientôt, ils feront face à des craintes de récession et à une préoccupation mondiale… nous obtiendrons peut-être ce quart de point (0,25%), mais pas plus. Et, concernant les obligations à long terme, nous allons assister à un changement de la courbe de rendement. Normalement, lorsqu’une récession se pointe, vous obtenez une courbe de rendement inversée… mais, quand les taux sont proches de zéro, comment pouvez-vous obtenir une courbe inversée ? Cette courbe s’est aplatie… donc la partie haute va s’affaisser également. Je pense aussi qu’ils vont s’attaquer à cela avec des taux d'intérêt nominaux négatifs. Maintenant, comme vous le savez, Dan, nous expérimentons déjà les taux d’intérêt réels négatifs… des taux bas sans intérêts… c’est de la confiscation. Mais je crois que nous allons être forcés à ces taux nominaux négatifs, comme nous le voyons dans les obligations mondiales… Il y a près de 5 000 milliards d’obligations qui se transigent à des taux nominaux négatifs. Cela est une indication de ce que je viens tout juste de dire à propos du ralentissement… J’aimerais souligner un dernier point, car c’est au cœur du problème : les gouvernements des quatre pays ou régions dont je viens de parler sont fondamentalement en faillite, et la dette, si l’on croit les chiffres, est de 18 000 milliards $ aux États-Unis – en fait, elle est beaucoup plus élevée. Et l’on ne peut financer cette dette en augmentant les taux… Je ne suis pas adepte de la théorie du complot, mais ils doivent garder ces taux bas, et même les faire descendre, pour faire en sorte que l’économie continue de fonctionner. Et ils n’ont pas le choix – qu’ils le sachent ou non, qu’ils en soient vraiment conscients, que cela fasse partie d’une stratégie ou non… nous pourrions en débattre toute la journée – mais la réalité est que, s’ils ne « stimulent » pas ou n’injectent pas énormément de monnaie dans le système, nous nous acheminons vers de sérieux problèmes au niveau mondial… certains apparaissent déjà.

 

Dan Popescu : Cela ne semble pas générer de l’inflation… ils veulent générer de l’inflation et n’y arrivent pas. Serait-ce possible – j’ai lu une note que Yassim Taleb a écrite, il y a quelques années, qui disait que nous ne verrions peut-être pas d’inflation… que nous passerions directement de la déflation à l’hyperinflation … qu’en pensez-vous ?

 

Gordon T. Long : Premièrement, l’hyperinflation est avant tout un évènement monétaire. Elle survient lorsqu’une perte de confiance dans la devise propulse les prix vers le haut. J’ai étudié 52 exemples d’hyperinflation : ce sont toujours de très courtes périodes, et elles concernent toujours une devise. Je pense que nous sommes actuellement en déflation… oui, bien sûr, il y a de l’inflation : quiconque fait des achats dans les magasins se rend compte qu’il y a de l’inflation dans certains secteurs, sur des biens dont nous avons besoin pour vivre et pour lesquels nous payons cash, contrairement aux actifs que nous finançons, par exemple… mais nous sommes en pleine période de déflation, en ce moment. Les matières premières en sont un exemple évident : aussitôt que l’on a commencé à ralentir l’assouplissement quantitatif (tapering)… même lors de l’annonce du « tapering », les matières premières ont plongé, comme le prix du pétrole, du cuivre etc.. Mais cette période de déflation se terminera, et nous arriverons à la fin de ce cycle de déflation, c’est pourquoi la FED essaie de créer de l’inflation,, mais elle n’y arrive vraiment pas. Et c’est la même chose avec la BCE, la Banque du Japon et la Banque d’Angleterre… Ils vont essayer d’implémenter des politiques afin de créer cette inflation, et c’est pourquoi il va y avoir du financement par création monétaire, de l’argent jeté d’hélicoptère, et des taux réels négatifs. Je crois aussi que nous allons avoir un QE4, mais on ne l’appellera pas « quantitative », on lui donnera un autre nom… pour pousser, forcer cette inflation. Mais d’ici à ce qu’ils puissent sortir ces 3 000 milliards $ en excédant de réserves à la FED, que les banques détiennent, vous ne verrez pas cela ; mais cela arrivera. Donc, nous allons d’abord terminer cette période de déflation, et puis nous verrons arriver l’inflation, et puis l’hyperinflation. Mais cette période d’inflation, comme le démontre la vitesse de circulation de la monnaie qui continue de baisser, comme on le voit maintenant, quoique vous ayez M1 et M2 qui commencent à changer… comme on le voit sur les courbes… cela va vraiment changer, mais pas tout de suite.

 

Dan Popescu : Pensez-vous, Gordon, qu’il y ait une sorte de coordination entre les pays du G7, voire du G20, au sujet des devises ? Ou bien, y a-t-il une guerre des devises ? Il y a deux écoles qui s’affrontent sur Internet… certains disent qu’il y a de la coordination, surtout entre la Banque centrale européenne, la Banque d’Angleterre et la FED… d’autres disent qu’il est évident, avec les taux d’intérêt, qu’il y a une guerre des devises. Certains disent que le dollar ne peut plus monter, que, techniquement, il a cassé une certaine tendance à la baisse, tandis que d’autres affirment que le dollar est dans un marché haussier, comme dans les années 1990… d’autres disent que c’est impossible, car cette situation fait déjà mal aux États-Unis. Comment voyez-vous le dollar, en ce moment, et ces guerres de devises ?

 

Gordon T. Long : Tout ce que vous dites est vrai… et ce qu’on dit ces gens que vous citez. Mais, qui fait quoi ? Commençons par voir si les devises sont manipulées, ou contrôlées, par le G7, comme vous l’avez mentionné, ou le G20. Je décrirais la chose différemment… je parlerais plutôt d’un cartel des devises. 95% des transactions sont effectuées en quatre devises : l’euro, le dollar, le yen et la livre sterling. Donc, quand vous contrôlez 95% des échanges mondiaux avec vos devises, vous êtes en position dominante. Notez aussi que ces pays sont les plus en faillite, ceux qui dévaluent le plus leur devise, et ceux qui vendent leurs réserves d’or – théoriquement, en tout cas, en assumant qu’il leur en reste. Leur travail consiste à dévaluer leurs devises, à cause de la taille de leur dette. Et, effectivement, ce qu’ils font… s’ils dévaluent tous en même temps, où peuvent-ils aller ? Ils n’ont pas le choix. Ils sont comme des grenouilles dans l’eau chaude… alors ils jouent à une sorte de jeu… tiens, c’est le temps de faire descendre l’euro, allons-y… alors ils le ramènent rapidement à la parité, puis il rebondit un peu et, plus tard, c’est au tour d’une autre devise de subir le même sort, et ils continuent ainsi d’affaiblir toutes les devises… parce que le Yuan, ou le renminbi, jusqu’à récemment, n’a pas constitué une alternative, ni le rouble, ni les devises des BRICS, qui se transigent quand même à des volumes de plus en plus élevés… il n’y a pas eu de course vers ces devises. Mais le problème avec le dollar est que nous avons plus de 9 000 milliards $ du mauvais côté de la transaction, en ce moment : de l’argent emprunté aux États-Unis, ou en dollars US, par les marchés émergents, selon l’hypothèse que le dollar faiblirait. Car la pire devise de toutes, c’est le dollar. Mais, cela étant dit, le dollar sera la dernière devise à tomber. Donc, ils sont de plus en plus du mauvais côté, à mesure que le dollar prend de la force. La pire chose, avec le carry trade, c’est d’avoir une position longue sur la devise qui se renforce. Donc, le dollar grimpe, ce qui les oblige à essayer de « couvrir », si je peux me permettre, mais leurs économies, en termes de commerce, tombent à un rythme accéléré avec ces dévaluations, ce qui met une énorme pression sur le dollar, qui a déjà brisé des supports importants. Nous faisons beaucoup d’analyse technique et nous croyons qu’une consolidation est à venir avec le dollar US. Cela peut faire peur un peu, mais ce n’est qu'une consolidation. Car nous pensons que le dollar peut encore grimper… pour toutes les mauvaises raisons. Mais quand le dollar se mettra à s’affaiblir… pas maintenant avec cette correction, mais plus tard, c’est à ce moment que nous aurons de l’hyperinflation, c’est là que l’hyperinflation débutera, lorsque le dollar US perdra de sa valeur. Qu’est-ce qui déclenchera cela ? L’émergence d’une réelle alternative, le Yuan, ou renminbi. Ils essaient de rendre le Yuan crédible comme alternative… si leurs demandes auprès du FMI sont un succès, pour les DTS, par exemple, cela pourrait enclencher la chose. Mais si on parle de la Chine en ce moment… ils sont dans une position où la formation de capital représente une grande partie du PIB. Ce n’est pas tant les importations et les exportations, qui s’équilibrent… même si elles sont gigantesques. C’est la formation de capital et, en ce moment, le capital sort de Chine, de façon assez importante. Et, pour attirer le capital vers la Chine, ils ont besoin d’une devise forte, non d’une devise faible… Donc, il y a une pression énorme de leur côté, et le Yuan…

 

Dan Popescu : Donc, sur le court terme, vous êtes haussier sur le dollar US ?

 

Gordon T. Long : À très, très court terme, je crois que le dollar peut encore grimper… mais je suis plutôt baissier sur le moyen terme. Je crois qu’une certaine faiblesse est à venir. Mais, à plus long terme – je veux dire au moins douze mois – je suis haussier sur le dollar. Dans les 18 mois, je crois qu’il y aura de gros problèmes… Je crois que 2007-2008 constituait un signal d’alarme, parce que nous n’avons pas réglé les problèmes de cette crise, il y a de sérieux déséquilibres dans le monde. Mais les états l’ignorent. Mais ces déséquilibres finiront par se régler par eux-mêmes, et lorsqu’ils le feront, cela sera dû à la prise de conscience que le dollar US est surévalué en des proportions titanesques. Mais, pour régler ce problème, il faut une solution majeure globale… car ce n’est pas que le problème des États-Unis, non, c’est celui du monde entier. Ce problème nous sera imposé, en quelque sorte. Et quand cela arrivera, c’est là qu’il y aura de l’hyperinflation aux États-Unis.

 

Dan Popescu : Puis-je assumer qu’à cause de cela, vous êtes baissier sur l’or, ou vous le voyez rester au même niveau ?

 

Gordon T. Long : Oui… en fait, je suis haussier sur l’or, car je crois qu’il va se déconnecter… D’habitude, il se transige par rapport au dollar… nous connaissons tous les règles. Mais les règles sont en train de changer… avec la peur qui découle des problèmes de la situation internationale. Mais je crois que l’or et l’argent, quand ils se mettront à bouger – je crois qu’actuellement ils sont dans une consolidation à long terme qui dure depuis 18 mois, voire deux ans – vous verrez des écarts journaliers très significatifs. Et cela sera dû à la peur. Cela sera dû à une crise. Et nous ne savons pas d’où viendra cette crise… elle pourrait être d’ordre géopolitique, elle pourrait venir des marchés financiers… et c’est là que les écarts commenceront. L’or et l’argent, pour moi, ne sont pas des investissements; ils constituent plutôt une police d’assurance. Mais je mets les gens en garde avec l’or et l’argent – et j’en possède moi-même. Ce n’est pas qu’il y aura une confiscation pure et simple, comme dans les années 1930, mais il y aura des taxes abusives – au moins aux États-Unis – ou des tentatives en ce sens, mais si vous vous en tenez à des pièces ou lingots de petites dénominations, que vous pouvez échanger, vous n’aurez pas de problèmes. Ils s’attaqueront plutôt aux gros détenteurs. Alors, à moins que vous n’ayez d’énormes lingots d’or dans votre armoire, vous n’avez rien à craindre.

 

Dan Popescu : Gordon, la semaine dernière, ou plutôt il y deux semaines, Reuters GFMS a publié son rapport du troisième trimestre, et le World Gold Council a également publié un rapport… nous nous attendions à une augmentation de la détention d’or, et cela va de soi avec les banques centrales de Chine, de Russie… mais ce qui m’a surpris, c’est la quantité de pièces d’or vendues aux États-Unis, l’explosion, en comparaison à l’année dernière, de la vente de pièces d’or et d’argent aux États-Unis… Est-ce que cela pourrait avoir quelque chose à voir avec la répression financière dont vous parlez ? Nous entendons souvent des économistes réputés, comme Larry Summers et d’autres, qui parlent de monnaie numérique… de faire sortir la monnaie physique du système… pour mieux contrôler la monnaie… Kenneth Rogoff, aussi, en a parlé. Est-ce que cette explosion… parce qu’il s’agit d’une grosse augmentation en un an… à également quelque chose à voir avec la baisse du prix…

 

Gordon T. Long : Oui, l’or est en solde en ce moment. C’est le bon moment pour en accumuler, si vous avez une bonne vision de ce qu’il va se passer dans le futur. Ce à quoi vous faites allusion, c’est ce que j’appellerais la « guerre au cash ». Et quand j’ai dit plus tôt que le gouvernement serait forcé de recourir à ces taux nominaux d’intérêt négatifs sur les obligations, à cause de ces milliers de milliards $ d’obligations souveraines… pour y arriver, le fait d’avoir du cash dans le système pose problème. Et, si vous vous souvenez, lors de la crise financière de 2008, l’enjeu était de savoir si les marchés monétaires pourraient faire circuler ces 5 000 milliards $ sur les marchés. Cela provoque une panique bancaire. À chaque fois qu’il y a une crise, qu’il s’agisse de Chypre, ou de la Grèce, la première chose que vous voyez, ce sont les ATM (guichets automatiques) bloqués à 200 $, environ, et vous devez vous débrouiller avec cela. Alors, vous ne pouvez sortir le cash du système bancaire, sinon les banques commencent à s’effondrer. Le cash doit rester dans le système bancaire. C’est pourquoi nous voyons des règles instituées pour que les banques puissent se servir de votre cash (bail-in) pour rester en vie. Alors, les gens commencent à se méfier, en comprenant que c’est effectivement la stratégie des gouvernements. Vous mentionniez Rogoff… et bien, récemment, il faisait une présentation à l’Union européenne sur « une société sans cash » … Je pourrais vous ennuyer à mourir avec toutes les restrictions imposées, combien de cash vous pouvez transporter d’une région à l’autre du pays, combien de cash vous pouvez avoir sur vous… il y a des fouilles dans les trains, en Europe, pour savoir combien de cash vous avez… vous ne pouvez pas avoir de cash dans un coffre… que se passe-t-il ? Vous payez avec vos cartes de crédit, mais vous n’avez jamais de cash, car il reste dans le système bancaire ; donc le cash est effectivement « emprisonné » dans le système bancaire. Et, au passage, il peut y avoir des « bail-in », et et vous pouvez perdre ce que vous avez dans le système bancaire. Alors, les gens se demandent quelle est la solution… et bien, la réponse est : détenir quelque chose en-dehors du système bancaire, comme l’or ou l’argent, en petites dénominations, que l’on peut utiliser pour échanger et payer. Les gens du peuple sont intelligents… ils ont compris. Peut-être que les gens un peu plus sophistiqués le sont moins… mais les gens, ceux qui vendent et achètent tous les jours, comprennent bien cela. C’est pourquoi, aux États-Unis, il y a un système de troc si énorme, que l’on peut nommer le «marché noir», on échange ceci contre cela… ils essaient de survivre ! Regardez le nombre de jeunes qui se nourrissent avec des bons alimentaires. Je vous ennuie peut-être avec cela, mais il ne s’agit que de la pointe de l’iceberg…

 

Dan Popescu : Oui, vous avez attiré mon attention… avec les ATM… J’entends plusieurs personnes parler de la Grèce, et ils se demandent comment ils peuvent survivre… je leur rappelle toujours que les Italiens et les Grecs sont plus familiers avec le marché noir, et qu’ils éprouvent moins de difficulté à survivre. Nous avons été surpris de constater qu’il n’y a pas eu de panique réelle dans les rues ou autour des guichets automatiques (ATM), et c’est parce que les Grecs et les Italiens savent très bien comment fonctionner hors du système bancaire.

 

Gordon T. Long : Précisément. Exactement. Et c'est de plus en plus le cas à travers le monde. Mais j’aimerais attirer à nouveau votre attention sur le World Gold Council et les volumes d’or. N’allez surtout pas croire les statistiques publiées par la Chine sur la quantité d’or qu’elle possède. Cette quantité est largement supérieure à ce qu’ils publient.

 

Dan Popescu : Oui… je voulais d’ailleurs vous poser une dernière question concernant la Chine. Nous avons, récemment, eu une « mise à jour » des réserves d’or de la Chine… et un officiel chinois a aussi déclaré que le « peuple » en possédait également beaucoup. Pour ma part, ayant vécu sous le système communiste, je sais ce qu’ils veulent dire par le « peuple »…

 

Gordon T. Long : Dans cette partie du monde, les gouvernements incitent les gens à posséder de l’or... et de l’argent…

 

Dan Popescu : Il devait y avoir une annonce concernant l’inclusion du Yuan dans les DTS, mais elle a été remise à plus tard… cela me dérange qu’elle ait été retardée… nous avons eu tellement de déclarations positives, que ce soit du département du Trésor américain, avec M. Lew, ou de Christine Lagarde, au FMI, selon lesquelles c’est pratiquement dans le sac, tout le monde y est favorable… et soudain, cela est discrètement déplacé à la fin novembre… Comment voyez-vous l’or et l’accumulation d’or par la Chine et, en même temps, le désir de la Chine d’inclure le Yuan dans les DTS… Est-ce que les États-Unis pourraient commencer à faire « chanter » la Chine avant que le Yuan ne soit accepté ? Comment voyez-vous le Yuan, les DTS, l’or et tout cela ?

 

Gordon T. Long : J’aime bien votre choix du mot « chantage »… Ils font certainement du chantage… je ne sais pas très bien sur quoi, peut-être au sujet de la Mer de Chine du Sud, des problèmes qu'ils ont dans cette région… La Chine – et d’autres – devrait jouer un plus grand rôle dans les DTS, cela ne fait aucun doute, et il est temps. Car cela fait partie des déséquilibres dont je parlais plus tôt. Mais vous avez les États-Unis et le « cartel » des devises, avec le Royaume-Uni, qui repoussent l’échéance, car cela donnerait une alternative aux devises dominantes. Donc, cela n’est pas dans leur intérêt… mais qu’importe, cela doit arriver, car l’Asie, la Chine occupent une place tellement dominante dans le commerce mondial. Christine Lagarde l’a bien compris… elle connaît le FMI, et elle sait que cela doit arriver. La question est de savoir quand. Et, surtout, il faut continuer à augmenter le crédit, elle le sait, le crédit implose. Et elle voit aussi la création de l’Asian Industrial Investment Bank, avec ses 54 000 milliards $... tout cet argent qui va prendre cette direction… elle sait que c’est inévitable. Alors, elle doit veiller à ce que cela arrive, mais c’est tellement risqué… Je crois que cela peut engendrer une crise… cela prendra un peu plus de temps, mais, avec une crise, cela sera perçu comme une solution, un processus d’ajustement… Peut-être traînent-ils les pieds parce qu’ils savent qu’une crise se profile, qui sait ? Ils montent un écran de fumée… bien sûr, c’est de la spéculation de ma part. Mais cela arrivera.

 

Dan Popescu : Et bien, Gordon…

 

Gordon T. Long : et cela sera partiellement adossé à l’or. Cela inclura de l’or… c’est pourquoi je pense que la Chine possède plus de 8 200 tonnes… ils possèdent certainement au-delà de 5 000 tonnes. Ils accumulent environ plus de 1 800 tonnes par an, au minimum… Et ils font cela pour montrer que leur devise peut être, en partie, adossée sur l’or. Je ne dis pas complètement adossée sur l’or, mais au moins partiellement. Pour montrer de la force. En faisant cela et avec le Yuan inclus dans le panier de devises des DTS, cela créerait de la stabilité. En temps de crise, la stabilité est ce dont les marchés mondiaux ont besoin. Alors, les États-Unis et le « cartel » des devises, comme je les appelle, pourraient décider que cela serait le moins pire des maux, en ce moment… Çela a-t-il du sens pour vous, Dan ?

 

Dan Popescu : Oui, bien sûr. Et bien, j’aurais aimé continuer à vous interviewer. Vous êtes fascinant. Je recommande fortement aux gens de consulter votre site, Gordontlong.com. C’est malheureusement tout le temps dont je dispose, alors, au nom de Goldbroker.com, je veux vous remercier d’avoir accepté notre invitation. C’était un grand plaisir de vous avoir avec nous.

 

Gordon T. Long : Merci de m’avoir invité… et merci de m’avoir laissé spéculer !

 

Dan Popescu : Au revoir !

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