Nouvelle alerte concernant les banques, et cette fois c’est un organisme de régulation qui s'inquiète de leur capacité à résister à une prochaine crise. Il s'agit du Conseil de stabilité financière (FSB, Financial Stability Board), l'organisme du G20 en charge de la régulation financière. Le FSB se focalise sur les banques mondiales les plus importantes, les "too big to fail", c'est-à-dire celles que les États seraient obligés de secourir en cas de difficultés compte tenu du risque qu’elles représenteraient pour l’ensemble de l’économie.
Le FSB désigne 30 grands groupes bancaires dont la faillite représenterait un risque systémique pour l'économie mondiale, parmi lesquels HSBC, JPMorgan, Deutsche Bank, BNP Paribas ou Agricultural Bank of China. Il suggère que ces banques mettent en réserve l'équivalent de 16 à 20% de leurs actifs pondérés en fonction des risques.
Deux éléments sont à noter : d'abord cette exigence de fonds propres dépasse largement la réglementation actuelle de Bâle 3, ce qui veut dite que le FSB n'accorde aucune crédibilité au principal organisme chargé de veiller à la solidité des banques dans le monde. Deuxièmement, le FSB n'accorde aucune valeur aux stress-tests que la Banque Centrale Européenne (BCE) vient de faire passer aux banques européennes et qui accordent un satisfecit à toutes les grandes banques de la zone euro. Ces stress-tests, il est vrai, ont complètement fait l'impasse sur le risque systémique et se sont contentés de mettre à l'index des banques de second rang en Grèce, en Italie ou au Portugal. Le FSB considère que Bâle et la BCE ne font pas correctement leur travail. Va-t-il falloir réguler les organismes de régulation ? Il le semble en effet !
Le FSB a présenté ses conclusions quelques jours avant la réunion des chefs d'État et de gouvernement du G20 à Brisbane (Australie). Il espère en faire adopter les principes lors du sommet du G20 qui se tiendra en 2015 en Turquie et table sur une application à horizon 2019.
Selon l'agence de notation Scope, si le FSB retient son hypothèse la plus sévère (20% des actifs pondérés en réserve), il manquerait à BNP Paribas 25,5 milliards d'euros de fonds propres et à l'espagnol Santander 17,6 milliards d'euros. Voilà qui en dit long sur la fragilité de ces banques.
Les quatre principales banques françaises font partie de cette liste (BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale, BPCE) et la réponse de la Fédération bancaire française à cette annonce du FSB vaut le détour : "Le dispositif envisagé par le FSB est redondant avec des mesures qui ont déjà été prises en Europe pour renforcer la capacité des banques à faire face à des difficultés, notamment la directive européenne relative à la prévention des crises bancaires et la création du fonds de résolution unique européen préfinancé" (Le Figaro du 10/11/2014). Précisément, la "directive européenne relative à la prévention des crises bancaires" prévoit, en cas de crise, de ponctionner directement les comptes des déposants, comme nous l'avons expliqué. Conclusion : ce n'est pas la peine d'augmenter les fonds propres puisque nous pourrons puiser dans les comptes bancaires ! Voilà qui devrait rassurer tous les épargnants, français et européens.
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