Nous avons déjà indiqué le danger que représentent les taux d’intérêts à zéro ou presque en février dernier (L’aplatissement de la courbe des taux, une menace pour les banques et les assureurs). Tout le secteur financier souffre, son métier de base, sa fonction d’intermédiation et de transformation, tourne à vide : avec une courbe des taux plate, il s’avère impossible de rémunérer correctement l’épargne et de prêter aux entreprises à des taux suffisamment profitables. Les revenus chutent. Les grandes banques peuvent s’en tirer en spéculant sur les marchés, avec d’énormes risques cependant, les assureurs n’ont pas cette possibilité (tant mieux).
A l’occasion de la parution de son rapport semestriel sur la stabilité financière, le 15 avril, le Fonds Monétaire International (FMI) a exprimé ses inquiétudes. Les taux bas pénalisent les investisseurs de long terme que sont les compagnies d’assurance européennes et, selon l’institution, le quart d’entre elles seraient incapables de respecter les ratios de solvabilité. Le risque de faillite surgit à travers ces annonces. Cette menace constitue une "source potentielle de déstabilisation" du système financier dans son ensemble avertit le FMI.
Que faire ? Le FMI propose tout simplement de modifier la loi pour diminuer les primes d’assurance versées aux assurés ! La plupart des produits distribués en Europe sont à taux garantis (l’assureur s’engage à un rendement minimal), ce qui représente une contrainte financière désormais trop forte pour les sociétés d’assurance. Pas grave, il suffit de changer la réglementation pour casser cet engagement. Les épargnants seront floués, ils ne toucheront quasiment plus rien, mais on leur expliquera que c’est pour leur bien, pour sauver leur capital. Dans la prose FMI, ça donne ça : "Les problèmes des assureurs-vie doivent être corrigés sans tarder. Les instances réglementaires doivent réévaluer la viabilité des produits garantis et aligner les garanties de rendement minimum offertes aux assurés sur les tendances séculaires des primes d'assurance"
Concernant les banques européennes, le FMI rappelle qu’elles détiennent plus de 900 milliards d’euros de créances douteuses, un montant gigantesque, du niveau de leurs fonds propres, ou quasiment le montant du QE de la BCE, ce qui est une autre façon de voir les choses, et cela ne manque pas d’inquiéter (nous en avions parlé ici).
Pour l’épargnant européen, c’est la double peine : les placements dans les banques et les assurances vont voir leur rendement tendre vers zéro et, dans le même temps, le risque systémique augmente ("les risques sur le système financier mondial se sont accrus depuis octobre 2014" pour le FMI), ce qui fait peser une incertitude sur le capital lui-même.
Que faire ? Reposons la question. Pendant longtemps le milieu de la finance s’est moqué de l’or sur le thème : mais enfin, ça ne rapporte pas d’intérêts ! C’est le moment de prendre sa revanche, non ? L’or constitue la meilleure garantie pour préserver un capital ("l’or ne fait pas faillite" dit la formule, qui peut en dire autant ?), et son cours ne manquera pas d’être favorablement impacté au fur et à mesure que les dégâts du taux zéro se répandront dans le monde financier.
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