Le paysage de l’économie européenne est maussade, la zone euro a vu son PIB reculer de 0,2% au premier trimestre et l’OCDE a abaissé ses prévisions pour l’année 2013 et prévoit une récession de 0,6%. L’OCDE et les gouvernements entrevoient un retour à un taux positif, de l’ordre de 1%, pour 2014, rien de plus. L’Europe semble s’être arrêtée.
Trois constats viennent assombrir ce piètre résultat :
1) Tous les pays sont concernés par cette stagnation, même l’Allemagne (+0,1% au premier trimestre), même les pays vertueux comme l’Autriche, la Finlande et les Pays-Bas (respectivement 0, -0,1 et -0,1). Le sud de l’Europe souffre, mais le nord ne contrebalance pas.
2) Les responsables au niveau des gouvernements et de l’Union européenne ne savent pas vraiment pourquoi l’Europe s’enfonce dans cette langueur économique. Ils dénoncent "l’austérité" et en concluent immédiatement qu’il ne faut pas trop toucher aux dépenses publiques, s’épargnant ainsi toute réforme structurelle sérieuse.
3) Il n’existe aucune perspective claire de reprise, hormis la croyance qu’une fois la crise terminée la croissance reviendra, et qu’il suffit juste d’attendre. La France représente l’archétype de ce comportement qui mêle aveuglement et crédulité.
Alors on fait quoi, face au chômage qui monte, à la dette qui s’accumule et aux déficits qui persistent ? On attend et on recolle les morceaux avec la planche à billets. Le pire c’est que l’OCDE encourage ce laxisme monétaire, l’institution internationale a en effet déclaré le 29 mai : "De nouvelles mesures non conventionnelles pourraient être nécessaires pour améliorer la transmission de la politique monétaire. En particulier, de nouveaux achats d'actifs pourraient être envisagés." Il faut que la BCE achète encore plus d’actifs de qualité douteuse !
La croissance n’est pas uniquement une question économique, il faut une ambition, or quelle est celle de l’Europe aujourd’hui ? On se rappelle qu’en 2000 l’Union européenne avait lancé la "stratégie de Lisbonne" dont l’objectif était de faire de l’Europe "l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d'ici à 2010, capable d’une croissance économique durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi". Il faut toujours se méfier de ces grands programmes étatiques, mais au moins y avait-il une volonté. Une telle proclamation ferait sourire aujourd’hui. Quelle est l’ambition des jeunes diplômés aujourd’hui ? Pour ceux de la France et des pays du sud, partir à l’étranger, ou devenir fonctionnaire.
L’absence de croissance en Europe ressemble à une démission, une démission face au poids de l’Etat qui semble impossible à faire diminuer, une démission face aux politique monétaires laxistes, une démission face aux enjeux de la mondialisation et à la concurrence internationale que peu de pays affrontent sérieusement. Dans un tel contexte, la croissance zéro constitue notre horizon.
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