Il n’y a pas que la Grèce qui connaît des problèmes de dette, selon le cabinet McKinsey, le monde entier souffre d’endettement excessif ! Son étude Debt and (not much) deleveraging prend en compte la dette globale, celle des Etats, des entreprises, du secteur financier, des ménages, et elle atteint désormais les 200.000 milliards de dollars, soit 286% du PIB mondial. Le pire est qu’elle a augmenté depuis la crise de 2008, de 57.000 milliards de dollars ou de 17% du PIB (269% en 2007). Une crise de la dette – la crise des subprimes – a été réglée, ou plus exactement déplacée, par encore plus de dette…
Selon les analystes de McKinsey, l’endettement "va continuer à croître dans de nombreux pays, au vu des fondamentaux économiques actuels" et "plutôt que de réduire leur dette, toutes les principales économies empruntent aujourd'hui davantage par rapport à leur PIB qu'en 2007". L’addiction à la dette est généralisée, nous n’arrivons plus à en sortir et cela "amène de nouveaux risques pour la stabilité financière et pourrait saper la croissance mondiale".
C’est le plus souvent l’Etat qui concourt en priorité à l’augmentation de la dette : dans les pays développés, les ménages et les entreprises ont adopté un comportement vertueux et sont parvenus à faire légèrement baisser leur niveau d’endettement ; les gouvernements, au contraire, ont fait exploser le leur. Pour McKinsey, six grands pays développés vont voir leur stock de dette continuer à augmenter plus rapidement que leur PIB : l'Espagne, le Japon, le Portugal, la France, l'Italie et le Royaume-Uni. La Chine, elle, voit surtout grimper la dette de ses entreprises (notamment grâce au shadow banking) qui atteint 125% du PIB, soit "un des niveaux de dette entrepreneuriale les plus élevés du monde". Globalement, "à 282% du PIB, l'endettement de la Chine est gérable, mais supérieur à celui des Etats-Unis ou de l'Allemagne".
En somme, nous n’avons pas tiré les leçons de la crise de 2008, les risques concernant la "stabilité financière" demeurent et nous risquons de nous précipiter dans une prochaine crise. L’étude déplore l’absence de solution et note que le procédé habituel d’élimination des dettes – l’inflation – n’est pas envisageable. Il y en aurait bien une, elle consiste à abandonner la logique keynésienne et à réformer en profondeur l’Etat pour diminuer sa taille, ses dépenses et sa fiscalité étouffante. Pouvons attendre cela de nos responsables politiques en Europe, au Japon et aux Etats-Unis ? C’est peu probable. Il restera alors un remède en cas de prochaine crise, que n’évoque pas McKinsey, bien à tort : la ponction des comptes bancaires des particuliers, nous en avons déjà parlé. L’effacement des dettes se fera au prix de l’épargne des classes moyennes.
Dans ce cadre, la meilleure protection pour notre épargne nous la connaissons, c’est l’or bien entendu. L’or physique ne figure pas dans l’épargne financière comme l’assurance-vie, que la banque et l’Etat peuvent facilement capter, il s’agit d’un actif réel, comme un appartement ou un tableau, mais bien plus liquide évidemment, plus universel, plus mobile, auquel chacun se raccroche par gros temps. Voici la petite information qui manque à cette très complète étude McKinsey, mais il est vrai que cette prestigieuse société de conseil ne pouvait pas se fâcher avec ses principaux clients.
> Pour information, je sors aujourd’hui mon nouveau livre : La Fin des banques ?
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