Jerome Powell a pris les rênes de la Réserve fédérale américaine aujourd’hui, en promettant la continuité et la transparence de la banque centrale, dans le sillage d'une économie aux performances relativement solides.
"Je suis humblement honoré par cette opportunité de servir le peuple américain. Alors que j'entame mon mandat, je tiens à souligner mon engagement à expliquer ce que nous faisons et pourquoi nous le faisons", a déclaré M. Powell.
Le 16e président de la Fed a insisté sur "la tradition non-partisane" de la banque centrale pour "prendre des décisions objectives basées sur les meilleurs faits disponibles".
Après avoir prêté serment, il a souligné que les politiques monétaires, sous sa gouverne, soutiendraient "la poursuite de la croissance, un marché de l'emploi sain et la stabilité des prix", mais qu'il "restera vigilant et prêt à répondre aux risques". La dernière semaine du mandat de Janet Yellen nous a fourni quelques exemples notables de risques, comme nous verrons ci-dessous.
Le prix de l’or a bondi de 5 $ l’once, ce matin, tandis que les bourses mondiales ont chuté pour la cinquième fois en six jours. Le Federal Open Market Committee (FOMC) prévoit une hausse de taux d'intérêt pour le mois prochain, ainsi que deux autres au cours de l'année 2018. Bien que M. Powell ait assuré qu'il poursuivrait la politique monétaire prudente de relèvement progressif des taux mise en place par Janet Yellen, il se peut que les développements à Washington ne lui en laissent pas le luxe.
Le Trésor américain en difficulté
Des documents publiés par le Trésor américain le 31 janvier 2018 montrent que le gouvernement fédéral compte emprunter 955 milliards de dollars au cours de l'exercice financier 2018, un niveau record depuis 2012, et environ 45% de plus que l'année dernière, soit le bond annuel le plus élevé depuis près de 40 ans. Le Trésor prévoit aussi d'emprunter plus de 1 000 milliards $ en 2019 et 1 100 milliards $ en 2020. De son côté, le Congressional Budget Office estime que les recettes fiscales seront plus faibles cette année, à cause des réductions d'impôts massives de l'administration Trump.
La Maison-Blanche prétend que les coupes d'impôts, combinées à son plan d’investissements de 1 000 milliards $ dans les infrastructures, compenseront largement les baisses de revenus, grâce à l’activité économique. Mais il vaut la peine de souligner que les emprunts déjà pris en compte par le Trésor n’incluent pas le plan d’infrastructure, dont les modalités restent encore floues, ou toutes dépenses supplémentaires pour l’armée, l’aide aux sinistrés, ou tout autre programme local. L'explosion des niveaux d'endettement et de déficit sont en partie responsables de la chute des marchés boursiers, les investisseurs craignant que l'inflation s'accélère brutalement.
Surveillons Powell… et Trump
On a beaucoup évoqué la volonté de M. Powell, en tant que "Yellen républicain", de maintenir le cap établi par son prédécesseur, dont le mandat a été considéré comme une réussite, avec notamment cinq hausses modestes de taux d’intérêt. Mais certains analystes pensent que les pressions inflationnistes provoquées par le niveau titanesque des emprunts d'État pourraient l'obliger à augmenter les taux plus rapidement que prévu, freinant ainsi la reprise économique. D’un autre côté, le but avoué du président Trump, qui a brisé la tradition en remplaçant la présidente de la Fed au lieu de renouveler son mandat pour un second terme, était de "laisser sa marque". Comme on a pu le voir avec d’autres institutions publiques traditionnellement indépendantes de toute influence politique, M. Trump ne se gêne pas pour faire connaître ses volontés, et il s’attend à ce qu’on lui obéisse. La voie à suivre est tout, sauf prévisible.
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