Ce ne sont que des indicateurs trimestriels, ceux de la croissance des grands pays industrialisés pour les trois premiers mois de l’année 2014, et ils peuvent être contredits par les prochains qui seront publiés, mais tout de même, ils ne manquent pas d’inquiéter. D’abord parce qu’ils confirment presque tous une tendance au ralentissement, mais surtout par leur concomitance : +0,1% seulement aux Etats-Unis, +0,2% dans la zone euro, et un chiffre en baisse en Chine (+7,4%) qui demeure élevé, mais dont chacun sait qu’il est gonflé (la réalité est sans doute à diviser par deux).
Regardons la zone euro : elle est en fait à zéro si on enlève l’Allemagne, qui atteint +0,8%. Mais ce chiffre est en trompe-l’œil : les instituts économiques allemands et la Buba s’attendent à un net ralentissement pour les trimestres à venir parce que les exportations décélèrent ; c’est seulement la consommation intérieure qui explique cette croissance, mais elle ne pourra pas se maintenir à ce rythme. Et les exportations refluent, notamment parce que leur premier débouché – les autres pays de la zone euro – sont soit en stagnation, soit en récession (0% pour la France, -0,1% pour l’Italie, -0,7% pour le Portugal). Seule exception avec l’Espagne, qui affiche un timide +0,4%.
Plus inquiétant, surprenant pour tout dire, les Pays-Bas sont en récession de 1,4% sur ce premier trimestre 2014 ! Ce pays dynamique, à la productivité élevée, très ouvert sur l’international, affiche un recul de son PIB (comme la Finlande d’ailleurs, au profil comparable, à -0,4%). Cela ressemble sacrément à un indicateur avancé d’une contraction économique mondiale…
Seule exception dans ce sombre tableau, le Japon qui affiche +1,5% de croissance au premier trimestre, en progression sur les précédents. Une performance factice, bien entendu, achetée à coup de déficit budgétaire et de planche à billets, pour un pays qui a déjà dépassé depuis longtemps les bornes du sens commun avec une dette publique de 250% du PIB. C’est surtout une fuite en avant qui risque de très mal se terminer. En attendant, c’est une tournée de saké pour tout le monde.
Cet effondrement simultané de la croissance, qui était déjà faiblarde auparavant, ne manque pas d’inquiéter. Et, répétons-le, la menace de la déflation, qui obsède tant les médias et les "économistes", n’est ici qu’un symptôme et certainement pas une cause. Les raisons sont à la fois plus profondes et plus évidentes : nous ne sommes jamais sortis de la crise de 2007-2008 ; nous avons simplement acheté du temps avec de la dette et des QE.
Il y a toujours un bruit de fond médiatique, savamment entretenu, proclamant des prévisions de croissance optimistes, mais ce sont bien les résultats réels qu’il faut observer, et ils ne sont pas bons du tout. Il faudra attendre les chiffres du deuxième trimestre pour confirmer ou infirmer cette tendance ; un rebond technique peut intervenir, mais cette chute de la croissance semble annoncer quelque chose d’inquiétant. Si même les gouvernements et les banques centrales ne parviennent plus à faire illusion, la situation est grave.
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